Chapitre 14 - Partie 1

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Charlie avait parcouru tous les livres qu'il avait empruntés à son père sans trouver d'informations complémentaires concernant l'accès au livre de l'équité. Il aurait pu aller chez lui et en prendre de nouveaux mais il ne se voilait pas la face, lire tous les bouquins de la maison de son enfance lui prendrait une éternité et il ne disposait pas d'autant de temps. La seule chose qui lui restait à faire était de demander de l'aide à son père, mais il devrait la jouer finement afin de le convaincre. Il rangea tous les livres dans un sac et se dirigea à pieds vers le centre-ville pour prendre le bus qui le conduirait jusque chez son ascendant. Le trajet lui permit de réfléchir. Tout en regardant le paysage défiler par la fenêtre, il établit un plan afin de pouvoir au moins entrer dans la maison. Pour le reste, l'improvisation paraissait une option plutôt convaincante. Une fois arrivé devant la maison de monsieur Monet, il prit conscience de son laisser aller. Portail ouvert, on entendait même le grincement sinistre de la porte qui brinquebalait à chaque souffle du vent. Charlie se promit qu'à sa prochaine visite, il rapporterait de quoi graisser les jointures. Le chemin menant à la maison avait disparu, enseveli sous les récentes averses de neige. Chaque pas que faisait Charlie laissait une empreinte bien distincte dans la neige encore vierge de tout passage. Les marches du perron craquèrent lorsqu'il passa dessus et une fois devant la porte, il sembla hésiter à frapper. Il enfonça un peu plus son bonnet sur sa tête et frotta ses mains gantées l'une contre l'autre. Une façon de se donner du courage en quelque sorte. Puis, après un ultime soupir laissant échapper une brume blanche glaciale, il toqua. Il ne fut pas surpris de devoir attendre deux bonnes minutes avant que la porte ne s'ouvre. La maison s'étendait sur pas loin de trois-cents mètres carrés et la traverser demandait un certain temps. Le visage de monsieur Monet apparut finalement dans l'embrasure.

- Que veux-tu ? Ronchonna-t-il.

Il avait ouvert la porte : bon début !

- Te parler et aussi te ramener ceci, répondit le fils en lui montrant son sac.

- Qu'est-ce que c'est ? Se méfia l'homme, sourcils froncés.

- Les quelques livres que je t'ai empruntés.

Le teint terne du vieux monsieur vira au cramoisi.

- Les livres que tu... commença-t-il avant de comprendre ce que venait réellement de dire son visiteur. C'était donc toi, poursuivit-il en lui lançant un regard noir de colère.

- Qui d'autre ? Rétorqua Charlie, un immense sourire de fierté sur les lèvres.

Monsieur Monet tendit le bras vers l'extérieur avec la ferme intention de se saisir du sac mais son fils le retira hors de portée. Il se doutait que son père refuserait de mettre le nez dehors et comptait bien garder les livres en otage jusqu'à ce qu'il ait pu rentrer dans la maison.

- Alors ? Tu me payes un café ?

Le propriétaire grogna. Il n'appréciait pas le chantage, mais il tenait sincèrement à récupérer ses précieux ouvrages. Ouvrant la porte en grand, il invita donc son fils à entrer, sans pour autant lui accorder le moindre regard. Ses livres, rien n'importait plus en cet instant. Habitué à ce genre d'attitude, Charlie ressentait malgré tout un pincement au cœur. Ces vieux bouquins valaient mieux que son propre enfant à ces yeux...

- Merci, dit Charlie qui gardait la tête haute.

Il se dirigea de suite vers la droite et arriva dans le salon. Rien n'avait réellement changé depuis son enfance. Il s'installa sur l'un des fauteuils en velours bleu roi assorti au canapé. Mettre les pieds sur la vieille table basse en bois verni datant des années 1800 le tentait terriblement mais il se retint. Pour obtenir des renseignements de la part de son père, il devait absolument éviter de le mettre en rogne.

Le Livre de ThémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant