Chapitre 24 - Partie 1

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Un terrible mal de tête tira Alice du profond sommeil dans lequel elle avait sombré, comme si les mains d'un géant comprimaient sa boîte crânienne tandis que son cerveau, lui chercher à se dérober. Instinctivement, elle porta ses mains de chaque côté de sa tête dans une tentative désespérée de contenir cette douleur atroce sans obtenir de résultat. Un antalgique, il lui fallait absolument un antalgique. La jeune femme bascula sur son côté gauche et sentit immédiatement la bile lui monter à la bouche. Elle s'immobilisa. Son mal de tête occupait tellement son attention que les nausées étaient passées inaperçues... Jusqu'à maintenant... Même le frottement des draps sur sa peau lui procurait des sensations désagréables. Comme s'ils étaient trop rêches. Ou sa peau trop sèche. Ou les deux à la fois. La jeune femme prit un peu de temps pour inspirer profondément, tentant de soulager un minimum ses symptômes avant d'envisager de se lever. Quand elle se sentit en capacité de se redresser sans déverser le contenu de son estomac sur le parquet, elle s'assit prudemment au bord du lit. Un vertige l'envahit mais elle parvint à le maîtriser suffisamment pour ne pas avoir à se rallonger. Elle se sentait comme un lendemain de fête trop arrosé mais en mille fois pire ! Qu'avait-elle donc fait pour être dans un état aussi lamentable ? Une fois son malaise passé, elle tenta d'ouvrir les yeux en espérant de tout cœur que son mal de tête n'en subirait pas les frais. Ses paupières restaient lourdes et les soulever relevait du défi mais elle tint bon. Les volets de sa chambre, fermés, ne laissaient passer aucune lumière de l'extérieur. Quelle heure pouvait-il bien être ? Alice tourna lentement la tête vers son réveil numérique et découvrit avec surprise qu'il n'était que 22h30. Elle essaya de se souvenir de ce qui avait pu se passer avant qu'elle n'aille se coucher mais sa mémoire lui faisait défaut. Les voix, les visages, les lieux restaient flous dans son esprit. Une seule chose lui revint à l'esprit : Charlie qui s'excusait. Mais de quoi ? Impossible de le déterminer. De sa main droite, elle tâtonna le lit à la recherche du corps de son amant mais les draps étaient froids, comme s'il n'y avait pas mis les pieds. Est-ce qu'ils s'étaient disputés ? Avait-il été dormir dans la chambre de ses parents ? Ou demander à son père de l'héberger ? Elle avait espéré qu'il lui puisse apporter de la lumière sur son trou de mémoire mais visiblement, elle devrait se débrouiller seule. Péniblement, elle prit appui sur ses pieds, poussa aussi fort qu'elle le pouvait sur ses jambes flageolantes et se redressa. Après avoir vérifié qu'elle disposait d'un équilibre suffisant pour se déplacer, elle se dirigea vers la salle de bain. Son reflet dans le miroir lui fit de la peine, elle avait le teint verdâtre, ses cheveux blonds emmêlés ne savaient plus où se trouvait le haut et le bas, et des cernes de raton laveur maquillaient le dessous de ses yeux gonflés et rougis. Alice soupira lourdement en ouvrant l'armoire à pharmacie dissimulée derrière le miroir. Elle chercha maladroitement les antalgiques et fit tomber quelques boites au sol avant de finalement tomber sur la bonne. La jeune femme en sortit deux gélules rouge et blanche qu'elle mit directement dans sa bouche avant de se pencher vers le robinet pour boire directement à la source. Ce simple mouvement majora les martèlements de son crâne. Elle se redressa aussi vite que possible en se tenant à nouveau la tête. Vivement que les médicaments fassent leur petit miracle ! pensa-t-elle. Elle jeta un coup d'œil vers les boites tombées au sol.

- Je m'occuperai de vous plus tard, marmonna-t-elle.

Elle se dirigea ensuite vers l'ancienne chambre de ses parents en espérant y trouver Charlie mais le lit était vide. Elle envisagea qu'il puisse être dans le salon en train de regarder la télé mais elle n'entendait pas le moindre bruit. Un silence glacial et troublant régnait dans la maison. Elle se rendit tout de même à l'étage inférieur, ses chevilles craquant à chacun de ses pas mais elle ne découvrit rien mis à part sa propre solitude. La veste de Charlie ne se trouvait pas dans l'entrée, ce qui lui confirma son absence. Mais où pouvait-il bien être ? Elle retourna à l'étage et se stoppa devant la chambre d'Adam afin de vérifier qu'il dormait bien. Quand elle ouvrit la porte, elle ne vit pas le petit corps de ce dernier dissimulé sous la couette. Le lit parfaitement fait, indiquait clairement qu'il n'y avait pas mis les pieds... Les garçons avaient-ils décidé d'une nouvelle sortie juste tous les deux ? La panique commençait à la gagner. Son trou de mémoire l'effrayait de plus en plus. Comment pouvait-elle oublier où se trouvait son frère ? D'un pas rapide mais toujours incertain, elle se précipita vers sa chambre afin de récupérer son téléphone. Elle allait appeler Charlie, il lui fournirait une explication tout à fait plausible à sa perte de souvenirs et à leur absence à son frère et lui. Malheureusement, aucune sonnerie ne retentit et son appel fut directement renvoyé vers le répondeur. En plus d'avoir peur, la jeune femme commença à s'énerver ! Quel intérêt d'avoir un portable si c'était pour le laisser éteint ? Une lueur d'éclat vint soudainement éclairer ses détresse : ses messages, peut-être y trouvait-elle des indices sur sa situation actuelle. Elle découvrit un message non lu en provenance de Luca lui souhaitant de passer une bonne soirée avec ses amies et la rassurant sur le comportement d'Adam. Alice poussa un soupir de soulagement. Au moins maintenant, elle savait où se trouvait son frère. En revanche, elle ne comprenait pas grand-chose à cette histoire de soirée entre amies. Visiblement, elle ne se trouvait pas en soirée, et elle avait du mal à imaginer avec qui elle aurait pu aller faire la fête. Est-ce qu'elle aurait pu mentir à son collègue ? Probablement, après tout, elle passait pas mal de son temps à lui raconter des histoires folles pour lui cacher certaines vérités. La question était donc, pourquoi lui avait-elle demandé de garder son frère, et pourquoi avait-elle menti à propos de sa soirée ? Elle regarda ses anciens messages en espérant y trouver des réponses et ouvrit celui d'un numéro qu'elle n'avait pas enregistré dans son répertoire. Celui-ci lui annonçait que sa réservation pour la salle paroissiale en date du 23 mars à 15h avait bien été prise en compte et qu'elle devrait restituer les clés le lendemain à 11h dernier délais.

Le Livre de ThémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant