Chapitre 23 - Partie 2

1 0 0
                                    

Lorsqu'elle sortit de l'immeuble pour se rendre à la salle paroissiale, elle tâcha d'orienter ses pensées vers autre chose que ce qui venait de se passer avec Luca. Elle ne pouvait d'ailleurs pas se voiler la face, il ne l'avait pas laissé indifférente. Suffisait-il qu'un mec sorte les muscles pour que les femmes leur tombent dans les bras ou était-elle la seule à se comporter ainsi ? Enfin, elle ne lui était pas vraiment tombée dans les bras, elle avait juste profité visuellement du spectacle que son torse nu lui offrait. Rien de mal en somme ! Alors pourquoi se sentait-elle si mal à l'aise ? La jeune femme ronchonna après son esprit qui refusait de lui offrir la paix. Ne s'était-elle pas dit quelques secondes plus tôt qu'elle devait penser à autre chose ? Tout en marchant, elle se mit alors à réfléchir à la suite de sa journée. Elle savoura le calme de la ville et ressentait avec un réel plaisir les doux rayons du soleil de mars qui venaient lui caresser le visage. Au loin résonnaient les cris des enfants de la garderie s'amusant dans la cour sans se douter que ce soir leur avenir pouvait basculer. Peut-être même l'avenir du monde. Alice ne s'était pas vraiment demandée à quelle échelle les éléments de la soirée allaient étendre leur influence. Elle se demanda alors ce que monsieur Monet avait prévu pour leur défense. Improviser ne lui ressemblait pas, de même que de laisser la chance faire le travail à sa place : alors, comment espérait-il stopper Yann ? C'est à ce moment qu'elle prit conscience que stopper Yann signifiait le tuer. Ainsi que probablement tous ceux qui l'accompagneraient dans sa folie destructrice. Serait-elle capable de donner la mort cette fois-ci ? Cette question lui retourna l'estomac. Elle avait oublié l'éventualité qu'elle doive en arriver là. En passant devant le parc où avait été assassiné madame Mira la veille, un frisson de dégoût la parcouru. Oui, elle en serait capable, elle ne laisserait plus ce genre de choses arriver par crainte de la culpabilité qu'elle pourrait ressentir par la suite. Elle savait aussi que si Charlie se trouverait en danger, elle serait prête à s'interposer pour le protéger. Cette pensée l'effraya autant qu'elle la satisfaisait, la confortant dans ses sentiments vis-à-vis de cet homme mais surtout la rassurant concernant Luca et son torse de demi-dieu. Puis, finalement, la salle paroissiale apparut sous ses yeux. Ce n'était pas une très grande bâtisse mais elle suffisait généralement à accueillir les mariages, baptêmes et soirées dansantes. Ce soir, elle serait le théâtre d'évènements bien plus sinistres... La jeune femme passa par la porte à double battants et se retrouva dans le vestibule. Cette salle n'avait aucun secret pour elle. Elle s'y rendait depuis sa plus tendre enfance. Le couloir sur sa gauche donnait sur les toilettes, d'abord ceux des dames, puis ceux des messieurs, et quand elle aurait passé la porte devant elle, elle trouverait à sa droite un vestiaire et un peu plus loin le bar. Encore après ce dernier, il y avait une petite estrade accueillant généralement les orchestres musettes ou les présentateurs de loto de différents clubs de la ville. Sur le mur du fond étaient entassés tables et chaises tandis que la porte sur la gauche donnait sur des cuisines bien plus modernes que le reste de la salle qui n'avait pas dû être rénovée depuis des dizaines d'années. Il y avait d'ailleurs encore accrochés aux murs de vieux puzzles représentant des paysages de montagnes.

Une fois la porte passée, elle aperçut Charlie et son père en compagnie de cinq autres personnes toutes aussi âgés que monsieur Monet. Comptaient-ils réellement affronter la horde de sorciers qui s'apprêtait à déferler sur eux à huit ? Elle se racla la gorge pour signaler sa présence. Le patriarche la salua d'un mouvement de tête avant de reprendre sa conversation avec ses semblables tandis que Charlie fit la moitié du chemin pour la rejoindre.

- N'êtes-vous pas plus nombreux ? s'alarma-t-elle dans un murmure auprès de ce dernier.

- Pas pour le moment mais les autres ne devraient plus tarder à arriver. Les aînés en profitent pour établir un plan solide, comme ils disent ! Ils se prennent très au sérieux dans leur rôle de meneur, ajouta-t-il avec un clin d'œil complice.

Le Livre de ThémisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant