- Ouah, ça ne doit pas être sympa l'ambiance à la maison, reprit Charlie.
- Mêlez-vous de ce qui vous regarde monsieur Gordon ! Je n'accepterais aucun commentaire de votre part !
- D'accord d'accord, mais faudrait tout de même apprendre à te détendre Alice, un jour, il va finir par se casser le môme si tu continues à le cadrer de cette façon, ajouta l'homme.
- Parce qu'en plus d'être jardinier, vous êtes aussi éducateur de jeunes enfants ? Si vous faites l'un aussi bien que l'autre, permettez-moi de sérieusement douter de vos compétences....
- Ouai... admit-il sans rien ajouter de plus à ce sujet.
En même temps, que pouvait-il ajouter de plus ? Il se mêlait de choses qui ne le regardait pas et ne récoltait donc que ce qu'il méritait.
- Maintenant pourrions-nous en revenir à ce qui m'a fait quitter mon travail plus tôt que prévu, enchaîna Alice, que faites-vous ici monsieur Gordon ? Et surtout, que voulez-vous à mon frère ?
- Je souhaitais uniquement qu'il m'explique avec un peu plus de détails ce qu'il avait pu voir chez monsieur Monet, répondit-il avec sérieux.
- Je croyais avoir déjà répondu à cette question ! s'énerva Alice. Et puis de quoi vous mêlez-vous ? Mener une enquête fait-il partie des prérogatives de votre travail de jardinier ?
- Je voulais juste entendre la version d'Adam, se défendit l'homme, en bien mauvaise posture.
Oubliées son assurance et son arrogance. Finalement, une fois face à ses failles, monsieur Gordon perdait de sa superbe.
- Qu'est-ce que vous voulez ? Pourquoi vous acharnez vous de cette façon sur nous ? l'interrogea la policière.
- Ton frère a vu des choses qu'il n'aurait pas dû voir, marmonna Charlie qui ne voulait pas que n'importe qui les entende, mais Alice interpréta cela comme une forme de menace.
- Et je peux savoir de quoi on parle monsieur Gordon ? grogna la jeune femme sans se laisser écraser. Parce que si vous cachez quoique ce soit d'illégal dans cette maison, je n'hésiterai pas à demander une perquisition et surtout à déposer une plainte contre vous pour harcèlement.
- Ce qu'a vu ton frère doit rester secret s'il ne veut pas vous attirer des problèmes à tous les deux, insista l'homme toujours sur le même ton
- Je rêve ou vous nous faites des menaces ?
- Pas du tout ! Je... Arg ! s'énerva-t-il de ne pas trouver les bons mots pour lui faire comprendre ses intentions. Je ne vous veux aucun mal, je voulais juste lui faire comprendre que ce qu'il a vu n'est pas censée être connu et qu'il doit donc se montrer prudent, tenta-t-il d'expliquer.
Mais il se rendit vite compte qu'il ne faisait que s'enfoncer avec des arguments vaseux et bien trop imprécis pour être pris au sérieux. Alice le dévisageait, rouge de colère, mais elle parvint tout de même à lui adresser quelques mots sans exploser, sur un ton en totale contradiction avec les émotions qui menaçaient de la submerger.
- Je vous préviens monsieur Gordon, je vous interdis de vous approcher de nouveau de mon frère. Et ne vous approchez plus de moi non plus, ordonna-t-elle en retournant à sa voiture.
Elle grimpa dans le véhicule, claqua la portière et démarra sans jeter un seul regard en arrière. Luca ne lui posa pas la moindre question sur la discussion qu'elle venait d'avoir. Il lui suffisait de regarder le teint cramoisi de son amie pour savoir qu'il ne pourrait rien tirer d'elle au vu de l'état de colère dans lequel elle se trouvait actuellement. Il en saurait probablement plus le lendemain au travail : si elle parvenait à se calmer d'ici là... Elle déposa donc Luca au commissariat et rentra ensuite directement chez elle avec son frère. Un silence pesant régnait dans la voiture. On entendait juste un fond de variété française qui retentissait à la radio. Ni Alice, ni Adam n'envisageait de faire le premier pas pour s'adresser à l'autre. L'un par rancœur, l'autre à cause d'une colère qui lui ferait dire des choses qu'elle regretterait certainement par la suite. La jeune femme profita tout de même du temps de trajet pour prendre de grandes inspirations et tenter de se calmer. Après tout, elle était l'aînée, et elle se devait de faire le premier pas. Une fois la voiture garée devant le garage, Alice souffla un grand coup et prit en main ses responsabilités : elle se retourna et s'adressa à son frère.
- Adam, pour ta propre sécurité, je ne veux plus que tu adresses la parole à cet homme. Suis-je assez claire ? demanda-t-elle le plus calmement possible.
Adam ne prit pas la peine de lui répondre. Ni de la regarder d'ailleurs. Il se contenta de sortir silencieusement du véhicule et de claquer la portière avant de se diriger vers la maison. Alice poussa un grognement et sortit à sa suite. Elle tenta de le rattraper mais lorsqu'elle entra à son tour dans la maison, elle entendit la porte de la chambre d'Adam se fermer avec virulence. Elle décida de lâcher prise pour cette fois. Tenter une discussion avec des émotions aussi à vifs que l'étaient les leurs ne semblait pas la meilleure des idées. Elle s'affala alors sur le canapé, découragée par la difficulté d'élever seule un enfant. Les propos de monsieur Gordon lui revenaient en mémoire... Etait-elle réellement trop dure envers son frère ? Pouvait-il être heureux avec elle ? Elle s'interrogeait aussi quant à sa position au sein de la famille : si elle élevait Adam comme le ferait une mère, restait-elle une sœur pour lui ?
Elle ne trouva aucune réponse à ses questions et préféra s'abrutir devant une émission quelconque qui passait à la télévision. Elle ne souhaitait qu'une chose : mettre son esprit en pause.
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Le Livre de Thémis
خارق للطبيعةComment une ville d'apparence aussi banale pouvait-elle renfermer tant de mystères ? La soif d'aventure de son petit frère Adam entraîne Alice, une jeune femme des plus terre à terre dans une aventure fantastique à base d'esprits, de magie et de lég...