Chapitre 48

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Je sors de ma voiture, encore hésitante. Est-ce vraiment une bonne idée ? Peut-être oui, peut-être non... Mais je m'efforce de me rappeler ce que m'a répété Michael tout au long de la semaine : fait ce qu'il te semble t'apporter le moins de regrets, il n'y a rien de pire que de vivre en sachant qu'on n'a pas osé faire quelque chose quand on en avait l'occasion. Au pire si je continue ma route que regretterai-je si ce n'est qu'une possible déception comparé aux regrets de n'avoir rien essayé si je rebroussais chemin ? Ça sans compter la culpabilité et l'impression d'avoir laissé ma mère mourir seule, abandonnée de tous...

Prenant mon courage à deux mains, je parcours les rues à la recherche de l'adresse que m'a indiqué ma mère sur un papier que je relis en boucle. Le quartier est plutôt petit et calme, bien qu'un peu vieux et pas très bien entretenu dans ses ruelles et impasses les plus discrètes. Un ensemble d'immeubles en briques foncés et traversé à chaque étage d'escaliers de secours typique. L'un d'eux porte le numéro que je cherche, et je ne tarde pas à trouver le nom de ma mère, Lacey Jones, sur l'une des boîtes aux lettres dans l'entrée. Je prends l'ascenseur, direction le cinquième étage ou je suis rapidement accueillie par la porte de son immeuble. Soufflant un bon coup, j'ose frapper sur le bois de cette dernière, attendant ce qu'il me semble être une éternité. Je pourrai encore rebrousser chemin et partir en courant, et l'idée est plus que tentante, mais les regrets de ne rien tenter avec ma mère me rattrape aussitôt. Cette dernière ne tarde pas à faire son apparition une fois la porte déverrouillée et ouverte. Je n'arrive toujours pas à me faire à son visage certes fatigué, mais en bien meilleur état que quand j'étais petite à la voir se défoncer. J'ai l'impression de voir une toute autre personne devant moi, une forme d'imposture presque !

-Heather ! Me sourit-elle, l'air étonné. Alors tu es vraiment venue...

-Oui maman. Acquiesçais-je.

-Si tu savais comme ça me fait plaisir que tu sois là. J'en ai eu dû mal à dormir depuis ton appel vendredi dernier !

-J'en suis navrée, je ne voulais pas te troubler ainsi...

-Ce n'est rien, au contraire ! Mais entre donc je te prie, on sera mieux dans le salon pour discute ! Bon, c'est bien plus petit que la maison que nous avions avant... Mais je pense que pour une seule personne cela doit bien faire l'affaire.

Je suis de nouveau surprise en découvrant l'état de l'appartement, agréablement surprise. C'est certes petit avec juste une pièce à vivre faisant aussi office de cuisine, une chambre et une salle de bain, mais oui pour une personne c'est sûrement suffisant. Ce qui me choque le plus est la propreté de l'appartement, sa décoration sobre voir un peu vide, mais bien plus chaleureuse et agréable que notre ancienne maison. On est bien loin de la crasse et des détritus jonchant le sol, des seringues usagée et de cette horrible odeur indescriptible qui hante encore certains de mes cauchemars. Il y a carte une levée odeur de tabac froid, mais je préfère mille fois sentir cela que l'odeur de l'addiction à l'héroïne, celle de la décrépitude qui en résulte dans tout les aspects de la vie quotidienne... Là encore j'ai presque l'impression de rêver et que la personne en face de moi est une comédienne prétendant être ma mère. Et pourtant... Il semblerait que ces années d'incarcération l'aient tellement changé, ou du moins cas la cure de désintox. Quelle dommage que je n'ai jamais pu la connaître ainsi petite...

-Vas y, installe toi donc ! Me sourit-elle. Café ? Boisson ?

-Un café s'il-te-plaît.

-Alors, comment ça va de ton côté ? Ça va ton travail ?

-On peut dire que j'ai beaucoup de chance je crois ! Riais-je nerveusement.

-Ah ça ! Tu aurais dû voir ma tête quand je t'ai reconnu à la télé... Je crois bien que toute la prison m'a entendu !

Hold meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant