Chapitre 9-Un train sifflant, puis plus rien.

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(pour rendre le passage plus intrigant je vous conseille d'écouter la musique "This train won't stop" de Cederik Schoeman pendant la lecture du chapitre. La vidéo est juste au-dessus, et le lien est dans les commentaires)

Alors, changement imprévu de narrateur: une certaine Louane >

       Je fus immédiatement plongée dans la bataille. Depuis près de 3 siècles, personne n'avait pu approcher d'aussi près la maison d'un tyran. Il était tout-puissant mais nous l'avions déstabilisé avec de simples grenades. Après cela, l'affaire fut corsée : je fus plongée dans un tourbillon de fumée, je transpirais, saignais, stressais. Il ne fallait pas que je doute de ma force, me disait toujours mon père. Même avec un cure-dent à la main, je vaincrai Obnut !

       « Louane accroche toi au train ! On va faire le plan 013 ! »me cria-t-on.

        Une ombre vrombissante me passa devant. Dans un éclair de lucidité mêlé de sang je saisis la poignée du train et me positionnai sur le toit du wagon, où mes deux amis m'attendaient déjà avec des lance-roquettes. Youssef m'expliqua en bref les détails de notre mission. Nous avions déjà un plan, à présent on le peaufinait. Il ne fallait pas manquer notre coup. Soudain, nous le vîmes : le malfaisant de tout un peuple, le persécuteur suprême. La rage me submergea comme je ne l'avais jamais ressentie, et par un regain d'énergie je sautai parmi l'armée ennemie. Un des horribles soldats d'Obnut me lança un coup d'épée, que j'esquivai en me baissant. Par une balayette bien placée, je fis tomber mon adversaire à terre et l'achevai avec un violent uppercut. Un coup de lance électrique me faucha soudain, ah je l'avoue les bleuets étaient forts. Mais j'étais plus forte encore, grâce à l'entraînement que Père me fit faire. J'attrapai le bleuet par la gorge et l'envoyai valser. Un enchaînement de directs à la tête me débarrassa de la nuée d'ennemis autour de moi. Youssef m'appela au loin mais je fonçai déjà vers l'endroit où j'avais aperçu L'Ennemi juré. Sur ma gauche, la terre se soulevait. Les tirs de lance-roquettes pleuvaient sur les ennemis. Cela facilitait bien l'affaire, mais je dus envoyer un coup de pied tournant puis un puissant crochet gauche. Je ne voyais plus très bien mes ennemis: je ne voyais plus que des cibles à abattre. Sur ma droite, je croisai le regard d'un jeune homme qui, malgré la violence présente aux alentours, semblait respirer la sincérité et l'humour. Pourtant il était apeuré, et je m'aperçus que l'expression qu'il avait alors, seuls les gens de l'extérieur pouvaient l'avoir. Bien qu'il aimasse fuir et qu'il ressentisse de la peur, il eut un mouvement de protection vers moi. Il m'avait vu massacré des centaines de subalternes d'Obnut, de façon violente et cruelle, et pourtant... Cette vision me fit ralentir, mais je repartis de plus belle jusqu'à ce qu'une sensation que je croyais avoir oubliée me fit perdre la vision et me courba en deux. Le rire tonitruant de l'infâme Obnut m'enfonça d'autant plus dans ma défaite...si seulement je n'avais pas été déstabilisée....par ce sentiment...si puissant...

(on revient au narrateur originel : Luke)

       Je crois bien que là c'était foutu : j'étais bel et bien tombé sous le charme. La voir voler dans le combat, ses cheveux fouettant le vent, les yeux plein d'une rage flamboyante, une allégorie de la détermination carrément, tout cela me poussa vers cette beauté. Mais quand je me retrouvai face à elle, tout ce que je pus penser était « WOAW ». J'arrivai devant elle et me préparai à déclamer une de mes phrases de drague inédites, tandis que la cour de jardin formait un immense champ de bataille autour de nous. Mais elle me lança un regard si colérique qu'il m'en fit perdre les mots. Elle me lâcha :

       « Qu'est-ce-que tu fais encore là ? »

       Et sur ce, elle fondit littéralement en larmes devant moi. C'était problématique. Qu'est-ce-que je faisais moi maintenant? J'esquissai un mouvement vers elle mais elle m'en dissuada d'un geste de la main. Gêné, j'essayai de comprendre ce qu'elle avait subitement et, là soudain, je vis le paysage de désolation qui nous entourait. A savoir que le jardin où je venais d'atterrir s'était transformé en un immense champ de bataille fumant, avec pour décoration la demeure intacte d'Obnut et des épaves de train. Même, je dirais qu'il n'y avait plus de jardin du tout. Je ne pouvais même pas vous en faire la description tellement c'était horrible. Je comprenais maintenant une partie de sa douleur, une larme coulait. Du coin de l'œil, j'aperçus un éclat bref de joie mélancolique dans les yeux de cette fille incroyable.

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