Chapitre 23-Alerte au terroriste!

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        Une longue épée se dessinait à un coin de rue adjacente à celle du casino géant. Par-ailleurs, un grand gaillard en armure gris mat accompagnait la lame étincelante. Était-ce un allié ou un ennemi ? Quand il tourna le regard vers moi, il me fallut prendre une décision. Une décision radicale qui déterminerait la nature du soldat. Je réagis stupidement et impulsivement. Je criai : « Alerte au terroriste ! » en montrant du doigt le soldat. Cinq minutes après mon intervention, je perdis tout contrôle sur la situation. Luttant, à contre-courant d'une marée de gens paniqués, je songeai que, accusant de terrorisme un soldat et provoquant ainsi une vague de peur dévastatrice, je me faisais repérer par Obnut et je perdais toute chance de renseignement. Un vrai génie que je suis. Finalement j'arrivai sur la place devant le casino d'Obnut, désormais vidée de sa population. Je soufflais un peu et me mis à couvert. Bon, je n'aurais pas d'aide extérieure car visiblement, « Affronter le Tableau » n'était pas là. Comment m'introduire discrètement dans le repère ? Comment trouver et libérer mes copains ? Comment neutraliser des éventuels attaquants ? Que dis-je ? Dans cet endroit, c'étaient des défenseurs et moi, j'étais un attaquant. Je suis là pour attaquer et me renseigner sur Obnut. Hmm je n'ai pas vraiment cette impression. En plus, si les soldats d'Obnut étaient aussi puissants que sa triple garde d'élite en tunique bleue, je n'allais vraiment pas m'en sortir...

      « Hey toi ! »

       Je sursautai ! Oh non, on allait m'attaquer. Les défenseurs m'attaquent, mais en bon attaquant je me défendrai. Je pivotai sur moi-même, prêt à en découdre, accumulant toute la rage des derniers jours. Je... à propos, pourquoi un ennemi m'aurait interpellé avant de m'attaquer ? Je vis le même soldat que tout à l'heure : il semblait en colère. Il continua en disant:

      « Pourquoi tu t'amuses à créer une fausse panique et à me faire repérer ? Qui es-tu pour vouloir contrecarrer les projets de mon armée ?

       -L'armée d'Affronter le tableau ?

       -Whoosh, fit son épée quand il la sortit du fourreau. Il la pointa sur mon sternum, puis d'un ton menaçant et exclamatif :

       -Comment connais-tu ce nom ? Sale espion, va mourir en Enfer !

       -Je suis le Pissotroum, ça peut expliquer des choses.

       -Qu'est -ce -que tu me racontes là ? Mordiou ! En plus d'être un espion, tu es un menteur !

       -Non c'est vrai. Je m'appelle Luke et je suis arrivé dans ce monde en...

       -Mais je m'en contrefiche ! Tu penses vraiment que je vais croire tes excuses?

       -Je vous jure monsieur que je suis de votre camp.

      -Comment ça se fait alors que je n'ai pas eu l'information ?

      -J'ai été séparé de mes amis et...

      -Palsambleu ! Mais c'est qu'il me raconte toute sa vie !

      -Vous posez une question, j'y réponds, m'énervai-je, et puis qu'est-ce-qui me dit que vous êtes du bon côté vous aussi ?! Vous semblez un peu con sur les bords et je doute que Affronter le Tableau soit composée de tels ignares !

      -Crénom, il m'insulte ! Pyro-trou ou pas, je m'en vais te châtier !

      -P.I.S.S.O.T.RO.U.M. »

      En colère, comme il semble l'être toujours, il m'empoigna et me traîna vers un endroit qui devait être le camp des soldats amis. Espérons qu'ils n'étaient pas tous aussi virulents que ma nouvelle connaissance.

      En arrivant dans le camp je ne fus pas surpris, je fus doublement surpris. J'avais du mal à me faire à l'idée que je voyais Youssef plus Jack en une seule vision. Dans le même camp. Impossible. Instinctivement, sans plus trop me poser de questions, je me défis de l'emprise du garde colérique et fonçai dans leur direction. J'empoignai Jack, et, sachant qu'il me surpassait physiquement, le fit tombé d'un balayette, profitant de l'effet de surprise. Ce traître avait sûrement mon katana magique (enfin à la base c'était le sien mais j'avais comme l'impression que celui-ci m'avait choisi). Je réussis à neutraliser la puissante tortue, je ne sais trop comment. Mais soudain, je me retrouvai aussi entouré d'une trentaine de gaillards, équipés chacun d'une arme pouvant me donner la mort. Gloups. Heureusement, Youssef me sauva une nouvelle fois en disant qu'il me connaissait. Je pus me relever, Jack put se relever tant bien que mal. Je remarquai d'abord de l'incompréhension dans les yeux de Youssef mais je vis aussi du soulagement et de la joie. Quant à moi, je devais être le melting-pot de tous les sentiments existants. Le fait que Youssef fusse mon ami dissuada les méfiances à mon égard et les gros soldats se dispersèrent. Je le vis alors pleinement. Youssef avait beaucoup changé depuis qu'il avait disparu. Une grande cicatrice barrait sa joue, ses cheveux étaient sales, ils avaient de grosses cernes: cependant il souriait. Je le pris dans mes bras.Pendant plusieurs minutes, nous restâmes dans cette position, sans parler. Une larme coulait. Je l'avais cru mort, je doutais que ce ne soit bien lui.

      « T'inquiète pas Luke, je suis bien vivant. Et pas besoin de me refaire mourir en me faisant un câlin digne d'un Wookie, me taquina-t-il.

      -Comme un Wookie carrément. Il me manque quelques poils.

      -Mouais, ça se voit que tu t'es pas rasé, tu sais.

     -Ah merde, ça la fait pas trop gentleman alors. Et toi j'ai l'impression qu'il y a un buisson sur ta tête maintenant. C'est bye bye le dégradé dégradant.

      -Oh le batârd.

      -Je suis content de te voir aussi, mon cher. Ha ha. »

      Ensuite, on discuta de ce qui nous était arrivé ces derniers jours. Si je devais vous raconter tout ce que m'a dit Youssef, il y aurait bien trois chapitres en plus. Déjà, j'appris que Jack était passé du mauvais côté au bon côté, et d'une façon étonnante. En effet, d'abord il vendit mon katana magique aux armées d'Obnut puis, voyant que c'était très bien payé, il rendit à l'ennemi des petits services. Pourtant, un jour, Obnut commit l'erreur de détruire le village natal de Jack, où vivait encore ses parents et son petit frère. Le guerrier tortue, poussé par une colère irascible, frustré d'avoir aidé les meurtriers de sa famille, entra dans le repaire d'Obnut et tout simplement se déchaîna. Muni seulement d'un sabre de bois, il terrassa une entière légion puis il voulut reprendre le katana magique pour effacer son travail chez l'ennemi. Mais il rencontra Obnut et ses gardes d'élite privés et là ce fut une autre paire de manches. L'armée attaquante, donc nous, le recueillîmes après qu'il se soit fait amoché car Jack, par son geste, avait réussi à créer une incroyable brèche dans les rangs du dictateur. Pour résumer, le traître était devenu le héros. J'avais quand même du mal à refaire confiance à ce « héros ». Par-ailleurs, je restai suspicieux sur l'armée d'Affronter le tableau. Je fis la remarque à Youssef : je ne voyais pas beaucoup de machines pour un siège. C'était bien cool d'avoir des machines de siège pour l'entraînement avant de partir en mission mais encore mieux si on les avait en mission. De plus, notre entraînement et le déroulé de notre mission s'étaient très mal passées. Nous devions rassembler des informations sur Obnut. L'armée de même était censée attaquer Obnut pour l'affaiblir et faire diversion pour nous. A présent nous étions dans un bâtiment, cachés comme des rats. Il y avait un petit campement dans une cour, où des gardes comme celui que j'avais rencontré faisaient des rondes. Et vous voulez savoir le plus drôle ? Une alarme sonna...

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant