Nous nous fixions, comme ça au milieu de la citadelle, antagonistes versus protagonistes. Personne ne bronchait. Puis, brusquement, comme si un signal avait été donné, le combat s'engagea. Il fut bien féroce, mais nous avions l'avantage du nombre. J'étais avec Youssef en train de me battre contre Étienne. Ah il était fort ! Je commençai par lui envoyer un coup droit vers le ventre, qu'il para aisément, en manquant de peu d'envoyer ma lame valdinguer. Youssef tenta ensuite un direct au visage. Étienne bloqua l'attaque avec brio, puis enchaîna avec deux coups dans le foie de Youssef. Celui-ci se courba sous la violence du choc. J'en profitais alors pour le défendre en enchaînant les coups d'estocs et les parades. Baf bif pouf ! Je me sentais comme un Jedi combattant contre un Seigneur Sith. Dès que je frappais à droite de façon transversale, j'essayais aussitôt une attaque frontale suivie d'un chassé latéral. A force d'efforts, je réussis à prendre Étienne par le colback. Il s'en défit rapidement, de façon frénétique. OK c'était le début de la victoire. Pendant qu'il avait été déstabilisé, Youssef s'était relevé et maintenant il faisait un superbe saut périlleux pour envoyer un pied dans la face d'Étienne. Ce dernier se la prit en pleine poire. Il tomba lourdement. Cependant, un des hommes mystérieux vint l'aider, abandonnant son fight avec Marie. Alors, cette dernière se joignit à nous. C'était la fête ! L'homme mystérieux abaissa sa capuche, retira son heaume étincelant...et je vis une chevelure blonde magnifique. Un homme aux traits anguleux me faisait maintenant face, ses cheveux blonds cendrés relâchés au gré du vent. Il lança son casque sur moi, dans l'intention de me briser le crâne sûrement. Je coupai ce casque de fer du plat de mon katana. Une lueur violette en résulta. La magie opérait encore. En réponse à cela, le Blond tira une potion rougeâtre de sa cape. Il déboucha cette potion. Ensuite, il nous lança l'acide rouge. J'avais été touché au pied. Mon pied formait déjà de grosses cloques rouges et la douleur m'était insupportable. Je dus m'asseoir. Un high-kick fila alors en direction de ma tête et je eus à peine le temps de faire une roulade pour esquiver. Je me heurtai à un jeune villageois, atterré par les événements se déroulant sous ses yeux. Il portait un seau de pisse. Je le lui pris et le remerciai de ce service rendu. Ainsi, je lançai à mon tour le seau de pisse. Splatch ! Étienne en ramassa tout le contenu. Son armure avait soudain perdu de sa splendeur. On sentait alors qu'elle était de moins en moins fonctionnelle en jaune. Marie voulut tester sa nouvelle résistance. Elle envoya un coup d'épée droit dans les côtes d'Étienne. Il se plia en deux pour esquiver, mais trop tard. Et puis ce fut pire que ça. Il se prit l'épée sur l'arrière du crâne. A présent, son scalpel gisait sur le sol de pierres. Les pavés étaient maculés de rouge. Mon pied était en vrac, je saignais du nez et je transpirais sous l'effort. Youssef tenta un autre saut périlleux pour amener le coup final à Étienne. Mais le Blond intervint en saisissant le pied de Youssef. Il lui fit alors une prise tout droit sortie du futur. Youssef tournoya, s'effondra. Mince, ça nous faisait un copain en moins, capable de se battre. Rassurez-vous il était juste évanoui. Au loin, je vis que Louane aussi était évanouie, mais de façon plus alarmante : elle était appuyée à un mur, le bras coupé... Je me précipitai à sa rescousse, abandonnant du même coup Marie à son sort. Sans trop y penser. J'accourus auprès de Louane, arrachai mon T-shirt et puis en fit un garrot pour son bras. Elle était très pâle et avait le crâne brûlant. Je criai au villageois le plus proche, caché derrière ses volets, d'appeler un médecin. Il s'exécuta et en quelques minutes un homme en blouse blanche accourut. A partir de là, ce fut toute une opération. D'autres villageois amenèrent un brancard. On la souleva. Le médecin vérifiait son pouls et me dit que ça irait, elle s'en sortirait. Rassuré, je pus retourner au combat. Louane était entre de bonnes mains. J'avais eu tellement peur de la perdre, quand je l'avais vu dans cet état malheureux. Torse nu, je m'avançai vers mes deux gaillards, que j'avais laissés combattre face à Marie. Elle était vraiment très talentueuse en kick-boxing celle-là. Le visage des deux était déjà en sang. J'eus même la chance de voir un coup à la tête. En direct! Ouïe, deux carrément ! Étienne s'effondra. Son pote réagit en feintant, et en envoyant une formidable marmite. Deux, trois châtaignes et il planta son sabre dans le cœur de Marie. NOOOOOOOOOOOOOON ! Pas elle ! Je ne voulais plus de morts ! Elle s'était sacrifiée. Je n'avais pas eu le temps d'intervenir parce que j'étais allé aider Louane. J'avais fait un choix, sans le vouloir bien sûr. J'avais privilégié Louane à Marie. Je l'aurais refait, mais je regrettais tellement que ça ait aboutit sur la mort d'une des deux. C'était un choc. J'avais été délesté du poids du Sentiment, sauf qu'à présent, j'avais le poids de la mort de Marie, partie trop tôt. Et dire qu'elle n'avait que 15 ans et la vie devant soi. Les larmes aux yeux je pris mon katana. Mes doigts étaient crispés et mes yeux devaient lancer des flammes parce que mes adversaires reculèrent de deux pas en me voyant. Ni une ni deux, je fus sur eux. Étienne s'était relevé, plus faible que jamais. Je lui coupai la tête, sans autres formes de cérémonie. Puis j'alternais des attaques frontales, transversales, transversales, une balayette. Mon ennemi tomba au sol, inexorablement attiré par la gravité. Je me postai au-dessus de lui, actuellement à terre. D'un coup de pied, je fis glisser sa lame hors de sa portée. Il était à ma merci, il ne me suffisait que d'un coup pour que Marie soit vengée. Soudain, je vis une apparition fantomatique de Marie qui secouait la tête de façon désapprobatrice. De plus, je voyais ces deux yeux humains me regarder, effrayés, désemparés. Je baissai mon katana. De ce fait, je lui accordai la grâce. A ce criminel. C'était comme ça. A la place, je lui envoyais un violent fouetté à la tempe. Il perdit conscience.
Je regardai alentour et vis qu'il y avait deux des hommes mystérieux à terre. Aucun autre camarade à déplorer. JB et Maurice se battaient dos-à-dos contre Constantin. Ils utilisaient une technique assez spéciale qui consistait à enchaîner et alterner leurs coups, presque en tournant sur eux-même. Cela avait pour effet de perturber leur adversaire et d'être efficace. Il ne tarda pas à rendre les armes. Lui aussi fut gracié. Cependant, JB gardait une lame posée sur son cou, par sécurité. D'un autre côté, il y avait Nesrine, Gaëtan, Paul et Mathieu contre le dernier Mystérieux. Satine, quant à elle, il me semblait l'avoir aperçu accompagner Louane et le médecin, afin de veiller sur elle sûrement. Le dernier homme mystérieux invaincu était le plus puissant. Il avait lui aussi enlevé son heaume. Il ressemblait étonnamment à Obnut, mais en plus vieux. Il se battait comme un lion et mes quatre amis, malgré leur supériorité numérique et leur jeunesse, étaient en difficulté. Je vins les rejoindre, mais un souffle d'air me poussa pour m'éloigner du colossal homme à la cape. Il envoya son bâton dans les côtes de Gaëtan. J'entendis quelque chose craquer. Encore un camarade HS. Des lueurs jaunes encerclaient les combattants. L'invaincu esquiva si facilement les coups redoutables de jiu-jitsu de Nesrine et Paul. Mathieu, quant à lui, avait une lance, une sorte de hallebarde même, si je voyais bien. C'était difficile à distinguer parce que les fighters étaient littéralement entourés d'une aura bleue électrique. Des éclats blancs étaient clairement visibles dans ce nuage bleu.
Une lueur aveuglante, puis plus rien. L'homme mystérieux à la capuche brodée d'argent avait disparu. Pourquoi ? Peut-être parce qu'il était le seul invaincu et que les soldats d'« Affronter le tableau » ne tarderaient pas à arriver, alertés par les bruits. A peine eus-je penser cela qu'une garnison débarqua dans le village. Les villageois applaudirent. Nous avions définitivement gagné. Même si la victoire avait un goût amère, du fait de la mort de Marie et de la fuite du plus puissant des adversaires. Pour la deuxième fois de la journée, on fit de grandes funérailles. On respecta le choix de Marie d'être incinérée, en érigeant un grand bûcher. Il illumina les visages, tristes pour la plupart. Le feu se reflétait dans mes yeux, et je ne savais plus que penser : était-ce fini ? Je m'endormis, devant le feu qui faisait fuir les bêtes sauvages et les démons. Je m'endormis là assis, l'esprit embrumé.
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VS le tableau
ParanormalC'est d'abord étonnant, puis bouleversant, et alors effrayant. Luke se retrouve au milieu de péripéties décoiffantes. Il ne sait plus ce qui est réel. Il agit mais sans penser. Il essaie de comprendre. Oui, débarquer dans un univers parallèle ça n'e...