Chapitre 19-Un cachot puant

25 3 1
                                    

      C'est alors que je crus véritablement que j'allais rester dans ce cachot puant. Au fil des jours et des nuits (qui sait le temps qui passait), des semaines peut-être(je n'en sais rien), les solutions ne me venaient plus à l'esprit. J'étais peut-être dans les souterrains de la Cité de l'Espoir, où justement celui-ci n'existait pas. En effet, aucun objet utile ne se trouvait dans ma cellule. Il n'y avait même pas de gardiens! Je ne peux alors vous décrire ce que je mangeai. Je maigris, mon corps partait en fumée. Mon esprit aussi peut-être...Je tournais en rond et je devenais fou. Je dormais quand le sommeil me prenait : c'est-à-dire n'importe quand. Une fois, je me suis surpris à dormir debout. Je ne me sentais plus vivant.

      Un jour, mon camarade de prison se réveillant, il me dit bonjour et me demanda comment ça allait. Par habitude et politesse il demandait ça mais pour moi c'était trop. Je l'empoignai par le col et lui assénai un violent crochet dans la tête. Sous le choc, il tomba mais, se relevant subitement, il me chargea. J'enchaînai les coups pour le stopper alors : uppercut à l'estomac, piqué dans le foie, gauche-droite dans la tête, direct dans les côtes... Mon dernier coup me fit craquer les os de la main droite, j'avais senti quelque chose de dur en dessous, de métallique semblait-il. Je décidai de fouiller mon adversaire, qui était tombé dans les pommes. Fébrilement je retirai un trousseau de clés d'une des ses poches. Attends, redis ça pour voir: fébrilement je retirai un trousseau de clés d'une de ses poches.

      Incroyable ! La solution était aussi proche. C'était quoi cette blague par-contre?! Donc Obnut était vraiment un très grand esclavagiste, il enfermait même ses gardiens. Pourtant je gardais un doute quant à cette hypothèse. On aurait presque dit que mon geôlier voulait que je trouve les clés à un moment donné. Hmm, étrange. Pour l'instant, l'hypothèse de la cruauté d'Obnut me semblait la meilleure. Bref, j'étais libre ! Enfin ! La porte grillagée s'ouvrit avec un grand «CLONG». Quel son mélodieux! En passant le pas de la porte, je me retournai avec culpabilité vers mon camarade de cellule. Je l'avais vraiment bien amoché... Je fus soudain téléporté dans un autre lieu : ah oui c'était la transition artistique détraquée ça.

       Je me retrouvai dans un endroit animé : j'étais dans une station de métro. Cet endroit, normal pour une fois, était assez inopportun, n'est-ce pas ? Eh bien en fait il n'était pas vraiment banal. Comme vous pouvez l'imaginer, les péripéties de l'histoire (qui sont souvent étranges) ne s'arrêtaient jamais. Je me retrouvai donc dans un métro peu habituel, du fait qu'il était peuplé de tortues, mais je ne vous parle pas de tortues normales bien sûr. C'était des tortues qui circulaient sur deux pattes, vêtues pour la plupart d'une longue toge rouge qui leur arrivait aux chevilles. De plus, leurs pattes de tortues à peu d'orteils étaient chaussées de tongues. Ces tortues humanoïdes dégageaient même une sorte de sagesse et de paix qui avait un rôle bénéfique chez moi, après ces longs jours de prison. J'étais soulagé. Pourtant je me sentais aussi un peu perdu parce que cette fois-ci, je devrai affronter seul les nouveaux défis et on dit qu'un Homme, tant qu'il a des amis, ne connaît pas l'échec.

      Bon, j'imaginais que ces drôles de tortues parlaient, comme les renards. J'adressai donc la parole à un des autochtones du métro mais il me répondit en dégainant un katana. Euh...c'était un petit problème. Je l'interrogeai du regard. Les yeux plissés, il me sonda en me fixant droit dans les yeux puis, il se détendit et afficha un grand sourire.

       «Tu es le Pissotroum ! S'exclama-t-il. Moi c'est Jack. »

       A peine avait-il fini sa phrase qu'une alarme stridente retentit. Jack la tortue sursauta. Avec de grands yeux en soucoupe, il me dit :

       « Vite, vite. Il faut que tu partes. Suis-moi garçon ! »

       Il s'élança sur les rails du métro et je n'eus d'autre choix que de le suivre. Nous courûmes à travers ce conduit sombre, me guidant aux éclats de lumière que projetait la lame du katana. Car oui c'était un katana lumineux en plus. Au bout d'un moment, Jack s'arrêta net. Je me heurtai dans sa carapace et, hébété, je regardai autour de moi, cherchant à savoir pourquoi il s'était arrêté. Éclairé par un néon, on voyait un homme en kimono, un chapeau baissé sur son visage, assis en tailleur en plein milieu des rails de métro. Il déclara :

       « Cela faisait longtemps, Jack. »

       Ce dernier dégaina son katana, je voyais bien que mon allié s'était crispé à la vue de cet étrange personnage et je soupçonnais donc une ancienne altercation. La tension, accrue par l'humidité du lieu, était palpable. Même moi, qui n'avait a priori rien à voir avec leur histoire, transpirait à grosses gouttes. Soudain, l'inconnu leva la tête et je vis tout-à-coup ses deux yeux rouges, qui vinrent illuminer les environs. Mon allié tortue tendait ses muscles mais se retenait tout de même :

       « J'ai une mission importante à accomplir, Hideaki. Laisse-moi passer, ce n'est pas le moment de remuer le passé.

      -Qu'est-ce-qui te donne le droit de passer par ici ?

     -Écoute cette sirène : c'est Obnut qui arrive avec sa triple garde d'élite et aucun de nous n'aimerait rester dans le coin quand ils seront là.

      -Tu es un lâche, Jack. Tu l'as toujours été. Tu as donc laissé tes confrères tortues subir ça.

      -C'est le Pissotroum qu'ils cherchent, pas nous les tortues. Si je sauve le Pissotroum, je serai un héros.

      -Maître Shang ne t'a donc rien appris avant que tu ne le quittes : « Le succès n'est rien d'autres que d'aider le plus de personnes possibles. »disait-il. Même si je te méprise fortement et que, ces temps-ci, je tourne à la haine, je vais aller sauver les pauvres gens qui vont se faire maltraiter par la triple garde d'élite d'Obnut. Si tu entres par ici, on te tuera à ma place. »

       Après cet échange qui me laissa bien perplexe par rapport à Jack, Hideaki partit en direction d'où nous venions, vers la station de métro. Dans un pénible silence, mon guide repartit en marchant vers une porte dissimulée à mes yeux jusque là. Elle donnait sur un endroit visiblement très sombre, car on ne distinguait que le néant. Hideaki avait défendu Jack d'y entrer. A qui faire confiance? C'est pour cela que j'hésitais à entrer, de un mon souhait n'était pas trop de finir aux enfers et de deux je suivais quand même un putain d'inconnu. Est-ce-que c'est une mauvaise idée? Est-ce-que j'avais le choix? OUI! Cette fois-là, j'avais un possible choix. Soit j'allai à l'encontre de mes ennemis soit je les fuyai. Ma décision fut claire et nette, je la pris en un instant et alors, je tournai le dos à la porte verdâtre. Au passage, grâce à mon effet de surprise, je chopai le katana de Jack et maintenant c'était direction le combat. Ce type, Hideaki, m'avait convaincu d'aller venir en aide aux pauvres bougres qui allaient subir une maltraitance de la part des autorités d'Obnut. Sauf qu'en arrivant je compris que la triple garde d'élite d'Obnut n'était pas une simple police...

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant