C'était terminé. Nous avions mené notre ultime bataille. Il ne nous restait plus qu'à savoir qui étaient ces maudits Créateurs. Déjà Chiara et Étienne étaient morts. Il n'en restait plus que cinq à éliminer. Je regardai Constantin, puis comptai : Constantin, deux, trois, quatre, cinq ! J'avais compté l'ensemble des personnes avec qui nous avions combattu. Parfait alors, nous avions vaincu les Créateurs ! Bon sauf un. Mais tout seul il serait faible, alors que nous, nous avions maintenant une forteresse, deux mondes à reconstruire et puis plein de bonne volonté.
Nous commençâmes par reconstruire les ruines dévastées par la guerre. Et il y avait du boulot! D'abord, il fallait dégager les débris, puis se fournir les matières premières. C'est-à-dire que les plus brillants artistes se mirent à dessiner les plus belles façades et les plus belles briques jamais vues ici-bas. Tout le monde s'impliquait grave. C'était cool. Il y avait des artisans, des boulangers (pour nous nourrir), des ouvriers, des banquiers, des architectes, des soldats, des sorcières, des investisseurs, des agents immobiliers et même des agriculteurs! Nous mangions tous ensemble dans une ambiance conviviale. Tel avait été le pouvoir des tableaux réalistes, ils avaient réuni en leur sein toutes les classes sociales. Maintenant on en voyait les bénéfices. Seul le nouveau gouvernement n'était pas au réjouissance. Les rois, les présidents et les princesses s'étaient clôturés dans le donjon. Tandis que je dégustai mon meilleur jambon beurre, confectionné par Tata Nita - en gros la mamie par excellence du village, on me convia à la salle du trône. Oula il me faudrait monter une bonne volée de marche. Au moins autant que dans les phares bretons...
1876 en tout! Eh oui j'avais compté, j'étais un petit malin moi. J'entrai dans une vaste salle décorée en bleu azur et en doré. J'étais subjugué. Il était alors évident que la salle du trône était symbole de puissance et de richesse. J'avais l'impression d'entrer dans la coupole de Saint-Pierre, à Rome. Le lieu était presque religieux, et une grande assemblée se déroulait déjà en son sein. Un majordome m'invita à m'asseoir, à côté des plus grands. J'étais vraiment impressionné. Louis IX en personne se tenait à ma gauche! En vêtements d'apparats en plus! Par-contre je fus un peu vexé quand il parla ainsi:
"Mais qui es donc ce manant qui vient d'entrer?"
Ah ben super la description. Il m'avait réduit à un simple paysan. Qu'est-ce-qui ne nous tournait pas rond chez lui? Il se trouvait à côté du Pissotroum quand même, celui qui avait uni les forces du bien pour vaincre Obnut. On le lui fit savoir. Alors, son attitude changea. Il se montra dorénavant plus courtois envers ma personne. C'était mieux comme ça, tiens! Puis on m'exposa les enjeux de la situation actuelle.
Putain... Encore une situation de merde, si vous voulez mon avis. En fait, nous avions un ennemi en moins certes mais il fallait absolument retrouver le Créateur en cavale. Autrement, ce serait la fin des fins. Terminado, plus de monde. Rayé de la carte. RAAAAH, comme un violent coup de Tippex. C'était bien bien problématique. Le dernier des Créateurs représentait bien plus qu'un simple fugitif: il était une ombre, se baladant partout où il le voulait. Corrompant la PA, brûlant des villages et marquant de son terrible signe, les paysages. Par ce dernier aspect, il me faisait penser au bouffon qui avait cramé la mairie, l'autre jour. Les fous couraient toujours les rues, si je résumai un peu la situation. De plus, c'était tendu à l'assemblée. On se demandait, avec raison, s'il y avait des traîtres parmi nous. Étienne en avait été un exemple fort. On s'interrogeait alors sur le fait qu'il ait pu torturer des gens et en même temps être général, donc être responsable... Ce qui était sûr c'était que le type en question avait le sens des initiatives et un sacré CV. D'où sa présence chez les Créateurs: il n'était pas n'importe qui mais en attendant il avait très bien pu passer inaperçu. Ainsi, dans la salle du trône, il se forma trois partis: celui des républicains, qui ne se méfiaient pas et prônaient un retour au calme, les révolutionnaires, qui en clair voulaient décimer tous les ennemis - et leur liste était bien longue, c'était un Death Note carrément!, et enfin venaient les monarchistes, qui voulaient devenir les nouveaux dirigeants des deux mondes unis. C'était là leur seul centre d'intérêt. A part ça ils ne réclamaient rien d'autre. Sauf que l'union de deux mondes parallèles étaient quelque peu délicate, même si ceux-ci avaient été brusquement unis. On trouva un compromis, qui apaisa toutes les tensions. Les monarchistes, Louis IX entre autres, eurent la charge de gouverner sur le monde artistique, qu'ils se divisèrent de façon plus ou moins équitable. Puis on confia aux révolutionnaires la tâche de supprimer quelques noms de leurs victimes, dont des noms de rois présents dans la salle aujourd'hui. On décida qu'ils seraient chargés de traquer le dernier des Créateurs. Selon une source sûre, nous savions déjà que ce dernier était le frère jumeau d'Obnut. Quant aux républicains, ils garantiraient l'ordre et aideraient les révolutionnaires dans leurs enquêtes, étant donné que les deux partis s'entendaient assez bien. Soulagés, nous quittâmes la pièce.
A la fin de la séance, Louis IX vint me voir. Marrant. Louis IX, alias le Saint-Louis, neuvième de la dynastie des capétiens, me parla d'abord de croisades, de politique et de spiritualité pour enfin en venir au sujet principal: quel serait mon rôle à présent? Et est-ce-que je me rendais compte que je sortais avec la fille disparue d'Obnut? Pour le coup, elle n'avait plus trop le statut de "disparue". Je compris alors les raisons pour lesquelles Louane semblait garder en permanance une grande tristesse au fond d'elle. J'étais aussi la seule personne au monde qui percevait cela. Sûrement le pouvoir de l'Amour... Ma chère Louane...
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VS le tableau
FantastiqueC'est d'abord étonnant, puis bouleversant, et alors effrayant. Luke se retrouve au milieu de péripéties décoiffantes. Il ne sait plus ce qui est réel. Il agit mais sans penser. Il essaie de comprendre. Oui, débarquer dans un univers parallèle ça n'e...