Chapitre 22-Qu'est-ce que c'est que cette ville encore?

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Ainsi je me réveillai dans le même pré. Avec horreur, je découvris que j'avais les jambes dans l'eau, jusqu'à la taille ! L'eau montait car il pleuvait encore. Tellement bouleversé de me retrouver ainsi, je me levai et je mis à courir loin de la terre inondée. La perspective de me noyer dans mon sommeil me terrifia. Courir m'empêchait de trop penser. Sous la pluie, je menais une course qui sollicitait mes muscles engourdis. Je ne continuai pas longtemps car la nage m'avait déjà épuisé. Je n'allais pas faire un triathlon extrême quand même ! Je commençais à ressentir des courbatures monstrueuses et à présent je marchais courbé mais avec un but précis : la ville que je voyais au loin. Je priais pour que ce soit la Cité de l'Espoir. Je ne voyais pas très bien à cause de la brume alentour mais ça m'avait tout l'air effectivement d'une grande ville avec des bâtiments s'élevant vers le ciel.

1 heure de marche. Il me fallut 1 heure de marche pour arriver dans la zone urbaine. Crevé, je me rendis compte qu'en fait, mon but n'avait pas de sens car je ne savais pas où aller une fois en ville. Et puis comment savoir si c'était la Cité de l'Espoir ? Ressentais-je de l'espoir ? Non pas du tout. A mon avis, l'espoir m'avait seulement été soufflé par le baiser de Louane. Mouais j'étais loin d'elle. Je commençai par m'asseoir sur un banc et je profitai de ces instants de pause. Ici les gens étaient normaux, il n'y avait nulle trace de tortues. Un vieillard, à l'air élégant et sûr de lui, s'approcha de moi et me souffla :

«Les opposants du tableau, les amis de l'Élu,

Sont à présent, dans un lieu chaleureux.

Mais aussi très sombre pour qui va faire la grue,

Venu de cette ville il est le ténébreux,

Parti de cette ville il sera le peureux.

Maintenant tu dois aller dans le casino

Où les grises te mèneront avec brio. »

Après ce mélange de poème-prophétie, l'étrange bonhomme s'éclipsa en disparaissant. Je voulus lui crier qui était les grises et pourquoi Obnut deviendrait peureux mais il ne me laissa pas le temps. Je pris un peu de temps pour réfléchir à ce que pouvait être «les grises». Quand je réfléchis, j'aime bien regarder le ciel en raison du côté paisible que m'amène son bleu impénétrable. C'est là que le ciel me fournit la solution : un vol de tourterelles passa et je remarquai qu'elles allaient toutes dans une direction précise. C'était elles les grises ! Alors je me mis en chemin pour les suivre. J'étais obligé de subir un torticolis pour suivre ces tourterelles qui allaient quand même assez vite. Mais au moins l'espoir renaissait. Au bout de 10 pas, je me pris un lampadaire en pleine face. Bam ! Je me retrouvai par-terre mais je me relevai assez vite tellement j'étais motivé par le désir de retrouver tous mes amis et aussi la perspective de battre Obnut une bonne fois pour toutes. Seulement l'issue du combat me semblait flou à cause de la prophétie qu'avait énoncée le vieillard en costard. Pendant que je pensais à cela, je heurtai un grand homme carré. Je réagis de la même façon qu'avec le lampadaire : en tombant puis en me relevant direct, sauf que, quand le gaillard m'interpella « Hé », je me mis à courir plus vite. Mon parcours continua de plus belle avec notamment une altercation avec un couple, un blocage de la circulation du quartier, un choc avec un vélo, un poteau qui faillit me castrer, une femme qui me fit saigner du nez... Malgré cela, je restai focus sur mon objectif. Et finalement j'arrivai devant un énorme casino illuminé d'une enseigne indiquant « Casino: Bad Club ». Ça ne correspondait pas du tout à l'image que je me faisais d'un repère d'Obnut. Selon le plan convenu par Constantin, il aurait du y avoir une armée en train d'assiéger le casino. Le camp auquel j'appartenais, l'armée à laquelle j'appartenais, la lutte à laquelle j'appartenais, ne semblaient pas présents.

Tout à coup, j'aperçus un reflet brillant du coin de l'œil. Je tournai la tête car un reflet comme ça, dans une zone comme ça, ne prévoyait rien de bon. Avec un frémissement, je m'attendais à apercevoir une arme. Le reflet d'un fusil ou d'une épée : je n'eus pas tort.


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