Chapitre 24-A l'attaque!

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        Le cri strident vint confirmer mes pires doutes : on se ferait exterminé si Obnut nous attaquait. Le moment fatidique était venu... Soudain, là, à gauche ! A droite ! De la terre volait dans tous les sens. Nous étions à l'abri, dans un bâtiment fermé et discret, pourtant nous voyions tout cela depuis la fenêtre. La menace était déjà si proche. Merde, tout était de ma faute. A cause de moi, Obnut nous avait repéré. C'était sûr. Moi l'Élu? Un peu maladroit on dirait. J'étais sur le point de tout abandonner. J'avais un nœud dans la gorge. Impossible de parler. Un désastre se préparait. Merde, une fissure. Jack et Youssef me regardèrent. Comme si je pouvais faire quelque chose contre une fissure longue de plus d'un mètre. Nous, nous étions au rez-de-chaussée, ça allait plus ou moins, mais il nous fallait sortir de là. Nous sortîmes alors à découvert dans la rue. Déserte. Ou pas tout-à-fait.

      En effet, au milieu de la large rue, où une quinzaine de minutes plus tôt une vague de panique soufflait sur la foule de citoyens respectables, se trouvait une affreuse armée. Littéralement symbole de tous les vices. Hyènes géantes, bleuets menaçants, et autres vermines étaient en train de sortir du casino. Crocs pleins de bave, lances grésillant, et odeur pestilentielle donnaient un avant-goût de la bataille à venir. Celle-ci se déclencha si rapidement...

      Les sensations arrivèrent de partout, en même temps. L'armée de l'horrible Obnut s'était mise à courir. Le sol tremblait. Et, tandis que le bâtiment derrière nous s'écroulait à cause des tirs de mortier, nous entendîmes un rugissement. Un cri de guerre puissant plutôt. Youssef, Jack et moi préférions ne pas nous retourner. Le rugissement vint à nous. L'armée faite de vermines face à nous s'arrêta. Des engins de guerre puissants s'afférèrent. Le garde colérique d'avant posa une main sur mon épaule en me disant que c'était mon moment. Il me tendit une épée. L'armée d'Affronter le tableau surgit de derrière nous. Elle formait un tout. Quelque chose de puissant. C'était elle le rugissement. Nous étions moins nombreux mais nous avions la rage! Le combat commença. 

      Mes sens furent sollicités au maximum. La masse grouillante d'ennemis était partout. Mes alliés se battaient bravement. Je voulais fermer les yeux car du rouge, du orange scintillaient violemment autour de moi. De plus, la nuit était tombée; mais nous étions comme en plein jour. Même les yeux clos nous voyions rouge : nous entendions effectivement des explosions, les cris de souffrance juste après. Ce fut très rapide et en quelques secondes l'entièreté du camp d'Affronter le tableau fut dévasté. Pourtant, au lieu de décourager les soldats, cette première salve destructrice renforça leur volonté. On avait osé détruire tout ce qu'ils possédaient ! Argh ! l'odeur du sang, le parfum de la haine ! Il fallait agir, et vite. Même pas le temps de dire « ouf » que déjà l'ennemi était sur nous. La vague ennemie revêtait une forme monstrueuse, animale. Malheureusement ce n'était pas une métaphore : des créatures semblables à des dragons dans des corps de hyènes arrivaient en masse tel un tsunami. Leur pelage couvert de sueur, marron mais avec de petites tâches blanches, était l'écume de cette ondulation. Leur poils paraissaient doux comme si la mort pouvait revêtir une certaine douceur. Pourtant le grondement de la vague n'était que fureur. Nous étions les rochers, les récifs qui faisaient face. Lances pointues, épées acérées, couteaux menaçants, flèches sifflantes: nous n'avions rien d'une bande de victimes qui se contente de se défendre. Hardi, camarades ! Nous nous jetâmes dans le combat. A présent, ennemis et amis ne formaient plus qu'une masse noire et sanglante. Ma première pensée quand je me retrouvai face aux ennemis fut« Que faire ? ». Le danger était partout, contre lequel lutter ?contre lequel se défendre ?avec qui l'attaquer ? Pas le temps de penser, je pris l'épée que l'on m'avait confié (purée qu'est-ce-qu'elle était lourde!) et pourfendis tout ce qui avait des crocs. Je me sentis alors comme un galet pris dans la tempête. Je me sentais plus seul que jamais, je me demandai pourquoi je me battais, je me questionnai sur les raisons d'Obnut et de son armée. Quel était donc le but de cette offensive? Mais soudain, je pensai à tout ce qui comptais pour moi: mes amis, Louane, Toulouse, ce monde froid mais beau, l'art, ma vie... Alors je décidai de grimper cette marche dans l'escalier de la victoire et j'assassinai tout ce qui trouvait devant moi. En travers de mon bonheur. Les monstres tombaient un à un et je commençais à créer une brèche dans la horde ennemie. Je me hissai avec espoir. Je traversai cette armée, en semant la mort. Et mes compagnons d'armes, comprenant ce que je faisais, vinrent me soutenir et ensemble nous perçâmes le mur de la défaite. La vague ennemie ne fut plus que sang et cadavres au sol. Elle n'était pas prête de revenir s'abattre sur nous. Une partie de l'armée était en déroute, c'était une petite victoire sur la bataille, une marche vers la victoire dans cette guerre. Nous avions perdus beaucoup de soldats, et la plupart de l'armée adverse s'était repliée. Le combat avait été ardu. Essoufflés et vidés d'énergie, nous devions faire face au reste des attaquants pour ne pas dégringoler de l'escalier de la victoire.

        Les lâches monstres qui s'étaient enfuis firent malheureusement place à bien pire.

    A présent, de vrais soldats, les trois légions d'élite et enfin Obnut muni du katana magique (malheureusement) nous attendaient devant les portes du casino. A la base, Obnut nous attaquaient. Maintenant que nous nous étions découvert une rage hors-du-commun et un militarisme solide, nous allions attaqué le repère du tyran...et lui-même au passage. Étonnamment, celui-ci fut le premier à s'avancer au devant de nous. Les combats entamés s'arrêtèrent. Deux lignes s'étaient formées et Obnut était en train de marcher dans le no man's land. Il foulait la terre battue  de façon nonchalante. Le monde semblait s'être mis en pause, nous retenions notre souffle : nous nous attendions à une mauvaise surprise... Enfin, le dirigeant ennemi s'arrêta à une vingtaine de mètres de nous, l'armée prête à le combattre. Impassible, il nous jaugea, nous observea un à un. Son regard perçant fit le tour de nos troupes. Soudain, une froideur paralysante m'envahit peu à peu : je sus ce que cela signifiait. Le Sentiment. Obnut était vraiment très proche et je savais que s'il me regardait dans les yeux je calancherai. Je remballai ma fierté et me forçai à fermer les yeux. Il déclara, brusquement dans le silence environnant :

        « Tiens, tiens, tiens, ce cher Pissotroum ! Tu te caches ? »

       Il m'avait repéré et il me mettait au défi. J'étais faible. Tellement que, sous le poids de ses paroles, je tombai à terre. Mes alliés étaient grandement consternés, le despote en profita pour s'avancer vers moi. Je regardai par terre mais je sentais sa présence au-dessus de moi. Et à cause de sa présence, on s'écartait de moi. J'étais bel et bien à sa merci, seul comme jamais. Il brandit alors son katana, lentement, au-dessus de sa tête, prêt à me frapper. Ça serait vraiment chouette si, à ce moment, arrivait une chose venue de nulle part qui arrêterait Obnut, comme « par hasard ». En entendant le sifflement de l'arme qui fendait l'air, je réalisai que j'allais mourir. Je n'étais pas l'Elu. Je n'étais qu'une simple victime. 

       Une force spontanée me poussa alors sur le côté. Hein? Je vis mon ennemi froncer les sourcils, la lame me rata de peu. Mais subitement, je sentis une douleur effroyable me transpercer les côtes. Je m'écroulai alors, en soulevant un nuage de terre. Rapidement, par réflexe, je tâtai le point où se concentrait la douleur, avec ma main. Mes doigts étaient rouges... Un rouge net, concret, sombre. Je décidai d'ignorer ce que cela signifiait : je me relevai.

        « Mais c'est qu'il est bien coriace ce minable. Hé hé, ça risque de ne pas durer, me lança Obnut.

        -Tu...n'as pas...vu la suite. »

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant