Chapitre 4-Gratte, gratte...

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    (pour accompagner la lecture de ce chapitre, nous avons J'DEVIENS FOU de Gambi)

     Il me semblait avoir encore un long chemin à parcourir avant d'arriver chez moi, comme si marcher le tableau à la main devait durer une éternité. Je suais abondamment. Mes mains étaient moites. Mes pas se faisaient pesants. J'avais vraiment grand besoin de dormir. Je devais être bien pâle parce que les gens s'arrêtaient pour me demander si tout allait bien. Une infirmière vint me dire qu'elle avait des médicaments, si jamais j'avais un réel problème. Je déclinai poliment sa proposition. Au bout d'un certain temps, le monde autour de moi parut disparaître dans un brouillard flou. La réalité se transformait... Je ne bougeai que par la volonté de rentrer chez moi, en sécurité. Mon esprit me jouait de sacrés tours. Ainsi, ce calvaire était très long parce que je ressentais le moindre détail de cette expérience pesante. Chaque goutte qui coulait sur mon visage était semblable à une entière douche et puis, les secondes semblaient ne jamais accomplir une minute, en s'égrainant. J'avais même l'impression d'être Harry Potter, portant une marque ardente, une cicatrice qui s'activait dès que mon ennemi était suffisamment proche. En l'occurrence, mon ennemi se trouvait dans ma main, sous une épaisse couverture. Attendez, je viens vraiment de dire qu'un tableau pouvait être mon ennemi? Oui c'était comme si celui-ci me menaçait de mort. J'avais peur. Peur qu'il arrive quelque chose. D'effrayant. Bouleversant. Irréel. J'avais des sensations de chaleur et de froid sous ma main, malgré la couverture qui recouvrait le tableau.

    J'étais au bout de ma vie quand j'aperçus enfin ma maison. J'y étais presque! Allez, encore un petit effort! Ça n'était pas la mort quand même, de faire une centaine de mètres à pied. Sauf que... Soudain, une violente crampe d'estomac m'obligea à me cambrer, puis à reprendre mon souffle en m'agenouillant au sol. Je me relevai doucement, comme si le sol allait céder sous mes pieds, pour me mener aux Enfers. Tant bien que mal, je me remis à marcher quand...le phénomène se répéta. Je dus encore souffler avant de me remettre en marche. Mes violentes crampes d'estomac se manifestèrent environ tous les dix mètres. J'avais cent mètres à parcourir, je vous laisse faire le calcul...

      Arrivé devant chez moi, je ne savais plus quoi faire. Comment tournait-on une clé déjà? Tant bien que mal, j'y arrivai. Wouaouh, j'étais enfin arrivé. Je déposai soigneusement le tableau, à l'entrée, ne pouvant plus supporter son contact vicieux. Je l'appuyai contre le mur, comme s'il s'agissait d'une bombe. Puis je me hissai péniblement jusqu'à ma chambre. Je me vautrai dans mon lit. Aaaah que c'était agréable après toute cette souffrance!

     J'étais complètement vidé de mon énergie. Je regardai mon radio-réveil: il était 9h11 exactement. Bon au moins j'avais un repère dans la réalité, vu qu'après les événements fantastiques, je n'étais plus sûr de rien. Doucement, tout doucement, despacito, softly, je m'endormis. Les bouleversements ça épuise ! Cependant, deux heures plus tard, je me réveillai en sursaut à la suite d'un rêve concernant le Sentiment... Je l'oubliai dans la seconde où je me réveillai. Heureusement que ça n'était pas la réalité, je me souvenais juste qu'il avait été vraiment horrible. Tous les événements de la matinée, puis du rêve avait semblé si réels, mais haha c'était impossible. Avec cette insouciance, je me levai de mon lit. Je me dirigeai vers le salon.

     Héhé, haha, aha, aaaaaah!!! Trempé de sueur, je pris le temps de respirer et mon cœur put se remettre à battre paisiblement. Quelque chose m'avait fait sursauté. En tendant l'oreille, j'entendis un léger grattement, continu. C'était exactement le genre de truc qui, au réveil et seul chez soi, vous fait battre le cœur à 200 km/h. Le pire étant que je venais de vivre un cauchemar et une drôle de matinée. Tant pis pour le contrôle de soi et la relaxation, mon cœur n'arrêterait pas de battre frénétiquement. J'allai voir d'où provenait l'étrange bruit; puisque je n'allais quand même pas rester cloîtré dans ma chambre toute la journée, à me pisser dessus. Pour me rassurer, je me dis que c'était sûrement des souris. Mais après ce qui m'était arrivé, j'avais du mal à le croire. Et en effet, après quelques pas dans le couloir froid et presque me chuchotant de fuir, je découvris que le grattement provenait du tableau. "Gratte gratte" faisait-il. Brrr je n'avais jamais entendu un bruit aussi normal devenir aussi effrayant. Normalement, j'associais cet onomatopée à des caresses que l'on faisait à un chien ou à un chat. C'était censé être quelque chose de doux et réconfortant...sauf que, dans ce cas-là, c'était tout le contraire. L'angoisse me noua la gorge. La peur me parcourut de haut en bas, en un frémissement froid. Je m'approchai délicatement et, d'un geste sec, enlevai la couverture recouvrant le tableau. Subitement, je me sentis happé par les ténèbres, j'avais la tête qui tournait ; décidément le Sentiment était revenu à l'attaque. Nooooooooooooooooooooon... Encore trop faible pour résister, je m'évanouis.

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant