Chapitre 50-L'évasion

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     Nous étions parés. Quand la nuit tomba, nous partîmes sur nos bateaux à moteur respectifs. J'étais donc en compagnie de Youssef, JB et Louane. La dream team, par excellence. Mes premiers amis à "Affronter le tableau" en fait. C'était des vrais et j'étais rassuré en leur présence. L'évasion se passera bien , j'en suis convaincu. Presque convaincu. Pourquoi?

     Bah parce que une terrible tempête faisait rage et à tout moment nous passions par-dessus bord. Dans ce cas-là, ça serait game over. Heureusement, nous étions rodés à la navigation marine. L'entraînement avait payé. Même quand une vague de sept mètres se dressa devant nous. Nous nous plaçâmes dans une position adéquate par rapport à la vague. Impossible que l'on bascule! Ça a secoué, mais rien de grave, nous étions seulement trempés jusqu'aux os. Après bien des vagues et des sensations fortes, nous arrivâmes sur l'île de la prison. Nous coupâmes le moteur et pagayâmes sur la dizaine de mètres qu'il nous restait, pour faire le moins de bruit possible.

     Nous accostâmes. Il y eut un bruit sec quand le bateau toucha la rive. Nous prîmes une corde, pour l'attacher à un arbre. Parfait. Nous enfilâmes prestement les vêtements de gardien. Puis il nous fallait attendre le signal de nos camarades, partis attaquer la prison. Il ne fallut que deux minutes pour que l'on commence à entendre des détonations sonores. La bataille sur l'eau avait commencée. La terre volait non loin de notre position. Il semblait difficile de tirer dans ce brouillard épais et avec les conditions de la tempête sur la mer.

     Pourtant, la diversion fonctionna car Youssef, JB, Louane et moi entrâmes, chacun à tour de rôle et avons passé le contrôle de sécurité avec succès. Et oui, nous n'avions pas encore d'armes sur nous. Hé hé, cela ne saurait tarder...

     Nous nous dirigeâmes vers l'armurerie. Nous savions exactement où étaient placées les caméras, ainsi que l'armurerie. Celle-ci se trouvait au point le plus éloigné des prisonniers, c'est-à-dire sous-terre. On se sépara en deux groupes. Ainsi, j'allais devoir faire équipe avec JB, qui avait été amoureux de Louane pendant un bon moment. J'espérais que ça n'était plus le cas, autrement l'ambiance ne serait pas terrible.

     Nous progressâmes jusqu'à la cellule de mon père. Askip c'était un criminel, il n'en avait pas du tout l'allure. Il était encore habillé de son costume trois-pièces, celui qui servait à conclure des affaires, qui rapportaient beaucoup. Le bleu marine s'était ternie en un bleu-gris fade. Ensuite, il était décoiffé et avait des poches impressionnantes sous les yeux. Les effets de six mois de prison se voyait très bien sur son visage fatigué.

     Il nous vit et s'exclama, interrogateur:

     "Luke?! Qu'est-ce-que tu fais là, fiston?!

     -Je suis venu te libérer... Moins fort Papa", lui chuchotai-je en réponse.

     Il sourit de toutes ses dents jaunes. Beurk, on ne se brossait pas les dents ici? Je ne m'en souvenais plus... En tous cas, nous ouvrîmes sa cage, à l'aide de clé que nous avions dérobé discrètement à un gardien lors du contrôle de sécurité. Il s'agissait d'une clé passe-partout.

     Alors, pour semer la confusion, on libéra quelques prisonniers, une dizaine à peu près. Parmi eux, je reconnus Cheveux Blonds qui me dit:

     "Je savais que tu étais l'élément-clé à notre libération, Pissotroum."

     Louane et Youssef arrivèrent avec des armes. Nous attendîmes le dernier moment pour armer les prisonniers, dès que nous nous trouvâmes face à une armada de gardiens, armés jusqu'au dents. Sauf que nous l'étions encore plus qu'eux: en quelques coups de feu échangés c'était terminé. Nous n'avions perdu qu'un prisonnier, mort en se prenant une balle dans la tête. Les blessures étaient superficielles, à part Cheveux Blonds qui saignait abondamment de la cuisse. On lui fit un bandage, afin de cautériser la plaie. Clopin-clopant, on s'enfuit avec elle.

     Nous arrivâmes au bateau. Les bateaux qui étaient chargés de tirer contre la prison avaient disparus. Je compris vite pourquoi. Cinq bateaux fonçaient sur notre bateau accosté. Nous étions une vingtaine -d'autres détenus s'étaient joints à nous. Il s'agissait en majorité de fidèles de Cheveux Blonds. Nous embarquâmes précipitamment.

     heureusement, notre barque était équipée de deux canons. Et puis, nous avions gardé les armes dont on s'était servi pour s'échapper. La bataille navale allait commencer...

     Boum! Crac! Ha ha touché! En plein dans le mile en plus. Il ne nous restait plus que quatre bateau de guerre à éliminer. Quoique...le bateau touché par le boulet que nous avions envoyé prenait l'eau mais ne coulait toujours pas. Un puissant boulet atterrit juste à côté de notre coque. En plus, la mer était fortement agitée, ce qui rendait plus difficile le fait de viser.

     En quelques minutes, nous terrassâmes définitivement deux bateaux. Et tout ça avec le moins de dégâts possible. Nous n'avions que quelques éraflures. Le combat changea de bout en bout quand un harpon atterri sur le pont. Ils nous harponnaient pour nous aborder! Un bateau ennemi s'approchait dangereusement. Une vingtaine de soldats débarquèrent sur notre embarcation. Nous en fauchâmes dix avant qu'il ne mette un pied sur notre navire. Les dix derniers étaient aguerris au combat au corps-à-corps.

     Ce fut un sanglant combat. Notre avantage principal étant Cheveux Blonds et ses mercenaires. La moitié périrent, le reste des morts fut du côté adverse. Plus que deux bateaux à battre. Allez nous pouvions gagner! Euuuh c'était quoi cet énorme canon que les soldats adverses dressaient sur leur pont. Merde. La fameuse arme destructrice. On me raconta que c'était une arme volée à Obnut, et personne ne savait où elle était depuis plus de trois ans. Jusqu'au jour d'aujourd'hui. Le canon de la mort. Littéralement. Un énorme boulet, qui ressemblait plutôt à un obus, fusa droit vers nous. Je criai à mon père qui était aux moteurs:

     "Mets les gaz Papa!!!"

     Notre embarcation se souleva en avant et partit en flèche. A quelques centimètres, le boulet-obus atterrit. Il était juste derrière nous et nous poussa avec une puissante vague. Nos ennemis ajustaient déjà un autre boulet, avant que l'on ne puisse s'échapper. Pourtant, on s'éloignait à grande vitesse. En quelques secondes, nous étions hors-de-portée.

     Pourtant, ce ne fut pas une chose aisée d'arriver sur la plage du continent. Nous étions à peine à une dizaine de mètres des récifs que notre navire fit une embardée à droite. Droit sur les rochers. En un saut, nous arrivâmes sur la plage. Sains et saufs. Nous regardâmes la mer une dernière fois, en honorant la mort de nos camarades tombés au combat.

     Nous marchâmes un petit moment, afin d'aller dans un endroit sûr, c'est-à-dire le village des pêcheurs bleuets. Eux m'étaient dévoués corps et âme, même après la mort de Chiara, mon alliée. Nous serions à l'abri, déjà que de base le village était un village de renégats. J'espérais juste que la PA ne nous trouverait pas, déjà qu'elle m'y avait déjà trouvé. Nous fêtâmes comme il se doit notre victoire, sur la majeure partie des forces du Mal, bien qu'un Créateur soit toujours en cavale.

     Les bleuets nous avaient préparés un énorme banquet. Tout le village était présent. On tira des feux d'artifice. Du poisson et une tonne de pâtisseries étaient dressés sur la grande table. Nous mangeâmes avec appétit. Les batailles navales ça creuse. Mes amis ayant combattu en bateau, contre la prison, pour faire diversion, nous rejoignirent. Nous étions heureux...

     Ainsi se finit une fantastique et rocambolesque histoire.

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant