Chapitre 7-Il fait tout noir!

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     (ici nous avons la musique vivifiante de Ninho et Hös Copperfield "A l'aube", qui soutient la lecture)

     Quand je repris conscience j'étais dans un...je ne sais même pas où j'étais : il faisait tout noir. En tous cas ça n'était pas un endroit très confortable vu (enfin vu façon parler car en fait je ne voyais rien) les douleurs et courbatures que je ressentais. Je me sentais tout engourdi comme si je venais de sortir d'une chape de béton. J'attendis que mes yeux se furent habitués à la faible lumière environnante. J'en profitai pour me remémorer tous les événements de la veille. J'avais l'impression qu'un mois d'aventure s'était déroulé, tout était allé trop vite : la brocante, le tableau, le Sentiment, la gare dans mon salon, encore le Sentiment, cette bande « Affronter le tableau », Obnut, Jean, la panique et puis... Impatient d'en découdre, je me levai brusquement et par le même geste me fracassait le crâne contre le plafond. A ce moment-là, j'avais envie de frapper quelqu'un, de hurler. C'était trop pour moi, je défaillis et me heurtai au mur, qui s'ouvrit? Je fis irruption dans une pièce qui ressemblait à une salle de classe avec des tables disposées et des élèves. Je présume, car en fait je voyais encore un peu flou tellement j'étais ébloui. Quand finalement je retrouvai pleinement l'usage de ma vue, je vis que la salle de classe en question devait datée du XXème siècle. Le bois léger et ferme des pupitres, la lumière jaune, les uniformes bien mis, tout était bien calé, des instruments de science, un squelette humain, des balances, des lignes de visages aux yeux ouverts comme des soucoupes, une petite estrade, un professeur dessus, une règle à la main, une carte dessinée sur le tableau, à la craie blanche, les encres à côté des élèves, jeunes, proprets, curieux, intrigués. Tout cela me prouvait qu'apparemment j'avais fait un voyage dans le temps inopportun. Pour briser le silence, je dis simplement : «Euh...bonjour. » Une phrase virile et originale qui eut pour effet de rompre la torpeur du professeur. Il me questionna, reprenant sa dignité :

       « Que faisiez-vous dans le placard jeune homme ? »

       Les élèves éclatèrent de rire.

       « Silence ! Alors ?

       -C'est une très bonne question », répondis-je.

       Ses moustaches frémirent sous un brin de colère, apparemment il n'était pas habitué à ce qu'on lui parle comme ça.

       « Quelle insolence ! Je vous prie de me répondre ou j'appelle la PA !

       -Eh bien, je peux vous expliquer. En tous cas une partie, pas la peine de vous énerver j'en sais autant que vous. Je n'ai vraiment aucune idée de ce qui m'arrive: tout ça c'est à cause de ce fichu tableau et de ce maudit...

       -Vous osez traiter ainsi notre auguste image !

       -Hein ? Comment ça ? »

       Les écoliers murmurèrent entre eux. L'enseignant tapa soudain du plat de sa règle et cria :

       « Sortez immédiatement de ma salle, tocard !

       -On se détend. J'aimerais juste savoir...

       -Sortez, dit-il sèchement.

      -Je...

      -De...hors !!!

      -On va devenir sourd à force, chuchota un des enfants.

      -Hmmm...je vois que ce cher François a une petite envie de sortie. Enfile ce bonnet d'âne et soyez tous les deux expulsés, ordonna l'enseignant.

       -Oui, monsieur, répondit l'élève intéressé.

       -Je...fis-je.

       -C'est inutile monsieur, me murmura François.

VS le tableauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant