Chapitre 9

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Dans le camion, de retour pour aller au camp, le silence fait rage. Après la nuit à travailler qu'ils ont passé, ils sont tous exténués. Julien regarde chacun de ses hommes, un par un, et s'arrête sur Thomas et Louis qui dorment blottis l'un contre l'autre. A chaque secousse, leurs deux corps rebondissent et retombent aussitôt, amusant l'adjudant. Les deux avaient énormément travaillé pour décharger Pierre, cela n'avait pas échappé à Julien.

Lui qui pensait Thomas comme une cause perdue dans la solitude, il vit en le blond une chance d'accompagner le grand brun. Son inquiétude à ce sujet a donc diminué :

"Je n'aurais jamais imaginé que Thomas puisse être aussi proche de Louis..."

La voix de Jean-Charles ramène Julien à la réalité. Il réalise qu'il fixait beaucoup trop les deux jeunes. Il rigole avec un timbre assez gêné avant de regarder son coéquipier :

"Moi non plus mais ce n'est pas plus mal."

Les deux se regardent quelques instants comme s'ils partageaient leurs pensées. Ils finissent par rigoler, sans avoir besoin de dire quoi que ce soit.

Quelque chose tracassait le chef, cela n'échappe pas à Jean-Charles qui ose poser la question, Julien n'a pas pour habitude de se confier, mais pour son sous-commandant, cela lui paraissait naturel :

"Le capitaine doit venir, j'ai peur de l'annonce qu'il va faire. Vous n'êtes pas forcément prêt pour gérer une mission de reprise."

Cela faisait deux jours maintenant que Julien avait reçu cette annonce, Jean ne put s'empêcher de se dire que son chef se montait le crâne depuis. Il soupire doucement avant de regarder Marc dormir face à lui :

"Je ne pense pas, le capitaine est conscient que son neveu a encore besoin d'entraînement. Il va sûrement nous placer en entraînement intensif."

Julien fronce les sourcils sur le mot : "neveu". Qui est ce neveu du lieutenant ? Au bout de quelques instants de réflexion, le plus logique lui paraît être Louis. C'est le dernier arrivé et il ne serait pas surprenant que Jean-Charles connaisse la famille de son ami d'enfance :

"Le capitaine est l'oncle du blond ?"

Jean hoche doucement la tête, Julien ne savait pas. Les liens familiaux sont mis de côté dans l'armée. Maintenant qu'il y repense sous cet angle, il comprend mieux l'air de ressemblance entre les deux. Ils ont les mêmes yeux. Mais aussi cela explique la venue de Louis dans le groupe d'élite malgré son niveau. Le lieutenant a dû le penser plus en sécurité ici, par rapport au front.

Bien sûr que Julien n'allait pas dénoncer ce geste normalement interdit. Louis a de grandes capacités à développer, il est même devenu essentiel dans le groupe pour introduire l'élément clé : Thomas. Puis il fait du bon travail, rien que la journée complète passée, il a permis de repérer et de sauver une dizaine de victimes. Et l'idée de faire ce coup bas à son ami lui paraissait impossible, Jean-Charles ne s'en remettrait probablement pas et risquerait de lui en vouloir :

"Nous sommes arrivés."

La voix pâteuse de William en réveille quelques-uns, sauf le duo. Le conducteur arrête le camion avant de réveiller Lucien qui dormait à côté de lui. Jean se charge de réveiller son meilleur ami et le grand brun en les secouant doucement. Les deux réagissent comme des enfants se réveillant d'une sieste. Leurs paupières papillonnent en chœur, ils se frottent les yeux. Ils produisent les mêmes gestes et de façon simultanée.

Cette vision en amuse plus d'un, Louis permettait à Thomas de retrouver son côté innocent et enfantin. Jamais le grand brun ne s'était assoupi aussi profondément devant la troupe :

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant