Chapitre 12

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Après quelques jours, l'équipe s'est grandement améliorée en termes d'aptitudes aux combats, et en expérience. Ils ont enchaîné entre entraînement et évacuation pendant les deux semaines permises. Dans les prochains jours, ils allaient commencer les missions d'infiltration et de reprise de certains villages dans les abords du front. Et ce même si le moral laisse à désirer.

Jean-Charles n'est plus autant marqué par le deuil d'Evangeline, mais ne va pas mieux pour autant. Ses pensées sombres ne font qu'accroître chaque jour et il n'ose pas en parler par peur de se retrouver dans une situation, comme celle avec Julien. Même si le major se doute que cela n'aille pas mieux.

Pour le blond, le bilan n'est pas forcément mieux. Il est stressé face aux futures missions. Durant les quelques jours écoulés, un autre village qu'ils avaient évacué au préalable s'est fait bombarder. Il restait encore des habitants, ceux qui ne désiraient pas partir. Après cette triste nouvelle, il était rongé par la culpabilité. Même s'il ne pouvait rien faire. Il a peur des choses qu'il va pouvoir voir en essayant de faire reculer l'armée ennemie. Les villages envahis risquent d'être dans des états encore pires. Il se prépare à vivre un nouvel enfer, ne lui laissant guère le temps de finir son deuil :

"Fais attention où tu marches."

Sur ces mots, Louis esquive un pavé mal placé, qui sort du sol. Il dérive sur le côté, se rapprochant de son collègue. Ils viennent tout juste de finir leur zone. Ce village a déjà été fortement marqué par les évacuations. La moitié des habitants avaient pris l'initiative de s'enfuir, surtout en voyant les attaques aériennes s'accentuer dans ce coin de la carte. Mais il restait toujours ceux qui gardent espoir et espère ne pas être touché. C'est donc pour cela qu'ils terminent assez tôt et commencent à rejoindre l'équipe du centre, celle de Pierre et Jean. Là où il y a le plus de citoyens à évacuer.

Depuis leur altercation au sujet de l'homosexualité, les deux gardaient une certaine distance. Du moins le blond gardait une distance et le brun respectait cela. Ils ne parlaient plus beaucoup et communiquaient essentiellement par le regard. Par moments, la tension était trop forte, l'un cherchait à évacuer l'espace et les excuses bidons affluaient de tous les côtés.

Malgré tout, ils travaillaient encore plus efficacement se partageant le travail pour être ensemble le moins possible. Il reste seulement les moments où il faut rentrer, les soirs lorsqu'ils sont de corvée ensemble, ou alors pendant les entraînements que les deux sont obligés de garder contact. Contact physique ou contact pour communiquer.

Malgré cette distance, Thomas ressentait toujours pareil et même que ce sentiment particulier était accentué par un sentiment de manque constant. Il regrettait la discussion qu'ils avaient eue, maintenant il ne pouvait plus voir Louis rigoler et encore moins l'entendre raconter tout et n'importe quoi. Les journées étaient maussades, ternes.

Cette situation a été remarquée par tout le reste du groupe, personne ne sait ce qu'il s'est passé et aucun des deux n'a cherché à expliquer quoi que ce soit. Ils pensent juste à une dispute anodine qui se réglera bientôt :

"Louis ! Thomas !"

Jean les saluait au loin, avec de grands signes de la main. Le blond répond directement, levant son bras et criant le nom de son ami. Un large sourire apparaît sur le visage du plus petit qui accélère le pas pour rejoindre Jean-Charles qui aidait une vieille dame. Le plus vieux souffle avant de lui aussi accélérer le pas pour ne pas perdre le rythme :

"Vous avez terminé ?

-Oui ! On vient vous aider ici."

Pierre surgit de dedans la bâtisse, les bras chargés par des valises. Son regard se pose sur le duo et il se contrarie aussitôt. Il ignore les deux qui viennent d'arriver pour aller déposer le sac dans la voiture du conjoint de cette vieille femme.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant