Chapitre 20

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Ils avaient repris la marche dès que le soleil s'était levé à l'horizon, derrière les arbres et les montagnes. Dès le réveil, Thomas avait senti l'affaiblissement soudain de Louis. Bien que la veille il était marqué de fatigue, que ce soit par ses traits du visage, les cernes ou bien même son regard. Aujourd'hui c'était différent. Il sentait que chaque minute comptait. Louis ne tiendra plus longtemps, sa vitesse ayant diminué de moitié, son souffle étant de plus en plus suffocant et ses membres entiers tremblaient à chaque nouveau pas. Il avait également décelé le début d'une fièvre, une chaleur intense qui émanait du corps du plus jeune. Ses yeux pourtant pétillants avant d'aller se coucher n'étaient plus.

Cela devait faire bien trois bonnes heures qu'ils marchaient en suivant la route. Ils ont repéré un panneau quelques kilomètres avant, donnant la direction précise de Château-Thierry à quelques kilomètres après. Ces kilomètres qui paraissent durer une éternité :

"Thomas, je ne sais pas si je vais réussir."

Son corps vacillait alors même qu'il prononçait ses mots. Il parvint à se soutenir debout grâce à un arbre, sous le regard paniqué de son amant :

"Nous y sommes presque ! Ça va aller. Il faudra juste te reposer après."

Louis trouvit de la détermination et de l'espoir dans le regard de son partenaire. Il était sûr, persuadé que tout allait bien se passer pour les deux. Ce sentiment si serein lui donnait un peu confiance, un peu d'espoir là où il commence à en perdre. Il se redresse, titubant légèrement et une main posée sur sa zone douloureuse. Il pouvait sentir sa peau brûler sur les frottements du bandage :

"Essayons..."

Prêt à intervenir au cas où, Thomas reste au plus près du blessé. Il veut le rattraper si jamais il tombe à la renverse. Le porter sur son dos aurait été favorable si lui-même n'était pas aussi fatigué. Sa blessure semblait prendre moins d'ampleur que celle de Louis qui commençait à empirer.

Les deux s'arrêtent soudainement en entendant un son de klaxonne devant eux. Leur regard reprit vie en quelques secondes. Thomas s'éloigne, accélérant le pas et se faufilant entre les arbres pour enfin sortir de la forêt et découvrir les bases d'un camp militaire avec le drapeau français qui flotte sur le portail. Il n'en revenait pas, planté sur place. Il voyait tous ses soldats français bouger comme des fourmis, s'activer pour on ne quelle occasion. Louis décale la branche qui lui bouche la vue, avant que ses yeux s'écarquillent comme le soleil :

"On a réussi Louis ! On l'a fait !"

Le blond s'apprêtait à répondre mais le soulagement est tel que son corps libère toute la pression et toute l'adrénaline accumulée ces deux derniers jours. Il s'effondre directement, sous le regard vif de Thomas qui réagit immédiatement :

"Ne me laisse pas maintenant !"

Il se baisse pour soulever le corps de Louis, mais celui-ci est déjà inconscient. Il grince des dents, pris sous la panique. Ses mains glissent dans le dos et sous les genoux pour le soulever et l'emmener jusqu'au camp où il pourra être pris en charge. Il manque de glisser et de tomber à plusieurs reprises au vu de son pas de course.

Une fois près du camp, l'attention des autres soldats se posent sûr eux. Certains réagissent avec pulsion et pointe leur fusil mais ce calme en reconnaissant les uniformes français. Personne ne comprend réellement ce qui est entrain d'arriver, Thomas s'arrête devant eux, Louis à bout de bras :

"Il a besoin d'aide..."

C'est un lieutenant qui réagit en premier, il donne l'ordre d'aller chercher un brancard avant de se diriger vers Thomas et le soulager un peu du poids du corps inerte. Les autres autour commencent aussi à s'activer, deux partent chercher un brancard à l'entrée du camp. Ils reviennent au pas de course et ils sont trois pour mettre Louis dessus. Thomas part instinctivement avec les deux soldats qui transportent le brancard, laissant en plan de lieutenant encore perplexe face à cette situation. Une fois sous la tente des soins, le brancard est posé sur un lit et une infirmière vient directement au chevet de Louis pour l'ausculter.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant