Chapitre 19

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Le soleil est désormais aux abords de l'horizon. Le bois s'assombrit, les yeux des deux soldats ne pouvant plus discerner les crevasses. Ils étaient encore assez loin, environ deux à trois heures de marche. Les effectuer dans la nuit ne ferait que rendre la tâche encore plus difficile. De plus, Louis semble encore plus exténué que jamais :

"Nous devrions nous installer pour la nuit et reprendre la route à l'aube."

Après cette phrase, Louis lâche prise, il s'assoit directement dans le premier endroit qu'il trouve adéquat. Thomas quant à lui farfouille autour de la zone pour récupérer du bois sec. Son objectif est de créer un feu pour maintenir le minimum de chaleur. Il rapporte près de Louis plein de morceaux de bois, prenant deux cailloux. Des cailloux qu'ils analysent, choisis à la perfection selon les critères que son père lui a décrits dans sa jeunesse. Tout cela sous les yeux bleus du blond qui ne peut rien faire.

Une fois qu'il estime avoir ce qu'il lui faut, Thomas revient et commence à entrechoquer violemment les deux pierres dans ses mains, cherchant à créer des étincelles sur le tas de bois. Avant d'avoir un beau feu, bien prenant grâce aux branches sèchent, il a dû essayer des centaines de fois. La couleur orangée vacillante hypnotise presque Louis qui revient à la réalité lorsque son camarade se pose à genoux devant lui, son sac à la main.

Louis comprend les intentions du brun lorsque celui-ci sort le morceau de tissu et la bouteille d'alcool. Il compte désinfecter de nouveau la plaie. A contrecoeur, mais avec beaucoup de courage, il soulève son haut, mordant le tissu afin d'aider au mieux Thomas :

"Je vais faire vite."

Avec des gestes précis, le plus expérimenté commence à retirer le bandage usé pour inspecter la plaie dans un premier temps. Cela n'a pas mauvaise mine d'après son regard, il n'y a pas d'infection apparente. Il ouvre la bouteille, verse le liquide chaud sur le tissu. Rapidement, avec tintement il vient tamponner la zone ouverte, faisant grincer les dents de Louis, en plus de le faire pleurer. Le même schéma que la veille se dessine, cette fois-ci Louis n'a pas assez de force pour trop bouger. Cela permet à son soigneur de se dépêcher pour en finir au plus vite.

Une fois qu'il considère que c'est assez appliqué, Thomas dépose le torchon dans un coin et replace le bandage comme il peut. Le blond peut enfin ouvrir la bouche et laisser tomber son haut. En face, le brun commence à défaire son bandage au visage, lui aussi sa plaie n'est pas infectée. Cet alcool est très performant. Le plus jeune prend timidement l'autre torchon, il vient verser l'alcool dessus et fait aussi vite que possible. Il applique le produit partout sous l'air neutre de son partenaire qui ne vacille pas d'un pouce.

Une fois terminé, il lâche le torchon vers l'autre et remet les bandages correctement sur la blessure de son nouvel amant. Thomas se redresse et range tout dans le sac avant de venir se caler contre le tronc d'arbre. Le blond glisse pour pouvoir s'allonger à côté. Il veut juste dormir au plus vite pour rejoindre au plus tôt le camp. Dans ses yeux, on peut percevoir la flamme qui s'élève, s'évapore et s'envole. Cette flamme sauvage qui l'hypnotise encore une fois, le laissant plonger dans ses pensées profondes :

"Je sais ce que je veux faire plus tard."

Cette affirmation soudaine attise la curiosité du brun qui regardait lui aussi la flamme danser :

"Et que désires-tu ?

-J'aimerais acheter une ferme, avoir mon potager et vivre dedans, loin de la ville. Je me vois bien avec une jeune jument et un gros percheron. Puis je pourrais revendre les oeufs frais de mes poules au marché, ainsi que le lait de ma vache Marguerite."

Une idée précise qui peut paraître farfelue. Elle amuse Thomas qui ricane doucement, n'échappant pas aux oreilles du plus jeune qui se redresse avec un regard sombre :

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant