Chapitre 38

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Devant cette tombe, il était debout, le chapeau contre son cœur. Les larmes ruisselaient encore, même après 5 ans. Il venait tous les ans à cette date précise. Il se remémorait le moment où il vit les corps inertes de son neveu et de son amant. Installé nonchalamment sur des brancards séparés, l'un des soldats qui se chargeait de les ramener avait fait cette remarque. Une remarque qu'André se souvenait mot pour mot : "on les a trouvé les mains scellées, il a été dur de les défaire". Il ne put qu'imaginer ce qu'il s'était passé sur le champ de bataille pour que cela finisse ainsi. Il en avait cauchemardé avec des scénarios tous différents à chaque fois.

Après cela, il dut pendant des mois défendre le fait qu'ils devaient être enterrés ensemble. Cela étant la dernière volonté de son neveu, il y avait mis corps et âme pour y parvenir. Aujourd'hui, il pouvait lire fièrement le nom des deux hommes sur cette même stèle. Sous ses pieds, ils seraient ensemble pour l'éternité.

Il priait chaque soir pour qu'ils se réincarnent, l'un en femme et l'autre en homme. Il désirait qu'il puisse vivre cette fois leur grand amour au grand jour, sans se cacher. Se marier et même peut-être avoir des enfants. Rien que d'imaginer cela le faisait sourire, il n'espérait que cela :

"Mon amour, il faut rentrer..."

En tournant la tête, l'ancien lieutenant regarda sa femme. Dans ses bras il aperçut son enfant qui le fixait de ses yeux bleus, grand ouverts. Il pouffa, remettant son chapeau pour leur faire face :

"Tu te souviens toujours de lui ?

-Bien sûr, en pleine convalescence, il portait des caisses. Puis j'ai été marqué par la fois où il a pleuré pour la cathédrale de Reims."

André ricana, faisant sourire sa femme et sa fille :

"Aller, on doit aller voir Vesle et Marquis. Le maréchal doit passer demain, il faut les rendre tous beaux.

-Vesle !"

La petite portait une grande affection pour ses chevaux qu'elle connaissait depuis la naissance. Sous son chapeau de paille, bordé de fleur, elle tendit les bras en direction de son père :

"Oui Louise, Vesle et Marquis. Tu oublies toujours Marquis."

André accueille chaleureusement sa fille dans ses bras, le réconfortant. Ils quittèrent le cimetière, les pensées diverses et les sujets de discussions qui divaguaient, sous l'œil attentif du duo

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant