Chapitre 16

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Ses paupières s'ouvrent, le souffle qui émane de son corps est lent et calme. Thomas songe à un cauchemar tant bien que l'obscurité à l'extérieur lui retire toute visibilité. Une douleur à l'extrémité de son œil, qui s'étend jusqu'à son front l'éveille davantage. De sa main gelée et mouillée, il vient toucher la zone douloureuse, sentant quelque chose de chaud prendre la place de l'eau. Lorsqu'il essaie de regarder ce que cela peut être, il ne voit qu'une tâche noir qui s'étale de sa paume jusqu'à ses doigts. Il songe instinctivement à du sang.

Il a presque oublié qu'il s'était blessé en se mettant quelque temps auparavant. Tous les souvenirs lui reviennent rapidement alors qu'il émerge. Les derniers qu'il revoit, représente le visage terrorisé de Louis avant de sauter avec lui dans l'eau. Puis plus rien, c'est le néant. Juste la froideur de l'eau, qui le faisait frissonner.

Il se redresse, ressentant un violent vertige. Le sang qu'il a perdu commençait à avoir des répercussions, mais il n'en avait que faire. L'idée de retrouver Louis était plus importante que l'idée de se soigner ou prêter attention à son propre état personnel.

Ses grands yeux bruns dérivent autour de lui, il commence à discerner des formes dans ce lieu sombre. Il est au bord de l'eau, ses talons sont encore en contact avec le liquide froid. Il continue d'inspecter la zone mais ne repère pas son petit blond. L'inquiétude naît très rapidement en lui. Il se lève, ignorant la douleur. Les cailloux qui s'entrechoquent se mélangent parfaitement au bruit de l'eau qui ruisselle juste à côté.

En quelques instants, ne trouvant pas son camarade, Thomas songe à plusieurs scénarios tous plus horribles les uns que les autres. Commençant déjà à perdre la face, rien qu'à l'idée que Louis puisse être mort.

C'est en marchant un peu qu'il repère un amas plus blanc que les cailloux. Une tignasse blonde qu'il reconnaîtrait entre mille. Son camarade était là, allongé sur le dos, au milieu des cailloux. Il ne bougeait pas d'un poil, comme mort. Thomas se jette à son cou, tombant à genoux des cailloux plus pointus lui déchire le pantalon :

"Louis ?!"

Il commence à secouer le corps du jeune qui ne répond pas, ne réagit pas. Il commence à devenir fou. Ses yeux s'embrument de larmes, il ne veut pas le perdre. Il secoue de plus en plus le blond, espérant le faire s'éveiller. Une douleur nouvelle et insoutenable est apparue dans sa poitrine. Il retire rapidement la tenue lourde pour laisser Louis en tee-shirt. Il se penche pour coller son oreille près de la poitrine du blond. Retenant son souffle, espérant entendre un battement de cœur. Son être entier se détend en entendant un léger battement de cœur tapant contre les côtes du blond.

Les mains du grand brun s'emparent du tee-shirt du blondinet, il colle son front au torse de Louis en pleurant de plus belle. Il était soulagé que le blond soit encore en vie. La douleur dans sa poitrine s'estompe un peu et il sent les muscles de son camarade se contracter. Il se redresse, regardant le visage du blond, croisant le bleu des pupilles de son coéquipier :

"Thomas ?..."

Grâce à la lueur de la lune, Louis perçoit les lignes d'humidité sur les joues de son ami. C'est la première fois qu'il voit Thomas pleurer. Il en est perturbé, ne comprenant pas totalement la situation dans laquelle il se trouve. Il parvient à se redresser, malgré les douleurs qui envahissent son corps de toute part.

A peine est-il redressé que les douces mains du grand brun viennent se poser sur ses joues. Le front de Thomas vient se caler contre celui de Louis, laissant le blond dans l'incompréhension la plus totale. Il voyait les larmes continuer de rouler le long des joues de son partenaire, un sourire béat :

"Tu es en vie... J'ai eu si peur."

Le cœur du blond se mit à battre dans un rythme effréné. Il était heureux à ce court moment. Il comprit que Thomas avait eu peur de le perdre, lui. Ce sentiment de bonheur intense était nouveau, étranger pour le blond qui était davantage plongé dans la confusion. Au même instant, il comprit qu'il avait failli mourir. Thomas l'a encore sauvé, comme à chaque fois.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant