Chapitre 24

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Partie 3 : Un nouveau départ

"Tu vas bien ?"

La voix rauque de Thomas résonne dans la grande maison, bien que les meubles l'embellissent encore. Louis caressait du bout de ses doigts l'armoire de famille qu'il venait de céder avec la propriété. La poussière s'accumula sur le bout de ses doigts, il ne quitte pas des yeux cet amas de matière grisâtre. Un courant d'air passe rapidement, les faisant frémir. Lorsque le blond lève les yeux vers le plafond, il n'y découvre qu'un grand ciel bleu, plus lumineux que jamais. Voir sa maison détruite, ravagée tenant à peine sur ses quatre briques lui procurait une douleur intense dans la poitrine. Cette douleur que Thomas était capable de ressentir tant elle était forte :

"Je pense."

Sa voix montrait le contraire, sur le point de se briser comme son cœur l'est. Ils sortaient tout juste du cimetière où a été enterrée toute sa famille, dont Jean-Charles. Il avait bien pleuré des heures devant chaque tombes, accompagnée du grand brun qui restait silencieux, faisant juste acte de présence et de réconfort si Louis le désirait. Ses yeux bleus n'étaient plus affectés par la poussière qui volait, il ne ressentait pas les démangeaisons car le ressenti de brûlure était beaucoup plus marqué. Ils étaient aux bords rouges, c'est ce qui dénonçait ses larmes passées :

"Viens, allons voir ce qu'il reste de ma chambre."

Il se tourne vers Thomas, lui adressant un maigre sourire. N'attendant pas son compagnon, il grimpe déjà ce qu'il reste des escaliers. Chaque marche grince comme si à tout moment, les planches pouvaient se briser et faire tomber Louis dans sa cave. Mais il n'en était rien, ils arrivèrent tous deux en haut sans soucis. Le blond traverse le long couloir, s'arrêtant devant son ancienne porte de chambre. Lorsqu'il tourna la poignée, il fut surpris de la voir céder dans sa main. D'une main tremblante, il fixait le morceau de métal pendant que la porte s'ouvrait dans un long et strident grincement. En levant le regard, il perçut sa chambre intacte, telle qu'il l'avait laissée. Il faut dire qu'elle était à l'autre bout de la demeure d'où le projectile a explosé.

D'un pas timide, il franchit le bas de la porte, le cœur encore plus lourd. Thomas le suivait à la suite, et entreprit à peine entrée de découvrir chaque petit recoin de cette pièce, où Louis a vécu durant plus de vingt ans. Cette chambre était plus neutre que ce qu'il n'aurait pu imaginer. La seule fantaisie était cette affiche d'opéra collée au-dessus du lit.

Pris d'une nouvelle détermination, le blond sort un sac de son placard et récupère les quelques éléments encore entier, les calant dedans. Emportant avec lui ses photos de famille et de vie, son doudou - qu'il devra laver -, quelques vêtements et une paire de chaussures. Le grand brun restait à l'écart, il observait tous les faits et gestes pressés de son amant :

"Tu es sûr de vouloir vendre le terrain ? Surtout à un prix si bas...

-Je veux une ferme dans le sud. En ce qui concerne le prix, je n'obtiendrais pas plus vu la localisation et la situation actuelle.

-Tu pourrais attendre la fin de la guerre ?"

Les yeux du blond se plantent dans les brun. Son air partage sa lassitude à propos de cela. Il n'avait aucune envie de garder cette propriété plus longtemps, cela lui faisait trop de mal de tout voir dans cet état. Une vie entière s'est déroulée ici et il a le sentiment qu'elle est réduite en tas de ruines :

"Qui te dit que la guerre va s'arrêter un jour ?"

Cette simple question raidit le corps de l'ancien soldat, il commence à songer à cela. Il est vrai qu'il n'y a aucune certitude, mais autant garder espoir. C'est ce qu'il pensait dans son esprit tourmenté.

Le sac sur son épaule, Louis regarde une dernière fois la pièce avant de se tourner et de dépasser Thomas pour quitter la demeure. Son pas se fait rapide, pressé comme si sortir allait alléger son coeur meurtri. Il put entendre les pas discrets de son partenaire le suivre, grinçant dans les escaliers. Et tout juste après quelques foulées, il put sentir le vent caresser son visage, installé sur son porche. L'apaisement le gagnant, peut-être comme une illusion qui ne durera pas, mais en cet instant, il était présent :

"Bien, allons-y ! Allons trouver notre nouvelle maison."

Thomas à ses côtés, le vent caressant son visage d'une douceur inouïe, arbora un doux sourire. Il allait vivre à partir de maintenant, avec l'homme qu'il rêvait. Peut-être était-ce rapide, insouciant de leur part, mais ils n'en avaient que faire. Ils désiraient juste se reposer avec les dernières personnes qui leur sont chères. Loin de tout, loin des problèmes. Juste ensemble.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant