Le blond s'étire, revenant de cette journée fatigante. Derrière lui, Thomas glisse son fusil dans son dos avant de bâiller. Ils ont passé la journée à évacuer un petit village, près du front allemand.
Ayant terminé bien avant l'heure prévue par Julien, le major songe à retourner au camp. D'autant plus que Jean-Charles est soucieux depuis que le lieutenant est venu annoncer le décès des parents du blond. Ce même blond qui fait comme si tout allait bien alors que tous les soirs, il pleure silencieusement la perte de sa famille.
Il sait que Jean attend de savoir pour sa bien-aimée et que son stress lui vient de là. Il ne peut comprendre, lui ne s'attendait pas à subir cet événement. Jean-Charles doit attendre pour savoir. Il n'ose imaginer l'état des pensées de son meilleur ami :
"Je pense que nous allons retourner à la base pour ce soir."
La bonne nouvelle ravit la troupe. Le major a pris sa décision alors ils commencent à charger le camion avant de grimper dedans. C'est Lucien qui se charge de les ramener, William ayant conduit la majorité du temps.
Dans le camion, toujours en équilibre pour éviter de tomber ou de glisser sur le côté, Louis pose son regard sur Pierre qui caresse son bras anciennement blessé :
"Tu vas mieux ?"
Tous ont levé leur regard vers le blond qui vient de parler. Thomas garde sa tête calée en arrière, tournant seulement les yeux vers son coéquipier assis à côté de lui. Pierre comprend qu'il est visé, il tire une sale tronche, regardant assez mal Louis. Cela n'échappe pas à Thomas qui baisse la tête pour lancer des regards sombres en retour :
"Ça va, il est juste engourdie."
La blessure de Pierre est due à un morceau d'obus qui c'est planté sur son avant-bras. Heureusement, pas assez profondément pour le mettre en danger. Tous les matins Marc se charge de désinfecter la plaie et de la bander à nouveau. Pierre ne voulait personne d'autre pour faire ce travail. Marc doit être la personne qu'il préfère parmi tous les membres.
Louis hoche la tête, rassuré de savoir que son camarade va mieux.
Le reste du trajet s'effectue dans un silence plat, entre ceux qui somnolent et ceux plongés dans leurs pensées. Une fois arrivé, il est encore assez tôt, le soleil commence tout juste à se coucher à l'horizon. Julien partage ses ordres pour préparer les tentes, le repas et la salle où manger.
Ils se retrouvent à trois pour monter les tentes, deux en cuisine et le reste prépare la salle où nettoie grossièrement la bâtisse. Louis se retrouve dans l'équipe qui monte les tentes.
Grâce à leur efficacité et leur rapidité, ils terminent assez vite avec le grand brun et Jean-Charles. Ils peuvent donc se reposer avant le repas. Le blond décide d'utiliser ce temps bonus afin d'extérioriser ses émotions. Il se faufile dans le jardin, dans un coin près de l'étang, se plaçant droit devant un arbre.
Même s'il fait comme si tout allait bien, Louis était rongé par plein d'émotions négatives et il détestait cela. D'un coup réticent, plutôt lent, il met son premier coup-de-poing sur le tronc de l'arbre. Une vague de plaisance envahit son corps face à la douleur. Cette douleur qui la soulage, qui le punit. Il entreprend de remettre un coup, et encore un et encore un autre, et ce allant toujours plus vite, toujours plus fort.
Il ne se soucie guère de l'état de ses mains, de l'écorce qui s'enfonce dans sa peau, le sang commençant à s'échapper. Il se sentait bien, les larmes lui montaient. La colère qu'il avait enfouie, il peut enfin la libérer pour la faire disparaître. Le chagrin également, sa faiblesse aussi.
A cause de sa concentration sans faille pour viser le centre du tronc, il ne remarque pas la présence à côté de lui. D'un mouvement furtif, précis, Thomas vient stopper le mouvement en se saisissant du poignet de Louis avant que son poing ne rencontre à nouveau l'écorce. Le blond dresse les yeux baignés de larmes, à bout de souffle :
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C'est toi que je ne déteste pas
Ficção GeralUn jeune homme est envoyé à la guerre. Contre tout attente, il va intégrer une escouade d'arrière-garde chargée des évacuations. Dans cette nouvelle troupe, il va rencontrer d'autres hommes, dont un. Au départ, une tension négative planait entre le...