Chapitre 6

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C'est le dernier jour d'entraînement avant de reprendre les évacuations des villages. L'armée allemande a lancé les hostilités contre la France, chaque évacuation devient de plus en plus urgente, en ce mois d'août.

Sur le terrain d'entraînement où Thomas martyrise encore ses camarades, ils passent chacun leur tour, ils se rétament à chaque fois. Aucun n'a encore réussi à stopper le grand brun lorsqu'il se met en "mode combat". C'est un autre homme, encore plus effrayant qu'habituellement. C'est comme si son corps avait été programmé, même créé pour le combat et la guerre.

Julien finit par se lever de sa chaise quand il remarque que son équipe a vraiment perdu toute énergie. Il fait signe à Thomas d'arrêter le combat alors que c'était au tour de Louis. Le blond était à bout de souffle, cramponné sur ses deux pieds prêt, mais se fait finalement stopper par Julien. Il se sent encore capable d'apprendre alors il n'hésite pas à montrer à quel point il est déçu en râlant sans retenue. Cela n'échappe pas à l'attention de Julien qui sourit mesquinement en fixant le plus jeune. Même s'ils étaient incapables de repousser et arrêter les attaques de Thomas, ils avaient tous amélioré leur compétence.

Dupoids est un homme qui a été entraîné durant toute sa vie, c'est une élite à lui seul.

Or, Julien sait pertinemment qu'on ne peut pas créer une élite en seulement quelques mois. Malgré tout, le niveau de ces hommes dépasse sans nul doute ceux des soldats lambdas sur le front.

Le seul dont le niveau peut être semblable à celui d'un soldat sur le front, c'est celui de Louis. Étant le dernier venu, il n'a pas acquis autant d'expérience que ses compères et est donc, malgré lui, le plus faible du groupe :

"Louis passe en dernier et après on arrête."

Les cinq autres soupirent longuement d'aisance due au mot "arrête", le carnage allait se terminer. Ils se placent tous de façon à pouvoir assister à la future scène probablement amusante qui va s'offrir à eux. Ils en profitent pour reprendre leur souffle :

"Oui commandant !"

Le petit était déterminé, se cramponnant à nouveau sur ses deux pieds. Le paria se met en place lui aussi, le regard rivé sur sa cible. La règle est que Thomas n'a pas le droit de bouger tant que sa cible n'a pas bougé non plus. C'est donc un jeu de regard, où Louis en profite pour élaborer une fine stratégie espérant, ne serait-ce que toucher Thomas.

Une fois qu'il se sent prêt, il court rapidement jusqu'au grand, de décalant la seconde juste avant que Dupoids ne puisse l'atteindre avec sa main. Sa rapidité est propre, son contournement juste, ce qui surprend tous les autres de son équipe. Malheureusement pour lui, Thomas reste meilleur et le brun réagit plus vite en se tournant et se saisissant du bras tendu de Louis qui allait faire sonner sa victoire.

Le regard de Louis pourtant si déterminé se transforme en regard apeuré de savoir ce qui va lui arriver. Thomas se contente juste de baisser le bras du blond et de lui infliger une perte d'équilibre en tapant au niveau des chevilles. Sans grande surprise, le blond se rétame à même le sol, son nez s'enfonçant dans la terre retournée. Un gémissement de douleur et de peur qui franchit la barrière de ses lèvres. Les autres qui avaient un court espoir soupirent, se relèvent pour débuter de nouvelles activités :

"Tu y étais presque Louis, bravo."

Julien s'accroupit pour tapoter l'épaule du blond de façon amicale et se redresse pour partir à l'opposé, donner quelques instructions pour la fin de journée. Louis ronchonne discrètement, se mettant assis sur ses fesses ne retrouvant pas la force de se relever tout de suite.

Il remarque une ombre qui se tend vers lui, en relevant la tête sur le côté, Thomas lui tend la main avec la volonté de l'aider à se mettre debout. Le blondinet saute sur l'occasion et dépose sans hésiter sa main dans celle du grand brun. Un choc suivit d'un frisson parcourt le bras des deux collègues alors que Thomas aide Louis à se relever. Ils venaient de s'échanger un coup de jus, ce qui fit rire joyeusement Louis :

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant