Chapitre 37

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Louis remit son casque correctement sur ses cheveux blonds. Il tourna la tête vers Thomas, le lever du soleil étant de plus en plus marqué dans le ciel. Ils s'échangèrent mille messages secrets qu'eux seuls pouvaient comprendre. Se plaçant dans les fils avant d'atteindre les échelles, faisant en sorte d'être au même niveau tous les deux, pour partir en même temps.

La tension grimpait, Timoté qui s'était calé derrière le blond tremblait comme une feuille. Un enfant n'a rien à faire ici, songe Louis, dans sa tête remplie de pensées parasites. Les soldats en premier, à mi-chemin de l'échelle, priaient à voix haute, les mains jointes et le regard rivé vers les cieux. Le blond se mit à faire de même, collant ses mains ensemble et priant de sortir vivant avec son compagnon. L'espoir naissait en lui, ce morceau de fils aussi fin qu'un fils de toile d'araignée. Ce fils qui pouvait se casser au moindre coup de travers :

"Attention, préparez-vous !"

Les souffles s'affolèrent, les regards miséreux apparurent pour marquer les traits des soldats qui s'apprêtaient à se sacrifier dans l'espoir de percer la tranchée ennemie. Un dernier regard pour les deux amants, sous le coup de sifflet du lieutenant qui envoya la première slave.

Sous ce son retentissant, les premiers soldats montèrent rapidement, le regard avide, prêt à faire face à leur destinée. Les canons se chargeaient derrière eux, commencèrent à exploser comme la veille. Le son assourdissant cachait presque les sifflements pour les soldats suivants.

Les allemands ne tardèrent pas à répondre à l'offensive française. Les obus éclatèrent faisant jaillir des amas de terre qui s'écrasaient sur les casques des soldats encore dans les tranchées. Les prières s'élevèrent dans des tons fous, certains soldats perdaient la raison à proximité de l'échelle. Un eu le malheur de se retourner pour rebrousser chemin, se faisant abattre sur-le-champ par les soldats chargés de cette tâche. Son corps s'étala sur le sol, inerte, sous le regard de tous les autres qui réprimèrent cette envie folle de fuir.

Il valait mieux mourir avec honneur, que de déshonneur comme lui.

Le duo s'approchait des échelles, les sifflements affluaient jusqu'au moment où ils purent toucher les bouts de l'objet en bois. Le regard rivé vers le haut, Thomas fixait le soldat juste au-dessus de lui, se voyant déjà à sa place. Le sifflet retentit à nouveau, et ils disparurent rapidement sous les éclats de balle et d'obus.

Ils prirent donc leur place, les yeux toujours rivés devant eux sans même vérifier que l'autre soit aussi installé. Le lieutenant souffla rapidement dans cet objet métallique, les membres du blond réagirent seuls alors que son esprit divaguait déjà ailleurs. A peine il put percevoir le terrain de guerre, voir les corps joncher le sol le frustre au plus haut point. Il pouvait observer les obus exploser et propulser plusieurs autres soldats.

Le cœur battant à la chamade, il partit à la recherche du réconfort qu'il trouva en croisant ses yeux bruns. Le souffle coupé, les deux parcoururent rapidement, toujours en avançant, la distance qui les séparait :

"Cache-toi dans les crevasses dès que tu le peux et avances lentement !"

La voix rauque du brun était tout juste audible. Mais Louis comprit, cherchant déjà ces fameuses crevasses boueuses. Il en repère deux sur son chemin, courant à plein poumon dans cette direction et s'enfonçant dans la première. L'eau débordait à cause des pluies des jours d'avant, des corps étaient présents. Le plus choquant resta le bras arraché sur lequel il faillit trébucher. L'odeur de soufre et de poudre à canon se répandait dans ses poumons, manquant de peu de l'étouffer :

"Avançons !"

Il suivit les ordres de son partenaire à la lettre, suivant au plus près, l'arme dressée en direction des tranchées ennemies. Ils rejoignent ainsi l'autre crevasse, déjà plus près. Ils pouvaient déterminer les casques des allemands recroquevillés dans leur cachette. Mais cela n'était pas assez prêt.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant