P1 - Chapitre 1

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Partie 1 : Dans l'arrière-garde

Un jeune garçon serre fortement sa mère dans ses bras. Le père de famille, beaucoup trop âgé pour aller lui aussi sur le champ de bataille, a les larmes aux yeux de voir son jeune fils partir. La mère n'attend plus pour pleurer à chaudes larmes, son emprise autour de son garçon ne fait que s'accentuer ce qui commence à faire naître un inconfort chez l'enfant. Les larmes lui montent à lui aussi. Cette famille est très fière mais les parents sont très peureux de ne jamais voir leur petit protégé revenir de cette guerre.

Le vieil homme se voit obligé d'éloigner sa femme en la tirant doucement en arrière. Il place un bras autour d'elle, lui démontrant tout son soutien dans cette épreuve difficile. Le fils les regarde de ses yeux bleus, un petit sourire niait collé sur le visage. Il a très peur et appréhende ce qui va lui arriver en rejoignant l'armée alors que celle-ci va entrer en guerre. Mais il n'a pas vraiment le choix, ce sont ses obligations en tant que citoyen que de défendre son pays. Le lieutenant arrive derrière le garçon, adressant un petit sourire réconfortant aux parents :

"Il va être l'heure de partir. Ne vous en faîtes pas, je prendrai soin de lui, il en va de soi ma soeur. Viens Louis, suis-moi."

Ce capitaine est un proche de la famille. Il faut dire qu'au vu de leur statut, il avait beaucoup de contact avec des personnes importantes. Le grand soldat tourne les talons et Louis adresse un dernier sourire et un dernier regard à ses parents avant de lui aussi tourner les talons, suivant de près son chef. Autour de lui, il pouvait voir toutes les familles pleurer et sourire de façon nerveuse. Le départ des nouveaux et jeunes combattants laissait place à la tristesse chez les parents et les familles. Des pleurs d'enfants sont audibles, ceux qui ne veulent pas laisser partir leur grand frère dans cet endroit si effroyable que représente la guerre. Pourtant, tous connaissent la valeur et l'honneur d'être soldat. Les émotions et l'amour prennent, pour la plupart, le dessus avant la fierté :

"Monte, nous allons rejoindre ta future escouade."

Sur ces ordres et sans se retourner, il grimpe dans le camion d'une couleur terne tirant sur le kaki. Il n'a aucune idée d'où il va atterrir mais tout ce qu'il sait, c'est qu'il va tout faire pour rentrer chez lui et retrouver ses parents. Il s'assoit sur le banc, les soldats ne s'accordent pas vraiment d'attention entre eux, prenant place dans le calme. Une certaine ambiance maussade est présente dans cette voiture ce qui tend encore plus le jeune homme. Le camion démarre et part quelques minutes après, sous les pleurs et les encouragements  des habitants.

Le trajet dure de bonnes heures, personne n'ose vraiment prendre la parole. Certains descendent avant d'autres pour rejoindre leur camp, leur groupe. Louis reste assis dans cette camionnette, restant jusqu'à la fin, regardant tous ceux qui descendent avant lui avec un regard encourageant. Une fois seul, il se montre nerveux ne sachant pas où il va atterrir. Pourquoi est-il le seul ? Le dernier ? Tant de questions parcourent ses pensées que cela l'empêche de se rendre compte que le camion s'arrête. Il revient à lui quand le général tape contre les parois du véhicule. Le jeune réagit rapidement et de façon assez maladroite en se redressant et quittant la remorque :

"Nous sommes arrivés, c'est l'escouade d'arrière-garde. Tu es dans une petite équipe et vous devez vous occuper de faire évacuer les villages avant l'arrivée de l'ennemi si celui-ci s'enfonce dans les terres."

La première chose qui vient en tête du blondinet c'est qu'il a toutes les chances de survie dans cette équipe. Il est loin du front. Mais comment cela se fait ? Lui qui s'était préparé à l'horreur qu'il allait subir, il se retrouve dans une petite équipe. Il suit le lieutenant sans dire un mot. Il traverse un champ de tente, mais il n'y a personne à l'horizon. L'endroit est désert. Il marche dans le silence jusqu'à un bâtiment qui semble vieux et tout délabré. Il peut désormais entendre des voix, suivies de rire. Le capitaine ouvre la porte et en effet, la pièce est pleine de vie. Mais un silence de plomb surgit lorsque tous les soldats observent leur supérieur. Celui-ci entre dans la salle et demande le rang. Tous les soldats, même le petit Louis, prennent une posture droite, les mains dans le dos et le regard droit :

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant