Chapitre 21

18 3 0
                                    

C'est seulement le lendemain du départ du grand brun que Louis a daigné ouvrir les yeux. André en était plus que rassuré, toujours à son chevet depuis son arrivée. Les ordres des infirmières ont été très clairs, Louis ne devait pas bouger de son lit avant qu'elles ne le disent. Il restait donc allongé, ou assis contre le poteau en bois qui tient la tente. Il avait encore mal lorsqu'il bougeait, mais c'était devenu plus que supportable. Ce n'était en rien comparable à la douleur qu'il a ressenti et qu'il ressent encore quand André lui a avoué que Thomas était parti.

Le temps avec son oncle lui paraissait long bien que de temps en temps, celui-ci devait reprendre son titre de lieutenant pour aller régler quelques conflits dans la base. A ce moment-même, les yeux du blond étaient rivés dans le vide, son esprit plongé dans une lourde réflexion, seul. Il n'entendit même pas l'entrée du second lieutenant présent sur la base, alors que celui-ci s'avançait de pas lourd en sa direction. Ce n'est qu'en ressentant une forte présence que Louis émerge, dressant le regard vers le grand homme, les yeux interrogateurs. Il reconnut les décorations qu'arboraient les grands capitaines de l'armée, il se redresse vivement dans son lit, retenant une grimace de douleur :

"Mon lieutenant..."

Il essayait d'être le plus formel possible, allant jusqu'à réaliser le salut militaire malgré le tiraillement que cela lui cause. Les yeux marron de cet homme lui rappelaient vaguement Thomas, il en était perturbé :

"Tu es réveillé. J'ai cru comprendre que tu étais un soldat qui accompagnait mon fils depuis plusieurs mois ?"

Ses yeux bleus s'ouvrent en grand, réalisant qui était ce fameux lieutenant et pourquoi ce regard était si ressemblant à son partenaire. Il en déglutit presque, il n'avait jamais songé à faire cette rencontre d'autant plus qu'il pensait le père de Thomas décédé. Puis toutes les paroles au sujet de l'enfance du brun lui revinrent, ses yeux s'armèrent comme des fusils tant la colère était forte, cet homme avait fait beaucoup de mal à son camarade, il ne pouvait l'accepter :

"Oui."

Son ton se faisait plus insolent, attisant l'amusement chez le vieillard qui s'assoit sur la chaise de façon soutenu :

"Tu dois être proche de lui pour qu'il t'ait sauvé la vie en risquant la sienne."

Une nouvelle fois, Louis manqua de déglutir tant la pression était forte. La colère était autant présente que le malaise. Son corps représentait une certaine guerre entre ces deux émotions :

"Plutôt oui..."

Il repensa au baiser qu'ils s'étaient échangé dans cette cabane abandonnée. Ses joues teintèrent d'une couleur rougeâtre, il dut baisser la tête pour ne pas inciter les questionnements à ce sujet :

"Thomas, a-t-il rencontré une femme ?"

L'emprise que le jeune portait sur ses draps se renforçait doucement, ses yeux pourtant déjà bien écarquillés s'ouvraient encore plus. Pendant plusieurs secondes, il ne sut quoi répondre. Ce père n'était pas au courant, ce qui paraissait logique. Il se contente de redresser la tête, souriant bêtement :

"Non je ne pense pas. Pourquoi ?

-Il a changé, il a envie de se battre. Je pensais qu'il avait rencontré quelqu'un à aimer, mais tu ne dois pas être au courant."

Comment pouvait-il dire que c'était lui cette "femme". Il s'en mordit les lèvres, sous la voix rauque du vieux qui commençait à parler tant bien que le cerveau du blond devenait une tornade. Il cherchait au mieux à remettre quelques idées en place, histoire de paraître saint devant ce lieutenant, mais il n'y arrivait pas.

C'est toi que je ne déteste pasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant