Pdv Kirishima
La lumière me fait froncer les sourcils. Quelque chose ne va pas. Je n'ai pas besoin de savoir quoi, je le sens.
Ma main passe sur le matelas et n'y rencontre personne. Je me redresse d'un coup, soudainement parfaitement conscient, et ouvre les yeux. Le lit est vide. Je retourne la couverture, ouvre la bouche pour l'appeler.
La porte s'ouvre, je me retourne.
Mina entre, petit-déjeuner en main. Son sourire tombe. Elle tente de garder constance.- Eijiro, hum... Katsuki, il est sorti?
- Je sais pas... Je-Ma gorge se serre, et des milliers de possibilités fusent. Le silence est bruyant et m'étouffe.
La salle de bain s'ouvre à son tour. Katsuki, les cheveux trempés et la taille couverte d'une serviette, en sort.- Ah! Salut, Mina ! Bien dormi, Eijiro ?
Je lui jette un coussin dessus. Il se penche pour l'éviter.
- Heu... Ça va? Joli lancer.
- T'étais où ??
- Bah, là. Je prenais une douche.
- Préviens, non?? J'ai cru que t'avais disparu !
- Je voulais pas te réveiller.Mina soupire de soulagement, et se bloque lorsqu'elle croise mon regard. Que je m'inquiète, c'est une chose. C'est normal. Qu'elle aussi, et surtout à ce point, c'est étrange. Il y a quelque chose qu'on ne me dit pas et ça ne me plaît pas.
- J'ai, hum.. j'ai fait les macarons, du coup. Comme tu me l'avais demandé, Katsuki.
Il lève un sourcil. Elle le fixe avec insistance. Ses yeux s'agrandissent et il sourit.
- Ah! Merci, t'es au top.
Pdv Katsuki
Eijiro sort du lit et enfile un haut.- Je sors. J'ai besoin de prendre l'air.
En partant, il lance un regard lent aux macarons, à Mina, puis à moi. Ses yeux sont froids, sa voix sèche. La porte claque.
Mina soupire.- Comment tu te sens?
- Bizarre. Comme si je brûlais. Je pensais que mettre de l'eau calmerais la douleur, mais non.Elle hoche la tête. Il est trop tard pour faire quoi que ce soit maintenant, de toute façon. Je savais ce que cette décision impliquerait.
Pdv Kirishima
J'arpente les rues au hasard. Toute la ville semble déjà être dehors. Je ne me demande même pas pourquoi tant la réponse est évidente. Il fait un peu froid, mais c'est tolérable.
Dans les coins un peu plus reculés, quelques pièces de monnaie s'échangent. Des paris, je devine. Pour ce soir. Jouer de l'argent sur la vie des autres, voilà à quoi se résume l'humanité.
Je me rapproche. Pour la première fois, Le Monstre n'est pas le favori. Pourtant, aucun adversaire ne lui est précisément assigné. Sur les tableaux et les affiches, seuls deux noms sont inscrits : son surnom, et ''l'arène''. Il se bat contre la fatalité de la mort. Contre un destin imposé par quelqu'un de plus puissant que nous. Par...
Qui dirige l'arène ?
Et s'il disparaît, qu'adviendra-il d'elle?
La poitrine en feu, j'avance à pas rapide jusqu'à l'entrée de la structure. L'homme à l'entrée m'arrête.- Ce n'est pas ouvert.
- Je viens voir le maître de l'arène.
- Les visites ne sont pas autorisées.
- Je viens parler affaires. J'ai un contrat qui devrait vivement l'intéresser.Il hésite. Je sors une petite bourse de ma poche. Les pièces qu'elle contient s'entrechoquent, et je devine que la volonté du garde flanche. Il finit par ouvrir la porte.
- Vingt minutes. Pas une de plus.
Je m'engoufre dans l'allée sombre. Je la connais par cœur. Cinq mètres dans le noir, puis les gradins à gauche, d'autres à droite, et l'arène en face. D'habitude, cette dernière voie est impossible d'accès. Mais le combat n'a pas encore commencé, alors il n'y aucune raison de bloquer le chemin.
Mes pieds foulent le sable de l'arène. Je m'arrête. D'ici, dans ce calme, seulement entouré de pierre, je peine à imaginer la foule hurlante, les veines qui se vident, les peaux qui blemissent. Tout ça, tout ce décor, ça ne ressemble à rien d'autre qu'un salle de spectacle. Et c'est exactement ce que c'est: un simple divertissement. Du théâtre. Seulement, les acteurs ne jouent pas. Des pions, comme un jeu d'échecs géant. Il faut bien sacrifier des pièces pour que le roi l'emporte.
Une seconde passe. Je secoue la tête : le temps presse, je n'ai pas le temps de penser à tout ça. Le soleil ne va pas tarder à commencer sa redescente, et je dois me dépêcher d'agir.
Je foule le sable d'un pas, puis de deux. Les quelques grins de sable beiges se dispersent et dévoilent la véritable apparence de ce lieu, qui, j'en suis sûr, ne peut être que l'Enfer. Sous mes empreintes, de petits amas de sable se sont formés, rassemblés par un liquide poisseux et puant. Je grimace, dégoûté par la vue, et écoeuré de l'histoire qu'elle traduit.
Et puis j'entends un son. Même pas un bruit, plutôt une variation de l'air. Une légère respiration, l'expression d'un effort. Au sol, une ombre se détache de la mienne. Quelque chose se pose avec force sur mon visage, et je devine une main. L'oxygène me manque, je me débats, mais c'est trop tard. Mes gestes se font gauches, maladroits, ridicules. Mes pupilles ne se concentrent plus sur rien.
Mes oreilles bourdonnent.
«Voilà qui nous promet du grand spectacle, ce soir.»
Et puis plus rien.Pdv Katsuki
Debout au centre de la pièce, presque nu, je laisse Mina examiner mon corps. Elle tourne, les yeux montant et descendant le long de ma peau.- Ça a l'air d'aller.
- J'ai combien de temps ?
- Deux jours, au maximum. Peut-être moins. C'est la première fois que je fais ça, c'est difficile de donner une réponse avec certitude.
- Ouais, je comprends. Je n'ai pas besoin de deux jours, de toute façon. Un suffit.Elle baisse les yeux.
- Tout va bien, Mina.
Elle m'enlace. Ses bras me serrent si fort que je sens le battement de son cœur. Tout à commencé dans l'arène, et tout finira là-bas. Il n'y a pas à s'inquiéter. Eijiro échappera à tout ça. Tout va bien.
Ma gorge se serre. Ma poitrine se rétracte sur elle-même. Je pousse doucement Mina.- Je vais prendre l'air.
Sa main reste sur mon bras jusqu'à ce que je sois hors de portée. En sortant, je prends une des trop nombreuses vestes d'Eijiro et l'enfile.
Je commence à m'habituer à cette vie.
Je sors, et l'air est aussi froid que d'habitude. Ce qui est moins banal, c'est toute cette foule. Je me mets sur la pointe des pieds, et comprends vite qu'il s'agit de la file d'attente jusqu'à l'arène, pourtant bien loin. Je me rassure en me disant que les rues sont plutôt étroites.
Une personne me bouscule, puis une deuxième. À la troisième, une douleur aiguë traverse ma jambe, et je sens mes membres s'alourdir. Ça ne dure qu'une seconde. Le temps de cligner des yeux, et tout est revenu à la normal. Le regard de deux personnes pèsent sur moi. Ils se regardent, et je traduis une forme d'hésitation dans leurs yeux.
Sur leur cou, je reconnais la marque portée par les agents de l'arène. Ils viennent me chercher, donc.
Je discerne sous leur blouson le relief significatif d'armes d'immobilisation. Je ne cherche pas plus loin.
Je lève les deux mains en symbole de rédemption.- Les gars, je comptais y aller de toute façon, pas la peine de me déplier le tapis rouge.
Ils froncent les sourcils, visiblement pas convaincus. Avec tous ces gens autour de nous, engager le combat ne serait pas ce qu'il a de plus malin. Résigné, je leur fais un signe en direction de l'arène.
- On y va ?
Un me pousse par l'épaule pour entamer la marche. Je serre les dents mais obéis.
Du coin de l'œil, j'examine les traits de son visage.
Je ne l'oublierai pas de sitôt, celui-là.Plus que quelques heures avant la fin.
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Merci beaucoup 🥹❤️
Pour fêter ça, j'ai publié deux nouvelles ''Incorrect Quotes'' : Haikyuu et Bungou Stray Dogs!
Merci à tous pour votre soutient ❤️❤️
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Fire On Fire [Kiribaku]
FanficKirishima, issu d'une famille noble, découvre pour la première fois celui qu'on appelle ''le monstre'', une bête de combat, lors de son enfance. Dix ans plus tard, il assiste à une de ses '' performances ''. -> endroit où ils sont : la descendante d...