Chapitre 7

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« L'instant de la décision est une folie »

- Søren KIERKEGAARD

    Qu'est-ce que je fais là ?

    Le bourdonnement de la musique remontait jusqu'au trottoir en face du bar, j'épiais l'intérieur telle une stalkeuse de bas niveau depuis un bon cinq minutes. Les gens avaient l'air de drôlement s'amuser, mais je redoutais d'avoir à affronter mes camarades de division les uns après les autres. Je n'étais venue que pour Arsène, aussi triste que ce soit à admettre.

    L'ambiance me submergea dès que je fis un pas à l'intérieur. Avec autant de cris, de rires et d'individus qui bougeaient sans cesse, je peinais à apercevoir un visage familier jusqu'à qu'un flash de chevelure rousse passe devant moi. Un instant plus tard, Juliette et Rose me jaugeaient de la tête aux pieds.

- Je ne pensais jamais te voir à ce genre de soirée, me piqua Juliette d'entrée de jeu en souriant très largement.

    Je devais bien reconnaitre qu'elle était ravissante avec ses cheveux tressés et son trait de liner. Mais elle restait une peste, et moi aussi.

- Je ne suis pas venue pour toi, rétorquai-je immédiatement, passant à côté d'elle pour rejoindre tout le petit groupe amassé autour d'une table.

    Ses bras retombèrent le long de sa jupe vert pâle mais je n'eus pas le temps d'analyser l'émotion fugace qui crispa ses traits.

- Rubis ! s'exclama Opaline, pleine d'enthousiasme dès qu'elle m'aperçut. Je ne pensais pas que tu viendrais.

    Oui, apparement tout le monde pensait pouvoir prédire mes moindres faits et gestes. Je commençai néanmoins à trouver son engouement à mon égard suspect mais la voix de ma mère dans le fond de ma tête me soufflait de saisir l'opportunité de me faire des amis. Je m'assis en face d'elle, à côté de Noah qui m'offrit un sourire malicieux dont il avait le secret. Ses iris aussi bleues qu'un ciel d'été me détaillèrent franchement.

- J'ai entendu dire que tu menais la vie dure à Arsène, me glissa-t-il comme s'il me confiait un secret de la plus haute importance.

- Je crois que c'est plutôt l'inverse, dis-je en échangeant un regard avec Opaline.

    L'attention de Noah tournée vers moi, j'avais l'impression que toute la table m'épiait. Raphaël, Roxanne et Adam me jetaient des coups d'oeil si peu discret que j'aurais pu en rire. Et Jasmine m'étripait des yeux, littéralement. Ravie de savoir que j'étais la bienvenue.

- En fait, il ne me raconte pas grand chose, admit Noah. Je dois lui tirer les vers du nez.

    Il n'y a que Juliette qui a le droit de savoir que je ne sais pas faire de portée avec lui alors, merveilleux.

- Et vous, vos répétitions ? Demandai-je pour changer de sujet.

    Opaline sauta sur l'occasion.

- Marie me torture tous les jours, j'ai des cloques à force de répéter le solo de la reine, se plaignit-elle en grimaçant.

- Ivanovich n'y va pas de mains mortes non plus.

- Pour ma part, j'attends avec impatience le moment où on pourra tous répéter sur la scène de l'Opéra, déclara Noah tout excité.

    Ses boucles blondes chatoyaient sous les néons à faible consommation d'énergie.

- Ce n'est pas comme si on allait la découvrir pour la première fois, lui fit remarquer Opaline.

    Tous les ans, nous répétitions là-bas pour le spectacle de fin d'année. Je commençai à connaitre cette scène sur le bout des doigts.

l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant