Chapitre 18

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« La pensée est un vin dont les rêveurs sont ivres »

- Victor HUGO

- Tu comptes m'ignorer encore longtemps ? Grommela Arsène en atteignant mon appartement.

Je n'avais pas décroché un mot depuis que nous avions quitté l'Opéra. À vrai dire, je ne digérai pas le fait qu'il pointe du doigt mes mensonges et ce que je lui cachais quand je ne tirai jamais rien de lui si je lui posais des questions trop personnelles. Et qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire que je me sois brûlée ?

- Vois comme c'est agaçant, rétorquai-je en enfonçant, plus abruptement que nécessaire la clé dans la serrure.

- Rubis, m'appela Arsène en refermant derrière lui alors que je m'évaporai dans ma chambre.

Il m'agaçait. Non, il me sortait par les oreilles ! Je lui mettrais une bonne paire de claques si je ne passais pas pour folle à lier en le faisant.

- Rubis, répéta la voix d'Arsène.

Son corps envahit tout le cadre de la porte de ma chambre. Et pourquoi fallait-il qu'il soit aussi large d'épaules ?

- Je peux jouer à ça toute la journée tu sais, je suis très patient.

Il passait pour un connard arrogant et imperturbable.

- Tant mieux pour toi, répliquai-je en vidant le contenu de mon sac de danse sur mon lit. Mais ce n'est pas mon cas.

Mais s'il voulait jouer, j'allais jouer.

- Oh ça, je le savais déjà.

- Tu continues.

- Comment ça ? S'enquit-il, les sourcils froncés.

- Tu continues de me donner des raisons de jouer la sourde d'oreille.

- Ok, j'admets avoir manqué de tact, mais ce n'est pas une raison pour te comporter comme une enfant.

Alors là, j'allais vraiment tomber sur la tête. Je devrais le mettre dehors.

- Tu t'entends ? Lui demandai-je, les dents serrés d'énervement.

Il resta parfaitement stoïque, les bras croisés sur son large pull vert, vêtu de ce regard distant et mauvais qu'il utilisait constamment auparavant. En face de moi se tenait le même garçon qui m'ignorait royalement en classe il y a encore quelques semaines. Je me doutais bien qu'il n'avait pas pu disparaitre aussi facilement. Et comment j'avais fait pour penser que quelque chose avait changé ? Je me berçais d'illusions parce qu'elles justifiaient mes propres envies.

- Je ne m'excuserai pas pour ce que j'ai dit tout à l'heure puisque c'est la vérité. Ça ne veut pas dire que je ne te fais pas confiance.

- Bien sûr que si, si je suis une menteuse alors comment tu peux me faire confiance ?

- Les deux sont distincts. J'ai confiance en toi pour certaines choses.

Ouch.

- Donc pas pour tout.

- Tu ne vas pas me dire comment tu t'es brûlée ?

Je ne pouvais pas. Le sujet était bien trop délicat, ramener Juliette sur le tapis me nuirait parce que Arsène prenait toujours sa défense. Et mon silence ne le choqua même pas, je venais juste de confirmer ses arguments.

- Je vois. Le silence est une réponse en soi. Je finirai par le savoir, Rubis, même si je dois retourner l'école sens dessus dessous.

Bon à savoir.

l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant