Chapitre 24

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« C'est impossible d'apprendre ce qu'on croit déjà savoir »

- ÉPICTÈTE

Une semaine s'écoula et des photos de moi circulaient toujours dans l'école. Je n'y prêtais plus attention et Noah prenait soin de m'éviter de les voir, il me distrayait bien trop pour que je parvienne à m'apitoyer sur mon sort. Je vivais comme s'il ne s'était rien passé, m'entrainant plus dur que jamais pour ne jamais avoir le temps de penser. Arsène respectait mon silence autant qu'il respectait la distance que je lui imposais, mais j'aimerais parfois qu'il s'y refuse. Une partie de moi cherchait constamment sa présence, son contact. Une partie de moi se révoltait à l'idée de ne plus partager ma vie avec lui.

En général, il suffisait que je pose les yeux sur Juliette pour évincer cette faiblesse de mon esprit. Même la supporter dans les vestiaires faisait bouillir mes veines de rage. Je voulais l'exterminer, l'incinérer sur place, l'humilier à un tel point qu'elle n'oserait même plus se montrer à l'école.

Il fallait bien sûr qu'elle soit encore dans les vestiaires quand j'y entrai pour me changer. Du coin de l'oeil, je la vis prendre son élan et j'eus tout de suite le réflexe de reculer un peu. Je retins la porte du casier qu'elle venait d'ouvrir devant moi à un cheveu de mon visage, déjà exaspérée.

- Oups, s'excusa-t-elle en ricanant, je ne t'avais pas vu.

Ses yeux n'étincelaient pas autant que d'habitude. L'une comme l'autre commencions à mal vivre cette situation, et pour des raisons bien différentes.

- Déjà vu, répliquai-je en refermant la porte. Il s'agirait d'innover Juliette.

Rose fit la grimace tandis que son acolyte prenait ce rictus mauvais qui caractérisait tous nos échanges les plus brutaux. À trois dans les vestiaires, qui saurait jamais ce qui s'y passerait ?

- Oh crois-moi, j'ai plus d'une carte dans ma manche.

- Alors qu'est-ce que tu attends ?

- Que tu sois seule, isolée et pitoyable. Mais attends, c'est déjà ce que tu es, non ?

Rose suivait nos échanges avec attention, crispée.

- La seule personne pitoyable ici, c'est toi. Je ne suis pas celle qui court après un rôle.

- Je ne cours après rien du tout, je cherche juste à récupérer ce qui me revient de droit.

Quel culot.

- Parce que ce rôle te revient peut-être ? Je te l'ai volé, c'est ça ? Comme je t'ai volé Arsène bien sûr ? Tu ne te demandes jamais si ce n'est pas toi le problème Juliette, plutôt que de rejeter la faute sur les autres ? C'est tellement plus simple de voir les choses ainsi.

- Ne ramène pas Arsène sur le tapis, me mit-elle en garde, les lèvres retroussées.

- Tu te comportes comme une idiote écervelée, lui dis-je en secouant la tête. Qu'est-ce que tu veux vraiment dans le fond, Juliette ? Ce rôle principale ou l'amour d'Arsène ? Qu'est-ce qui te rend à ce point malade pour que tu t'en prennes aussi violemment à moi ? Parce que si tu cherches désespérément l'amour d'un garçon qui n'a que faire de ton existence, alors tu es sacrément stupide.

Quelqu'un ouvrit la porte des vestiaires à l'instant où sa main s'écrasa sur ma joue, rapide et piquante.

- Qu'est-ce que vous faites, bon sang ?

- Pas tes oignions, gronda Juliette, les dents serrées en jetant un regard assassin à Raphaël par dessus mon épaule.

- Rubis, ça va ? S'enquit Raphaël en avançant vers nous.

l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant