« Prolonger l'incertitude, c'est prolonger l'espoir »
- Charlotte Brontë
- Maman, tu ne peux pas sérieusement penser que c'est une bonne idée ?
Je m'arracherai les cheveux s'ils n'étaient pas déjà tirés à quatre épingles pour former un chignon impeccable sur mon crâne.
- Enfin, ma chérie, même l'organisateur de la soirée veut vous voir. Vous allez interpréter l'un des ballets les plus émouvants de l'histoire. Si tu mets de côté l'aspect particulier de cette soirée, c'est une occasion en or pour vous deux de vous faire connaitre dans le monde de la danse, et de vous créer des contacts. Écoute, tu ne perds rien à lui demander, au pire des cas, il dira non.
L'organisateur de la soirée ? De temps à autre, j'oubliai la célébrité de ma mère et l'influence que cela pouvait avoir sur ma vie et mes propres décisions, à mon insu.
- Ok, je lui poserai la question. Mais ne t'emballe pas, je ne te promets rien.
Et comment j'allais encore me sortir de ce pétrin ?
- Très bien. Je te rappelle dans quelques jours.
Je glissai mon portable dans mon sac et filai au cours de classique d'Ivanovich. Ma mère et ses idées ! Qu'Arsène et moi puissions même nous trouver ensemble au milieu d'un gala de charité, dans nos plus beaux habits de soirée, m'apparaissait absurde.
À l'intérieur du studio, les filles s'échauffaient avant les exercices à la barre. Je m'immisçai entre Jasmine et Opaline, amèrement consciente des moqueries qui circulaient toujours à mon propos. Cette histoire de tarte à la crème et de cochon continuerait de faire rire tant qu'une rumeur plus croustillante ne prendrait pas sa place.
- Rubis, comment tu vas ? Demanda immédiatement Opaline.
La pression de son regard devint inconfortable sans que je ne l'explique. Elle n'avait pourtant rien de changé, de son visage allongé à la peau de porcelaine, à ses cheveux clairs si bien coiffés et plaqués, à la forme tombante et séduisante de ses yeux, jusqu'à son nez un peu courbé et ses fines lèvres soulignées par son menton rond.
- Ça va, dis-je sans le penser réellement, contrairement à d'autres. Juliette a l'air d'avoir très mal dormi.
Elle qui paradait chaque fois qu'elle le pouvait, encore plus lorsque nous étions en comité réduit comme lors du cours de classique de Katrina Ivanovich, sans les garçons. Elle s'étirait mollement sur le sol tout faisant des messes basses avec Rose. Les yeux verts de cette dernière me mitraillèrent quand ils se posèrent sur moi. Je lui souris en retour, méchamment. L'idée venait de Juliette mais l'acte provenait de Rose, et je ne regrettai pas ma revanche.
- Tu ne savais pas ? Son lit a été infesté de puces de lit. Elle et Rose ont dû quitter leur chambre au milieu de la nuit. Toutes leurs affaires sont sous quarantaine. Ça a créé un sacré mouvement de panique dans les dortoirs ! Tout le monde pensait avoir des puces de lit dans sa chambre.
Je feignis la surprise, puis le choc. Oh Seigneur, si je pouvais seulement voir sa tête quand elle a vu le premier bouton sur sa peau.
- Oh, c'est vrai ? Comment ça a pu arriver ?
- Dieu seul le sait, commenta Jasmine en soupirant. On ne va pas non plus en faire tout un plat.
Sa désinvolture face à la situation braqua Opaline, un peu trop à mon goût d'ailleurs. Est-ce que je me fais de fausses idées ?
- Tu n'es vraiment pas emphatique, Jasmine, cingla-t-elle. Elles vont avoir des boutons pendant des jours.
- Et alors ? Ce ne sont que des boutons. Elles s'en remettront. Peut-être que le Ciel essaie de leur faire comprendre qu'elles commettent des erreurs, sous-entendit Jasmine, indifférente à l'irritation de sa camarade. Après tout, on ne peut pas dire que ce sont des saintes.
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l'Opéra : le lac des cygnes (Terminé)
RomanceRubis se démène pour devenir la meilleure étoile de tous les temps ; difficile quand sa mère est déjà considérée comme telle. Plongée dans l'univers cruel et sans pitié du ballet, Rubis sait à quoi s'en tenir lorsqu'elle entame sa dernière année à l...