From Light To Darkness - Héritage

Chapitre 14

14 mars 2019, 11h50

Je me dirige vers ma table habituelle, au fond de la salle, là où je peux être tranquille, là où je peux observer tout le monde.

Je pose mon plateau, je pose mes jambes sur le banc prenant toute la place puis je croise les bras en m'adossant contre le mur derrière moi. Ma capuche sur la tête j'observe tout le monde et surtout les gardiens.

Un plateau se pose sur ma table, je tourne brusquement la tête.

Encore elle...

Petra me sourit et elle commence à manger.

Depuis que je l'ai aidé la semaine dernière, elle ne me lâche pas. Ce pot de colle m'a suivi dans les couloirs et dans la pièce commune le lendemain. Puis aux heures de repas elle est venue s'asseoir à ma table.

- Est-ce que tu comptes manger ton repas ? Tu n'as rien mangé la dernière fois.

- Dégage, répondis-je froidement.

- Dans ce cas je prends ton dessert.

Au moment où elle pose sa main sur mon bol de fruit je saisis le couteau et je le plante sur la table à quelques centimètres de sa main.

- Ne touche pas mon dessert.

- D'accord, répond-elle toute souriante.

- Je peux savoir pourquoi tu me colles depuis la semaine dernière ? Je ne sais pas depuis combien de temps tu es là mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je préfère être seule.

- Tu as sauvé la vie de mon enfant. Et puis je suis ici depuis seulement trois mois, je ne connais personne.

- Laisse-moi t'offrir un petit conseil, Petra, dis-je en m'asseyant correctement face à elle et en me penchant légèrement vers elle.

Elle se penche vers moi pour m'écouter attentivement.

- Ici, c'est chacun pour soi. Alors apprend à te défendre sinon tu seras morte dans moins d'une semaine.

Je me lève et j'emporte mon plateau que je dépose sur le tapis roulant et j'emporte discrètement la grappe de raisin présente dans mon bol. En passant les portes coulissantes je me retrouve dans la salle commune où il n'y a personne. Je m'assois sur le rebord de la fenêtre qui ne donne même pas accès sur l'extérieur, une bâche m'empêche de voir les rayons du soleil.

- J'aimerais rester avec toi.

Je soupire et je ferme les yeux en penchant ma tête en arrière avant de me redresser et de regarder Petra qui se tient debout face à moi, un bol rempli de fruit à la main.

J'en veux...

- Je ne sais pas me battre alors que toi...

- Alors que moi je suis capable de tuer sans hésiter, dis-je à sa place.

- Je ne te dérangerai pas, je ne parlerai pas. Je ferai en sorte que tu ne me remarque pas, dit-elle en serrant son bol de fruit dans ses mains.

- Tu feras en sorte de ne pas te faire remarquer ? Comment ? Tu n'es pas du tout discrète.

Je soupire puis je me lève en me dirigeant vers le couloir menant vers les salles abandonnées. Lorsque je passe à côté d'elle, elle saisit mon bras et je la repousse brusquement en me retenant de ne pas la mettre à terre à cause de son fœtus.

- Ne me touche pas, lui dis-je en articulant chaque syllabe.

- Je veux seulement protéger mon enfant...

Elle aussi voulait seulement protéger son enfant.

- Et pourquoi je ferai ça ? Ce n'est pas mon enfant et je ne te connais pas.

- Elle est innocente, elle n'a rien fait pour mériter de mourir à cause de sa faible mère.

Ils étaient innocents eux aussi...

- Pitié, sauve mon enfant...

Pitié !

Je secoue la tête, les yeux fermés, en espérant que cet affreux souvenir s'en aille.

Je soupire puis je croise les bras en regardant cette jeune femme qui semble prête à tout pour que je l'aide.

- Attires-toi le moins de problèmes possible et évite de parler à ces cinglés. J'ai remarqué que le cuisinier te donne beaucoup plus de fruits qu'à nous, j'en veux la moitié. Ne me suis pas partout où je vais. Et surtout, ne me touche pas. Respecte tout ce que je viens de te dire et je t'aiderai quand tu auras de gros ennuis.

Elle me sourit puis se rapprochent de moi les bras grands ouverts mais elle se ravise avant de me toucher.

- Si tu ne respectes pas l'une des règles, je les laisserai faire ce qu'ils veulent de toi.

Elle hoche la tête tout en souriant puis elle me tend son bol de fruit que je prends volontiers sans la remercier. Je m'assois sur l'une des chaises dans la salle et elle fait de même.

- Pourquoi tu es ici ? Tu n'as pas l'air d'une criminelle, lui demandais-je en dégustant le raisin.

- Les apparences sont trompeuses. Je suis une pyromane. Je suis responsable de la mort de cinq politiciens russes. J'ai pris un immense plaisir à les bruler vifs tout en les filmant. Après cet incident, je me suis enfuie loin de mon pays d'origine. J'ai essayé de mener une vie « normal », mais ce n'est pas fait pour moi. J'ai donc continué mes activités, jusqu'à ce que mon passé me rattrape.

- Pourquoi tu as besoin de moi dans ce cas ? Tu peux très bien les brûler vifs ici aussi.

- J'aime jouer avec le feu, mais lorsque je n'ai aucun moyen de jouer avec, je suis sans défense. Sans feu, je suis une autre personne.

Tu n'es pas la Angelina que je connais, celle que je connais ne ferait jamais fait ça.

- Et toi ? Tu es ici à cause d'un meurtre ? me demande-t-elle.

- Nouvelle règle, ne pose aucune question sur moi et mon passé. La seule chose que tu peux savoir, c'est mon prénom.

Et encore...