chapitre 7: Alban Besson

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Cela fait une heure que je marche avec ce petit ange, à la recherche de son frère. Pour passer le temps, nous discutons. Ce petit bonhomme s'appelle Alban, et il m'a beaucoup parlé de son amoureuse, qui s'appelle Manon. Apparemment ça fait plus de trois mois qu'ils sont ensemble. Ça dure pour des maternelles. Sur le chemin, il a même cueilli quelques fleurs qu'il prévoit de lui donner la prochaine fois qu'il la verra. C'est trop mignon, elle en a de la chance cette Manon.

Malgré la tonne de randonneurs que nous avons croisés à la montagne, il n'y a toujours pas de trace de son frère. Je m'inquiète parce que si à la tombée de la nuit, nous ne le trouvons pas, je vais devoir héberger Alban, je ne peux pas le laisser dormir tout seul dehors.

J'ai reçu plein de messages de la part de mes parents, mais je ne les ai pas ouverts. Je n'en ai pas envie. Surtout si c'est pour me dire de rentrer à la maison pour en parler à nouveau. J'ai beau parler, ils n'entendent pas. Moi, je suis bien avec eux, à la ferme, à m'occuper des animaux, à me balader dans notre petite station et escalader quelques fois la montagne à la recherche de beaux panoramas.

Je me sens bien ici, et je n'ai pas envie de bouger. D'autant plus que si je dois aller faire mes études, admettons à Paris, et bien, je serais toute seule, sans mes parents, sans Ambre. La solitude ne m'a jamais réellement dérangée, au contraire, je trouve les gens hypocrites et méchants. La vraie solitude qui me dérangerait, c'est le fait de n'avoir personne auprès de soi et que lorsque l'on rentre le soir à la maison, on a personne à qui parler, personne à qui raconter ses péripéties lors du dîner. Et ça, c'est ce qui devrait m'arriver si je pars faire mes études.

"Sinon, je te vire de la maison !". Ça résonne encore dans ma tête. Il n'osera pas, normalement, je suis sa fille. Il a dû dire cela sur le coup de la colère, en tout cas, je ne compte pas bouger de la maison.

Je secoue la tête pour chasser ces pensées de mon esprit. Je préfère mille fois entendre les anecdotes enfantines d'Alban que de devoir penser à ces sottises que mes parents m'ont mises dans la tête.

Au fur et à mesure que le temps passait, Alban perdait peu à peu sa mine joyeuse. Son visage exprimait maintenant de l'inquiétude.

—On va retrouver ton frère ne t'en fait pas, dis-je en me baissant pour se retrouver à son niveau, d'un ton réconfortant.

Il me sourit tristement en baissant la tête. Pour lui faire oublier cette histoire, je lui demande de me raconter comment ça se passe à l'école, et ce qu'il a prévu de faire cet été avec Manon, son amoureuse.

Apparemment, demain, les parents d'Alban ont prévu un petit pique-nique pour lui et Manon dans leur jardin, demain. Il ajoute qu'il n'aime pas cuisiner, mais qu'il prévoit, avec sa mère, de faire des gâteaux, rien que pour elle. Il n'a que quatre ans, et c'est déjà un gentleman, ça m'épate.

Lorsqu'il eut fini de parler, il me demanda si j'ai un amoureux. La question qui fâche...

—Je n'en ai pas, de toute façon, je n'en ai pas besoin.

—Moi, je trouve que c'est cool d'avoir une amoureuse, il répond, avec un grand sourire aux lèvres.

Ce n'est pas facile de trouver quelqu'un de bien de nos jours, il s'en rendra compte plus tard. Moi aussi, j'aimais quelqu'un au lycée. Valentin. On n'était pas encore ensemble, mais on aurait pu. Malheureusement cet imbécile de Diego à tout gâcher entre nous. Il lui avait raconté de fausses choses horribles sur moi, et il a cru Diego et ne m'a plus jamais parlé.

Ça m'a tellement mis mal. C'était la première personne à s'intéresser à moi, et Diego avait tout saboté. Il n'avait aucun but à faire cela. Lui, il avait le choix, je veux dire, toutes les filles semblaient être intéressées par lui, mais moi, je n'avais pas cette chance avec les garçons.

J'ai eu beau m'excuser auprès de Valentin au lycée, quand j'avais eu la chance de le croiser, mais il ne voulait rien entendre, il avait gobé le mensonge de Diego. Je me sentais bien avec Valentin, et ses compliments m'aidaient énormément, je me sentais belle. Mais quand il est parti, je me suis sentie comme de la merde, comme avant.

—Regarde Jeanne, y a quelqu'un là-bas, dit Alban en me sortant de mes pensées.

—Où ça ?

—Là-bas ! Il pointe du doigt un homme, assis sur un banc.

—Et pourquoi tu me montres ce monsieur ? Je lui demande, confuse.

—Il est habillé comme Didi !

Avec un peu de chance, ça peut être son frère !

Nous marchons alors en direction de l'homme, et Alban lâche ma main et court aussi rapidement qu'un éclair vers ce dernier.

—Alban, te voilà ! s'écrie le garçon, la capuche sur la tête, ce qui fait que je ne vois pas son visage.

Il s'empresse de prendre dans ses bras Alban, longtemps. Moi, j'étais à quelques mètres de cette scène de retrouvaille, sans rien dire. D'ailleurs, je devrais y aller, ma mission est accomplie, et je suis ravie d'avoir pu aider ce petit ange.

—Où étais-tu passé ? Je me suis inquiétée toute l'après-midi ! s'indigne son frère.

—Je me suis baladé, mais après, je ne t'ai plus vu. Jeanne m'a aidé à te retrouver, dit-il d'un ton joyeux en me pointant du doigt.

Je pus apercevoir finalement le visage de ce mystérieux jeune homme lorsqu'il tourna la tête en direction de là où pointait son petit frère. Diego. J'aurais dû m'en douter, Alban lui ressemble beaucoup trop. Son visage se décomposa lorsqu'il me voit.

D'une allure plutôt énervée, il se leva et s'approcha de moi. Honnêtement, j'ai peur étant donné son regard assassin qu'il porte sur moi.

—T'as fait quoi à mon petit frère ? Me demande-t-il d'un ton agacé, me donnant des frissons.

—Je l'ai simplement croisé près de chez moi, il était en train de crier Didi, il disait qu'il cherchait son frère, alors je l'ai aidé, je ne pouvais pas le laisser tout seul dans la rue.

Alban observait la scène, confus, en silence.

—La prochaine fois, tu t'occupes de tes affaires, j'ai eu peur à cause de toi!

—J'ai simplement voulu aider, ton frère était-

Il m'interrompt :

—Laisse nous tranquille, bonne soirée, dit-il en me tournant le dos, puis en attrapant la main de son frère. Alban se tourna tout de même pour me dire au revoir en secouant légèrement sa main, ce à quoi je répondis en souriant tristement.

Sympa. J'ai aidé et même pas de remerciements. Je ne savais pas d'ailleurs qu'il a un petit frère. Mais bon sang, la ressemblance, j'aurais dû m'en douter, car il a les mêmes beaux yeux que son frère, les mêmes traits du visage et les cheveux du même teint.

J'espère qu'avec un frère comme Diego, il ne va pas devenir pareil...

Je ne comprends pas, j'ai aidé, et ce rustre n'a même pas daigné me remercier. La politesse, c'est quelque chose qui lui est inconnu visiblement. Pendant un moment, j'ai pensé qu'il pourrait devenir sympa avec moi, étant donné l'amitié que partagent désormais nos parents, mais j'avais tort...

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant