chapitre 21: un invité inattendu

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Diego

Qui a déclaré qu'à 18 ans, nous pourrions voler de nos propres ailes ? Mes dix-huit bougies à peine soufflées, me voilà encore sous l'emprise de mes parents. Pourtant, j'ai toujours tout fait pour ne pas les décevoir.

C'est cool d'avoir des parents aisés financièrement, mais ce qui serait encore mieux, ce serait qu'ils soient présents, pour Alban, et pour moi. Surtout Alban, qui passe plus de temps avec sa nounou qu'avec papa et maman, et ça me fend le cœur de le voir demander à chaque demi-heure si nos parents viendront jouer ou se promener avec nous.

Ils n'ont pas le temps pour l'amour et la tendresse envers leurs enfants, ce qui leur intéresse par-dessus tout c'est leur business. Et uniquement cela. Au fur et à mesure que je grandissais, je les ai vu s'éloigner petit à petit de moi, le nez de plus en plus dans la paperasse. Parfois, ça a des avantages d'avoir des parents peu présent, dans le sens où je peux faire ce qui me chante sans qu'ils le remarquent.

Mais la simple vision d'une famille heureuse se tenant la main en se partageant des histoires me rappelle à quel point ces moments sont précieux, à tel point que certains n'y ont pas le droit...

Mes doutes, mes inquiétudes, ainsi que mes peurs à propos de l'avenir sont enfouies au fond de moi. J'ai cru que me confier à mes parents serait la meilleure des solutions, mais j'avais tort. Ils ne souhaitent ni m'entendre, ni me comprendre, tout ce que je ressens semble leur être égal, tout ce qui compte, c'est que j'obéisse au doigt et à l'œil.

La famille, au fond, à quoi elle sert ? Elle est censée être là pour nous aider, nous comprendre, nous protéger, nous rendre heureux. Miguel et Alban sont ma famille.

J'aimerais avoir des parents plus présents, pouvoir leur partager ma solitude et mon envie de vouloir passer plus de temps avec eux, mais ça risquerait de causer des cris et des pleurs.

D'ailleurs, le conflit ayant eu lieu quelques minutes plus tôt avec mon père m'a mené chez les Meunier. J'aurais mieux fait de ne rien dire. Me voilà désormais de corvée. J'aurais pu aller travailler partout, mais il fallait que ce soit chez elle. Je vais devoir y travailler deux longues semaines qui me paraîtront interminables. Encore une fois, j'obéis au doigt et à l'œil, priver de mes ailes, enchaîné à tout jamais. Jamais je ne pourrais voler.

En arrivant chez les Meunier, je suis tombé sur Aurore et Thomas, les parents de Jeanne. Ils m'ont chaleureusement accueilli en me proposant quelque chose à boire, puis sans raconter trop de détails sur mon embrouille avec mon paternel, je leur ai expliqué la raison de ma venue.

Ils semblaient ravis puisque tous deux m'ont offert leur plus beau sourire, et Thomas m'a prêté une tenue de rechange pour éviter de salir mes vêtements actuels pour aller travailler. Ce sont des vêtements que je n'aurais jamais cru porter dans ma vie.

Je suis désormais vêtu d'une salopette noire, un tee-shirt de la même couleur en dessous, chaussant de longues bottes vertes allant jusqu'à mes genoux.

J'ai bonne allure. Il ne manque plus que du blé dans la bouche, et un chapeau, et me voilà officiellement fermier.

Aurore a insisté pour me prendre en photo, tant elle me trouvait beau dans cet accoutrement, et je ne voulais pas gâcher sa joie, alors je l'ai laissé faire, et aussitôt la photo fut envoyée à mes parents. Peu m'importe, ils oublieront la photo juste après l'avoir regardé.

Les parents de Jeanne sont des personnes en or, et si gentils avec moi malgré les crasses que j'ai pu faire autrefois à leur fille. J'envie Jeanne d'avoir des parents comme eux.

Après ce moment malaisant de séance photo, Thomas me fait signe de le suivre à l'extérieur pour enfin commencer ce « vrai travail » dont parlait mon père. Jusque-là, je n'ai pas vu Jeanne, et tant mieux, je ne voudrais pas qu'elle me voit comme ça chez elle.... Ce serait humiliant.

Une fois dehors, les rayons du soleil tapent sur ma peau, et une odeur désagréable pénètre à l'intérieur de mes narines provenant probablement de la ferme. Il va falloir que je m'habitue à cette odeur pour les deux prochaines semaines ? Ça va être dur...

Nous marchons à travers un chemin de cailloux encerclé par des fleurs de toutes les couleurs, jusqu'à arriver à la ferme. En balayant du regard ce vaste espace, j'aperçois divers enclos, tous aussi grands que les autres, habitant diverses espèces d'animaux. Une odeur de crottes pénètre dans mes narines, tandis que mon expression faciale joyeuse se transforme en dégoût. L'envie de pincer mon nez est grande, mais à quoi bon ? Je vais devoir utiliser mes deux mains pour travailler. Ou alors, j'achète un pince-nez. Avez Amazon, d'ici demain ça devrait arriver.

—Au début ça fait cet effet, mais tu vas t'y habituer, dit Thomas en me faisant un léger coup de coude face à mon expression faciale qui en dit long sur ma pensée.


Jeanne

Les doux baisers de ma mère sur mon front me réveillent petit à petit. Mes yeux tentent de s'ouvrir, malgré mon éblouissement causé par les rayons du soleil qui illuminent ma chambre. Ma mère, un sourire jusqu'aux dents, se tient devant moi, un plateau dans les mains contenant mon chocolat chaud matinal, accompagné d'un croissant. Un réveil digne d'une princesse.

—Bien dormi ma puce ?

—Oui, plutôt bien, dis-je en m'asseyant pour libérer le plateau garni des mains de ma mère pour le poser sur mes genoux.

—Dis-moi, qu'est-ce qui me vaut le plaisir d'avoir le droit à ce merveilleux petit déjeuner livré au lit ? Je demande à ma mère tandis qu'elle s'assoit à mes côtés sur mon lit douillet.

—J'avais envie de te faire plaisir, annonce ma mère tout en m'offrant son sourire bienveillant.

Elle met ses mèches brunes derrière ses oreilles, puis poursuit :

— Et puis Audrey vient de partir alors, j'ai peur que tu t'ennuies maintenant que tu te retrouves toute seule, dit-elle en me caressant tendrement ma cuisse, l'air inquiète.

—Elle me tapait un peu sur les nerfs ces derniers jours alors, tu sais, son absence m'importe peu. Et puis je vais reprendre mon travail à la ferme et aux plantations, je ne m'ennuie jamais. Ne t'inquiète pas maman, dis-je d'une voix douce affichant un léger sourire.

Sur ces mots, Aurore me laissa déjeuner tranquillement, seule. Ou pas vraiment seule, puisque Mac Miller embellit mon déjeuner grâce à sa douce voix dans sa chanson Love Lost, une chanson qui me met tant de bonne humeur.

Ce genre de moment avec ma maman me fait chaud au cœur, mais elle s'inquiète pour rien. Audrey est enfin partie, pour ma plus grande joie. Son rendez-vous lui avait tant monté à la tête qu'elle ne parlait plus que de ça, mais ce dernier n'a jamais daigné répondre à ses messages, alors j'ai dû supporter les chaudes larmes de ma cousine à deux heures du matin, écouter ses discours à la noix sur le fait qu'aucun mec ne lui a fait une chose pareille, et l'entendre se plaindre toute la journée, car elle a, je cite « le cœur brisé » ! Elle était insupportable, et en faisait des caisses, alors que ce qui lui est arrivé n'est rien de dramatique. Elle est juste tombée sur un con qui l'a bercé d'illusion en faisant l'erreur de l'embrasser, et elle, naïve, y a cru, mais malheureusement, ce genre de chose arrive.

Mon petit déjeuner englouti, je m'habille sans trop faire d'effort, j'assemble mes cheveux en une queue de cheval haute, puis je me dirige vers la ferme, en saluant chaque employé que j'ai pu croiser sur mon chemin.

—Qu'est-ce qu'il fait là ?

Diego est là, dans une tenue que je pensais incapable de trouver dans sa garde-robe, mon père à ses côtés, en pleine activité à donner à manger à nos poules.

Je reste immobile, scrutant ces deux individus. Diego ne s'en sort pas mal à ce que je vois, et à ma plus grande surprise, il semble joyeux, il n'a pas sa mine renfrognée.

Mais ma question est, qu'est-ce qu'il fait là ?

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Coucouuu !

Malgré que je soit en vacances, j'espère que ce chapitre vous plaît tout de même !

Kiss < 3

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant