chapitre 12: la réalisation

58 8 14
                                    


Halloween, une des fêtes que j'aime le moins dans l'année, et pourtant, on y est. Tout l'été est passé tellement vite, maintenant les arbres ont laissé place aux feuilles orange et jaune, et le doux vent nous caresse la peau toutes les cinq minutes. Du fait du changement de saison, les touristes se font plus rares, ils seront de retour à noël.

Halloween est un événement dans l'année que j'apprécie le mois, pourquoi ? Parce qu'on toque aux portes à la recherche de bonbons, et parfois, on se fait claquer la porte au nez par les aigris du village. C'est ce que je vais devoir faire ce soir, avec Diego, ça s'annonce incroyable. Sauf que les rôles vont être inversés puisque nous allons toquer aux portes, mais ce sera nous qui donnerons des bonbons.

Nous partagerons les bonbons que mes parents et ceux de Diego ont récemment créés. Mes parents sont très ambitieux en ce moment, je l'accorde, et leur marque de bonbons va très prochainement voir le jour. Les bonbons qu'ils ont créés ne sont pas comme tous les autres, ce sont des bonbons à sucer au goût de plat français. Par exemple, il y a un goût saveur bœuf bourguignon, à la quiche lorraine, ou même du sucré, goût Paris-Brest, pain perdu, et il y a également quelques bonbons au fromage. Ça peut paraître étrange, mais j'ai eu le privilège d'être l'une des premières à goûter, et c'est tellement bon.

Ces bonbons ont pour but d'être mangés lorsque l'on a un petit creux, comme ça, on a l'impression de manger un Paris-Brest, alors que c'est un simple bonbon, par exemple. C'est plutôt ingénieux, et comme leur restaurant, je pense que cela fera succès.

Cependant, c'est à moi de distribuer les bonbons avec Diego, pour mon plus grand désarroi. On va se balader dans les rues, toquer à chaque porte, et je vais devoir le supporter toute une soirée. Je n'ai pas envie de lui parler. Plus je suis loin de lui, mieux je me porte.

D'ailleurs, je ne vais plus à leur dîner hebdomadaire, mes parents ont finalement accepté l'idée que je ne serve à rien là-bas, étant donné qu'ils ne parlent uniquement business. Du coup, je n'ai pas recroisé Diego depuis la fois où j'ai collé des affiches pour notre restaurant. Ça m'a fait des vacances, et j'avais presque oublié son existence.

J'avais demandé pour aller distribuer aux gens toutes seules les bonbons, je n'ai pas besoin d'une baby-sitter, mais ma mère a assuré qu'elle ne voulait pas que je me promène seule dans l'obscurité, et que c'est bien que ce soit les deux enfants des Besson et Meunier qui le fassent. Comme si les gens en avaient quelque chose à faire. Si elle savait le nombre de fois où je suis sortie dans la nuit. Bon, c'était dans le jardin, c'est différent, je l'accorde.

Notre ville n'est pas très grande, mais elle est sûre. Il n'y a jamais eu de drames ici, c'est calme, et on ne peut pas en dire autant de toutes les villes en France.

—Ça va aller ce soir ? Me demande Ambre, tout en soulevant une brouette remplie de terre, en se dirigeant vers les plantations.

Je la suis.

—Je ne sais pas, j'appréhende un peu de devoir être avec lui.

—Tu n'en as pas parlé à tes parents ? Je veux dire, ils savent tout ce qu'il s'est passé entre vous, mais ils organisent des trucs pour vous deux.

—Je leur en ai parlé, mais ils ne sont pas compréhensifs. Ils sont à fond dans leur projet, et c'est cool, ça ne me dérange pas de devoir les aider, au contraire, mais être avec Diego, ça je ne veux pas, et ils le savent, mais ça leur passe au-dessus.

—Oui, ils sont à fond dans leur projet, parce qu'on ne les voit plus passer de temps en temps à la ferme ou aux plantations. Ils sont plongés dans des documents presque tout le temps, ou partent au restaurant pour vérifier que tout se passe bien.

—Je sais, ils ne m'accordent plus trop de temps, et en plus, je dois faire des corvées pour les aider. Je fais ça pour eux.

—Tout le monde rêverait d'avoir une fille comme toi, ajoute Ambre en passant sa main dans mes cheveux affectueusement.

Je dois tout à mes parents, c'est pour ça que je suis débrouillarde, pas feignasse, et que je les aide quand ils ont besoin de moi. Ils ont eu besoin de moi pour faire des photos pour l'ouverture du restaurant, je l'ai fait, ils ont eu besoin de moi pour placarder des affiches dans la ville, je l'ai fait, et là ils me demandent de distribuer des bonbons aux maisons avec mon persécuteur, donc je vais le faire.

Ça ne m'enchante pas, et je risque de subir des moqueries toute la soirée, et de simplement acquiescer, parce que je n'ai pas de répartie. Ambre m'a déjà donné quelques conseils pour répondre à ses moqueries, mais je n'aurai pas le cran de les dire devant lui. J'ai peur de ce qu'il pourrait faire si je l'offense.

—Je t'en prie Jeanne, ne te laisse pas faire. Tu vas me dire "oui ne t'inquiète pas" comme d'habitude, mais je m'inquiète. Jeanne, tu as dix-huit ans, il faut que tu arrêtes de te faire marcher dessus par un pauvre mec. Surtout que là, il sera tout seul avec toi, ce n'est pas comme s'il y avait ses potes, et que tu n'aurais rien pu faire.

Je baisse la tête, uniquement parce que je me sens honteuse. Elle a raison, j'ai dix-huit ans maintenant, je ne suis plus une petite collégienne sans amie et sans répartie. En grandissant, je n'ai jamais cherché à rétorquer contre lui, à cause de l'habitude, mais j'aurais dû. À cause de ma timidité, je suis restée coincée, et je ne me suis pas défendue.

Je me disais qu'il avait raison, à force de subir les mêmes moqueries. Personne n'osait me défendre lorsque Diego le faisait en public, alors je me disais que je n'en valais pas la peine.

—S'il ouvre la bouche ne serait-ce qu'une seule fois pour te ridiculiser, promets-moi que tu ne te laisseras pas faire. Jeanne, tu en es capable, tu as juste peur de ce qu'il pourrait faire en retour, mais il ne te fera rien. Tu ne dois pas être blessée par ce qu'il dit, parce que tu sais tout autant bien que moi que tout ce qui sort de sa bouche est stupide.

Je relève la tête pour la regarder, et un petit sourire se dessine sur mon visage. Ambre me donne espoir, et je repenserai à ses mots ce soir, en compagnie de Diego.

—Tu es son bouc émissaire depuis toute petite, mais dorénavant, tu ne dois plus l'être.

Ses mots m'ont fait réfléchir, j'avais besoin de ça pour ce soir. Je ne dois plus être faible. Il s'est suffisamment amusé avec moi, maintenant, c'est terminé. Diego Besson, ton petit jeu avec moi s'arrête à présent.

—Jeanne, Diego est là ! S'écrie ma mère depuis la porte fenêtre.

Je regarde Ambre, à la fois confuse et paniquée.

—C'est déjà l'heure !

—Ne panique pas Jeanne, ça va aller, tu fais ce que je t'ai dit, et tout ira bien, m'a-t-elle dit en plaçant ses mains sur mes épaules en signe de réconfort.

Je reprends mon souffle, puis je me dirige vers l'intérieur de ma maison, sans la boule au ventre habituelle. C'était un signe que j'allais changer, et que je n'ai plus peur, tout ça, grâce à Ambre.

___________________________________

Désolé, ce chapitre était plutôt court, pour bien montrer les sentiments de Jeanne envers Diego.

J'espère que ça vous a tout de même plu !

Merci pour les 100 vues !!<3

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant