chapitre 9: un message inattendu

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Je peine à respirer, et le téléphone manque de glisser de mes mains. Ce n'était peut-être qu'un petit évanouissement, rien de bien grave, une simple insolation, mais j'avais peur.

Jamais il n'était arrivé quelque chose de la sorte à Ambre depuis qu'elle travaillait avec nous. Ambre est plus qu'une employée pour moi, c'est comme ma sœur, mon soleil, elle est la seule à connaître mes blessures profondes.. Je panique, surtout que je ne peux rien faire pour elle, je suis coincée à ce fichu dîner.

Si mes parents n'avaient pas autant insisté pour que je vienne chez les Besson, j'aurais pu faire quelque chose pour mon amie. Au lieu de ça, je ne suis pas à ses côtés, et mon cœur ne cesse de battre de plus en plus vite, tant je panique.

Aussitôt que j'ai repris mes esprits, j'ai accouru dans le salon dans lequel Diego était visiblement de retour, et la voix tremblante, je tentai du mieux que je pus d'expliquer la situation à mes parents. Je bégayai, et mes larmes coulaient petit à petit sur mes joues. J'étais clairement en train de m'afficher devant les Besson, mais c'était le cadet de mes soucis. Karine et Antoine, compréhensifs, nous laissèrent partir, alors que nous n'avions même pas commencé à manger. "On décale à la semaine prochaine", ont-ils dit, accompagné d'un sourire amical.

Mes parents furent tout aussi paniqués que moi, puisque ma mère sur la route était silencieuse par rapport à d'habitude, elle ne parlait que pour déclarer à mon père d'accélérer. De mon côté, j'observais le paysage en pensant. Si ça se trouve, elle s'est réveillée, ou alors, elle ne va pas mieux, Joe n'avait pas renvoyé de messages pour décrire son état. C'était l'incertitude et la peur qui régnait en moi.

À peine que la voiture s'arrêta dans l'allée, je courus sans réfléchir à l'intérieur de la maison, puis dans le jardin, secouant la tête de droite à gauche afin d'analyser ce qu'il se passe. Joe passait par là d'un pas lent, muni d'un sécateur à la main. Contrairement à moi, il paraît calme, comme si rien ne s'était passé, et que l'appel de tout à l'heure entre lui et moi n'avait jamais existé.

—Où est Ambre ? dis-je paniqué.

—Elle est dans la chambre des invités, elle-

Je ne le laisse pas finir sa phrase, et je m'empresse de rentrer à l'intérieur pour aller à l'étage.

En poussant la porte, j'aperçois Ambre, allongée sur le lit, un livre à la main. Mon cœur se met à battre normalement, tant je suis rassurée qu'elle va mieux. J'avais peur de la perdre, on ne sait pas où peut mener un évanouissement, mais grâce au ciel, elle va mieux.

—Ambre ! Tu m'as fait une frayeur !

—Jeanne ! Tu ne devais pas être chez les Besson ?

—Si si, mais quand Joe m'a alerté de ce qu'il s'est passé, on est venu aussi vite que l'on a pu.

—Ce n'était pas la peine, dit-elle en s'asseyant en tailleur sur le lit.

—Tu travailles beaucoup trop, dit une voix masculine en entrant dans la pièce, suivie de ma mère.

Elle acquiesce, puis ajoute :

—Je ne me suis pas mise à l'ombre, c'est pour ça, mais ce n'est rien de grave.

—À l'avenir, tâche de ne pas travailler en plein feu, dit mon père tout en tapotant son épaule.

—C'est noté.

—Repose-toi bien, dit ma mère d'un ton bienveillant, avant de sortir de la pièce, suivi de mon père.

Je m'assois sur le lit aux côtés d'Ambre, et cette dernière n'a pas perdu le nord, puisqu'elle me demande directement comment s'est passé le déjeuner chez les Besson.

—On a seulement eu le temps de manger l'apéritif, donc pas grand-chose, dis-je en plaisantant.

—Diego ne t'en a pas fait baver cette fois-ci ?

—Appart qu'il a tenté à nouveau de me laisser poireauter dans le couloir, rien de nouveau.

—Il n'est pas possible ce mec, il ne veut pas grandir, devenir mature.

—C'est clair, il ne changera jamais.

—Ou alors, il cache des choses bizarres dans sa chambre.

—Cessons de parler de lui, je préfère ne pas y penser, je réponds en lançant un coussin sur Ambre qui me regardait d'un air malicieux.

J'ai passé toute l'après-midi avec Ambre, à discuter de tout et de rien. Ça m'a fait du bien. Elle paraissait plus en forme, mais je lui ai quand même conseillée de ne pas venir travailler demain, pour se reposer. De nos jours, il fait très chaud, en raison de la canicule, surtout en début d'après-midi. Du coup, mes parents ont recommandé à tous nos employés de faire attention, de bien porter un chapeau, ou de rester à l'ombre, pour éviter tout incident.

Il est vingt et une heures, et je suis actuellement allongée sur mon lit à écouter du Mac Miller, l'un de mes artistes préférés. Sa mort m'a profondément touchée, et parfois, je me sens triste en écoutant ses chansons. La sonnerie de mon téléphone retentit. Ça doit être un message de mes parents pour me dire bonne nuit.

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Numéro inconnu :

-Elle va mieux ton employée ?

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Je me demande qui ça peut être.
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Moi :

-Oui, elle va mieux.

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J'attends une dizaine de minutes, mais aucune réponse. Je suis bête, j'aurai dû demander qui c'est.

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Moi :

C'est qui ?

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Numéro inconnu :

Diego.

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Diego ? Impossible, c'est un prank. Déjà, comment il a eu mon numéro ? C'est sûrement de ses parents qu'il l'a eus.
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Moi :

Pourquoi ça t'intéresse si mon employée va mieux ?

Vu.

-

Ce mec est surprenant. Il s'intéresse à cette histoire alors que l'on ne s'aime pas. Ça n'a pas de sens. Je me dis que ça doit être un prank, mais qui pourrait faire ça à part Ambre ? J'ai quitté sa chambre il y a une heure, afin de la laisser dormir. Non, ça ne peut être que lui. Je suis à la fois étonnée et surprise, ça ne lui ressemble pas. Comme quoi, au fond de lui se cache une part de gentillesse.

J'hésite à supprimer son numéro, mais je ne sais pas, je suis à la fois curieuse de voir où cela va mener...

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant