chapitre 8: "Allo, Joe ?"

58 8 4
                                    

Quelques jours se sont écoulés depuis le conflit avec mes parents. Quand j'étais rentré, nous nous étions expliqués, et mes parents ont finalement accepté le fait que je ne veuille pas faire d'études. Après tout, c'est ma vie, et je veux faire quelque chose que j'aime, pas quelque chose à laquelle on m'y force.

Mon père m'a tout de même fait un discours pour me dire que le travail ici à la ferme et aux plantations, ce n'est pas facile tous les jours, avant de m'avoir fait une caresse tendre en me chuchotant pardon dans l'oreille. Je suis contente que tout soit rentré dans l'ordre.

Je n'ai pas revu Diego non plus, aucune nouvelle, enfin ce n'est pas que j'en ai quelque chose à faire, mais j'attendais au moins un simple merci. J'aurais très bien pu laisser Alban crier, et marcher tout seul dans notre village, qui sait ce qui aurait pu lui arriver. J'ai passé mon après-midi à lui tenir la main en se baladant sur la montagne, à écouter ses histoires enfantines, dans l'espoir de retrouver son frère, et au lieu de me remercier, il ose protester.

Il ne me porte pas dans son cœur, moi non plus d'ailleurs, mais je lui ai rendu service, il aurait pu mettre sa fierté de côté pour une fois. Je m'attendais à quoi aussi ? C'est Diego Besson, il ne changera jamais à ce que je vois. J'espère qu'en grandissant, Alban ne deviendra pas comme lui.

La manière dont il m'avait regardé... On aurait dit que j'avais commis un meurtre. Parfois, je m'en veux d'être trop gentille, surtout avec lui, il ne mérite pas ma gentillesse, vu tout ce qu'il m'a fait subir...

D'ailleurs, ce midi, c'est le repas hebdomadaire chez les Besson. J'ai supplié mes parents pour ne pas y aller, mais ils ont insisté. Ma présence est inutile, je ne parle pas, je me contente simplement de sourire et de manger. D'autant plus que la dernière fois, ils ont demandés à moi et à Diego de sortir de table, pour parler de choses dont on ne doit visiblement pas entendre, et je me suis retrouvée assise sur les escaliers menant aux chambres, à attendre.

Antoine avait pourtant demandé gentiment à son fils de me laisser entrer dans sa chambre quelques minutes, ce à quoi il avait accepté, mais finalement, je me suis pris la porte au nez. Bête que je suis, j'ai cru qu'il allait me laisser entrer. J'ai dû attendre une trentaine de minutes, assise sur les escaliers dur. J'ai eu mal aux fesses après ça. J'espère que nos parents ne vont pas refaire le coup, parce que si c'est ça, autant ne pas venir, j'ai mieux à faire.

Cela faisait une quarantaine de minutes que nous étions tous sur le canapé, en train de manger des gâteaux apéritifs. Nos parents parlent de tout, sauf de l'entreprise. C'est à peine si on se demande à quoi sert leur réunion hebdomadaire, si c'est pour ne pas parler de leur restaurant. J'ai oublié mon téléphone, alors j'écoute leur discussion ennuyante à mourir, tandis que Diego n'arrêtait pas de pianoter sur l'écran de son téléphone, et se retenait de rire, étant donné ses expressions faciales.

—Les enfants, ça vous ennuierait d'aller ailleurs pendant un petit moment ?

C'est une blague ? J'ai dix-huit, je suis apte à écouter leur mystérieuse conversation, m'asseoir à nouveau sur les escaliers, non merci. Je regarde mes parents, tentant de leur faire comprendre à l'aide de mes yeux que je veux rester.

—Ce sera rapide Jeanne, ne t'en fais pas, ajoute finalement ma mère.

—Diego, soit gentil et amène-la dans ta chambre, dit Karine à son fils en lui offrant le plus beau des sourires.

Il acquiesça.

—Tiens mon téléphone si tu veux, dit ma mère en me le tendant.

J'ai l'impression d'être une enfant de huit ans qui va sur le téléphone de ses parents pour passer le temps lors d'un dîner de famille en jouant à des mini-jeux.

Je la remercie tout de même, parce que si je me retrouve comme la dernière fois sur les escaliers, va bien falloir que je me divertisse.

Je suis de près Diego dans le labyrinthe qui est sa maison afin de ne pas me faire avoir comme la semaine dernière.

—Tu n'entreras pas dans ma chambre Jeanne, ça ne sert à rien de me coller.

—T'as dit oui à ta mère quand elle t'a demandé de me laisser entrer, donc j'entre.

Il laissa un blanc, mais dès lors qu'on arriva sur le pas de la porte de sa chambre, le beau brun se tourna vers moi, en disant avec un sourire narquois :

—Hors de question que tu rentres. Amuse-toi bien sur les escaliers.

Sur ce, il ferma la porte, me laissant à nouveau seule dans ce couloir.

Il m'énerve, il ne peut pas être sympa au moins une fois dans sa vie ? Avec des parents gentils comme les siens, je ne sais pas d'où vient son côté cruel. En dessous de la porte, j'aperçois une ombre, la sienne. Il doit sûrement avoir l'œil dans la serrure de sa porte pour se moquer de moi. Mais je ne vais pas lui laisser ce plaisir.

Je me souviens de la beauté de leur jardin que je mourrais d'envie de visiter lors du shooting photo. Là, j'ai le temps, et c'est mille fois mieux que de rester ici, assise par terre sur les escaliers.

Je dois avouer que je ne connais pas leur maison, mais je vais bien trouver une porte qui mène à l'extérieur. Je ne veux pas passer devant le salon, sinon ils vont se dire que Diego ne m'a pas laissé entrer, et ça va causer des problèmes.

J'arpente les couloirs sur la pointe des pieds, évitant au maximum d'attirer l'oreille des adultes. En même temps, mon œil est attiré par des photos accrochées sur les murs. Il y a de belles photos de mariage de Karine et Antoine, où ils ont l'air heureux. Au fur et à mesure d'avancer dans le couloir orné de photos, les photos de famille des Besson m'ont l'air triste, aucun d'eux ne sourit, appart Alban qui montre toutes ses dents.

Je passe par un deuxième salon, plus petit que l'autre, qui mène à une véranda dans laquelle s'y trouve une porte donnant accès au jardin. J'ai trouvé ! Dans la véranda s'y trouvent de multiples vases contenant de toutes sortes de fleurs, des canapés blancs qui paraissent très confortables, et une bibliothèque gigantesque.

J'ouvre la porte fenêtre, puis je m'éclipse dans leur jardin. Je commence mon petit tour, en effleurant chaque fleur devant lesquelles je passe, mais une sonnerie de téléphone cesse mon moment de tranquillité. Ça doit être le téléphone de ma mère. Je le sors de ma poche, et je vois que la personne qui l'appelle, c'est Joe, l'un de nos employés. Je vais répondre, si ça se trouve, c'est urgent.

—Allo Joe, qu'est-ce qu'il se passe ?

—Ambre s'est évanouie, elle n'a pas arrêté de travailler et elle ne s'est pas mise à l'ombre malgré le soleil qui tape. On a appelé les urgences, ils ne vont pas tarder, je voulais juste vous prévenir.

—Merci Joe.

Je reste immobile, le téléphone devant l'oreille, alors que l'appel est terminé. Je n'en reviens pas. Il faut que j'y aille...

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant