chapitre 32: le départ

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Aujourd'hui, c'est le départ. Il est sept heures du matin, et mes parents ont insisté pour que l'on parte tôt, en raison de la longue route qui nous attend. Dans une valise, j'ai mis quasiment tous mes vêtements, et j'ai préféré en laisser quelques-uns dans l'armoire, pour dire que je reviendrais, que je ne resterais pas là-bas pour toujours, et que cette maison où j'ai passé toute mon enfance pourra m'accueillir quelques fois après mes études.

J'ai pris quelques livres pour me divertir de temps en temps, tous mes soins, mes chaussures, et bien évidemment, tout mon matériel d'art. Mes parents m'avaient acheté au préalable quelques meubles qui arriveront dans quelques jours une fois que je serai installé dans mon nouvel appartement, ainsi que plusieurs babioles, de la porcelaine, des draps, des coussins, même une nouvelle télé pour mon salon !

Mes parents tiennent à ce que je me sente bien dans mon nouveau chez-moi, en veillant à ce que je ne manque de rien, ils ont acheté tout le nécessaire, et ce sont même eux qui ont choisi mon studio ! Je n'ai pas eu mon mot à dire, alors je les ai laissés regarder et choisir pour moi. Je n'ai même pas eu le droit de regarder les photos de l'appartement, c'est la surprise. J'espère juste qu'ils n'ont pas acheté un appartement trop grand, je n'en ai pas besoin ! Après tout, je serai la plupart du temps en cours, alors un studio de trois cents mètres carrés ne m'est d'aucune utilité.

Même si j'abandonne cette maison qui va affreusement me manquer, je ressens de l'excitation, puisque dans quelques heures, je découvrirai mon nouvel appartement, et dans quelques jours, j'intégrerai l'école des Beaux-arts !

J'ai pris la sage décision de ne pas refuser cette offre, malgré les gens que je vais laisser ici... Mes parents avec qui j'ai partagé tous mes plus beaux moments ne seront plus là pour me protéger ou pour m'aider à faire quoi que ce soit. Ils seront à plusieurs centaines de kilomètres, perdus dans les montagnes, et ces moments de bonheur que nous partagions ne seront plus si fréquents.

Quant à Ambre, ma meilleure amie, je ne pourrais plus lui raconter mes histoires, ni me promener à ses côtés à cheval à travers la montagne, ni faire de sieste ensemble sur des bottes de foin devant le coucher du soleil. Tout cela se transformera en souvenir. Mes meilleurs souvenirs.

J'essaierai de rendre visite à mes parents ainsi qu'à Ambre le plus souvent possible. Avec les cours, ce ne sera pas facile, mais à la moindre occasion, je les rejoindrai. Ils sont ma famille, ce n'est pas parce que je vais partir loin que je vais les oublier. Ils sont dans mon cœur, c'est comme si une partie d'eux part avec moi.

Et il y a Diego. Celui que j'aime et qui m'a comblé de bonheur ces derniers jours pour profiter au maximum de nos derniers instants avant longtemps. Il a réalisé que venir tous les week-ends ne sera pas si simple, puisqu'ils comptent très bientôt reprendre le flambeau de l'entreprise familial, à la place, il viendra un week-end sur deux, c'est déjà ça. Je me vois déjà attendre avec impatience le week-end pour me réchauffer dans la chaleur que dégage son corps, pour regarder des films ou se balader dans cette ville que je connaitrai bientôt comme ma poche.

Ce ne sera pas facile au début, je serai seule, mais je m'y habituerai. Mon train de vie ne sera plus le même... Les années d'innocence sont terminées.

Avant d'embarquer dans la voiture, je prends bien soin de dire au revoir à tous mes animaux que j'aime énormément, les voir me sourire comme chaque matin me fait un pincement au cœur, car ils ne savent pas que ce matin est le dernier.

–Tu vas me manquer, tu sais, exprime Ambre, les yeux mouillés, un sourire triste aux lèvres.

–Si tu pleures, je vais pleurer.

Je la prends dans mes bras presque sauvagement, et la serre fort, si fort que j'ai peur qu'elle s'étouffe. Je ne veux pas la laisser toute seule, et je ne veux pas non plus la lâcher parce que cela voudra dire que je pars pour de bon, et que je ne la reverrai que dans un certain temps...

Je pose ma tête sur son épaule, elle fait de même, et je ferme mes paupières, profitant du mieux que je peux de cette dernière étreinte avec ma meilleure amie.

–Tu promets... de me montrer ton appartement quand tu arrives ? M'interroge-t-elle entre deux sanglots.

–Bien sûr, répondis-je, tout en me pinçant les lèvres pour me retenir d'éclater en sanglots.

Un long moment s'écoule, avant que nous décidions enfin de nous séparer.

Mes parents ont pris le soin de mettre toutes les valises dans le coffre, et nous voilà partis. J'agite ma main pour dire au revoir à travers la fenêtre à Ambre, qui reste immobile sur le pas de la porte, agitant, elle aussi, sa main, jusqu'à ce que la voiture disparaisse. Je ne pensais pas que lui dire au revoir aurait été si difficile...

Ce qui a été encore plus difficile, c'était de dire au revoir il y a deux jours à Diego. Il est parti en vacances avec Miguel, en Espagne, près de Barcelone, alors nous avons dû nous dire au revoir plus tôt que prévu. Deux jours sans le voir et il me manque déjà.

C'est fou comment l'amour peut nous rendre obsédé par une personne en si peu de temps. Je pense à lui à chaque instant, je vois son visage dans mon esprit tout le temps, et j'attends chacune de ses notifications avec impatience. Il semble s'amuser en Espagne, alors je suis heureuse pour lui.

Dans la voiture, j'écoute de la musique, la tête posée sur la vitre, à admirer le paysage qui défile.

J'ai plusieurs heures à tuer, et pour l'instant, c'est le moment repos.

Mon père conduit, tandis que ma mère ronfle déjà. Je ne sais pas comment certaines personnes réussissent à dormir en voiture. Ça tremble beaucoup trop, la radio crache dans nos oreilles, la banquette est peu confortable, et les insultes de mon père à chaque conducteur qui lui font une queue de poisson sont des facteurs qui font que c'est impossible de dormir en voiture.

Est-ce que j'ai envie de pleurer lorsque la chanson Heart to heart se met à résonner dans mes oreilles ? Oui. Les paroles de la chanson me permettent de me remémorer des souvenirs que j'ai eus dans ma belle maison, avec Ambre, mes parents, mais aussi des souvenirs récents qui me tiennent à cœur avec Diego. J'ai l'impression d'abandonner ce petit monde.

Je vais devoir vivre seule, me faire à manger seule, payer mes factures, aller à la boulangerie ou au supermarché sans la petite liste préparée soigneusement par ma mère. C'est l'indépendance quoi, mais c'est moins fun que ce que j'imaginais.

–Merde ! S'écrie mon père, tout en tournant le volant au maximum pour se garer sur une place libre.

–C'est la pause pipi ?

–Non, on est en panne !

Ma mère regarde curieusement mon père face à cette annonce.

–On est en panne ?

–Oui, je vais devoir appeler un dépanneur, mais à mon avis ça va prendre du temps.

Mon père ne semble pas si contrarié que ça en nous l'annonçant, au contraire, on dirait que c'est une chose banale. Je devais arriver dans l'après-midi à l'appartement, et à cause de cette mystérieuse panne, je vais sûrement devoir dormir ce soir dans la voiture !

–Je ne comprends pas, comment ça se fait ! M'exclamé-je, perdant ma patience.

–Je ne sais pas, le dépanneur nous le dira. Je vais l'appeler d'ailleurs. Ma puce, réserve un hôtel pas loin, au cas où si ça prend du temps, on ne va pas dormir dans la voiture, murmure-t-il à ma mère, puisqu'il venait déjà de composer un numéro sur son téléphone.

Je pose ma tête sur la banquette dure tout en soufflant, énervée par la situation. Nous n'avons jamais eu de panne, et voilà que ça arrive maintenant ! De toute façon, ce n'est pas grave si je n'arrive pas à Paris aujourd'hui, mais j'avais tellement hâte de découvrir mon studio, et cette histoire de panne n'est pas claire...

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Coucouu !

Vos pensées sur ce chapitre ?

C'est l'avant dernier :(

Kisss<33

𝙒𝙝𝙚𝙣 𝙩𝙬𝙤 𝙬𝙤𝙧𝙡𝙙𝙨 𝙘𝙤𝙡𝙡𝙞𝙙𝙚Où les histoires vivent. Découvrez maintenant