Chapitre 8

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Quelques mois plus tôt 


Il réussit à calmer les battements angoissés de son cœur au moment où il arriva devant la grande porte du salon. Il inspira profondément et poussa le battant. La salle était sombre, pas un rai de lumière ne filtrait des lourds volets fermés. Seul un grand fauteuil trônait au centre de la pièce, sur lequel Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom le surplombait de toute sa noirceur. 


Drago déglutit intérieurement. Son éducation lui permettait de ne laisser aucun sentiment passer sur son visage, heureusement pour lui. Voldemort le fixait de son regard carmin, tapotant l'accoudoir du fauteuil de ses longs doigts. Le geste était hypnotisant, mais le jeune homme restait concentré. Il ne devait pas laisser passer une seule de ses pensées sur son visage malgré son énorme peur. Il se demandait comment il parvenait à ne serait-ce que rester conscient alors que son esprit ne souhaitait que sombrer dans sa terreur. 


Sa mère ne lui avait pas dit grand chose. Il n'y avait finalement rien à dire. 


« Le maître veut te voir » était suffisant pour plomber l'ambiance. S'il ne connaissait pas un peu Narcissa Malefoy, il aurait pu croire que son visage de marbre ne représentait qu'une indifférence froide quant au sort de son fils, mais il savait qu'au fond, sa mère était aussi apeurée que lui. Il ne fallait pas être idiot et croire qu'elle se laisserait aller en plein milieu d'une salle remplie de mangemorts. Elle craquerait, plus tard, seule dans sa chambre. 


Drago ne pouvait pas y penser. Il devait se focaliser uniquement sur Voldemort, ne rien laisser paraître de ses émotions et de sa peur. Aucune parade ne pourrait empêcher le mage noir de le torturer ou de lui faire payer l'échec de son père, ce qui était probablement le plus effrayant. Il n'avait que 15 ans par Merlin, comment pouvait-il gérer une telle situation, même en étant un Malefoy ?! Drago ne voulait pas avoir à faire aux mangemorts ni même à Voldemort, il voulait continuer à garder ses illusions inutiles sur ce que faisait son père quand il ne travaillait pas au ministère. Il était trop jeune, trop seul, pas assez préparé et il ne savait absolument pas comment prendre la responsabilité d'une erreur qui n'était pas la sienne. 


Il évitait de regarder le mage noir dans les yeux, gardait la tête baissée, tentant misérablement de garder ses barrières mentales dressées. Il remercia silencieusement Rogue pour ses cours d'occlumancie. Il n'osait même pas imaginer que Voldemort puisse lire en lui et savoir tout ce à quoi il pensait. 


Un silence de mort régnait. Voldemort ne faisait pas un geste, n'esquissait pas une parole, et Drago attendait. Rien ne pouvait le préparer à ce genre de confrontation. C'était facile de s'énerver contre Harry Potter, de se moquer des autres élèves, de regarder les professeurs de haut quand on était un Malefoy et qu'on avait assez de pouvoir pour ne pas s'inquiéter des représailles. 


Mais c'était de Voldemort dont on parlait. Pour la première fois de sa vie, il se sentait comme un moins que rien. C'était effrayant, déroutant et il n'avait qu'une envie, s'enfuir d'ici, ventre à terre. Peut-être aurait-il dû fuir finalement ? Qu'est-ce qu'il avait à perdre ? Il lui suffisait d'emmener sa mère avec lui loin de tout ce bordel. Son père était à Azkaban, et il ne pouvait rien faire pour l'en sortir ni le sauver. Il ne restait que Narcissa, la seule personne pour qui il faisait preuve d'un peu de courage. 


Voilà pourquoi il se tenait là. C'était la plus mauvaise idée qu'il ait jamais eue. Rester en Angleterre alors qu'il savait avec certitude que le mage noir se servirait de lui pour faire payer l'échec de son père. Échec causé par Potter. Cet enfoiré de Potter à qui il ferait payer tout ça. C'était entièrement sa faute. 

D'émeraude et d'argentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant