Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passé

Chapitre 2

« Va falloir que tu m'expliques un truc là ! Tu préfères rester avec ton crevard de père plutôt que de venir me voir à une de mes répétitions ?! »

« T'inquiètes pas bébé, je vais arranger certaines choses aujourd'hui et la prochaine fois je viendrai. »

« T'as intérêt ! »

Elle a raccroché ? C'est pas vrai, elle m'énerve !

« Ayoub ? » me rappelle ma mère.

Bref, il faut que je me calme rapidement avant de rejoindre ma mère dans la chambre.

« J'arrive ! »

Je sors de la salle de bain où je m'étais réfugié pour téléphoner. Ma mère est arrivée alors je me suis permis de répondre à un coup de fil. J'aurais peut être du m'abstenir. Mais Magalie est une personne que je définirais comme tenace donc, soit je répond soit je prends un abonnement chez "SOS Harcèlement."

« Il faudra que tu viennes voir ton père plus régulièrement wouldi. »

« Oui bien sûr » dis-je avec un soupçon d'ironie dans ma voix.

Parce qu'il est vrai que mon père et moi sommes inséparable et que sa lutte contre son cancer m'importe beaucoup...

Non mais redescendez sur terre !

Ma mère me lance son regard le plus sombre et me force à être plus patient. Elle sait ce que je ressens, mais elle a aussi envie de rester auprès de cet homme. De toute manière il ne la mérite pas... C'est incroyable mais cette gentillesse m'étouffe.

« J'ai peur que tu t'ennuie tout seul. » Lui avoue ma mère.

« Ne t'inquiètes pas, je trouverai un moyen de passer le temps. Si tu pouvais juste me ramener mon coran s'il te plaît. »

"Ayoub m'a dit qu'il te l'avait ramené, il y a deux semaines... Tu as du le perdre"

"Mais non... Je ..." Commence-t-il à balbutier sans comprendre. Puis il posa le regard sur moi.

Il a compris. Les sourcils froncés, le sourire mauvais; ce regard -que j'ai mis du temps à perfectionner- lui fait perdre ses moyens.

Le pauvre... Je regrette pas d'avoir garder son Coran mais ce regard me rappelle légèrement moi à une certaine époque... Bref !

Il ne continue pas, et m'observe longuement. Triste, il ne peut s'empêcher de me fixer. Puis il reprend en projetant son regard sur ma mère.

"Oui peut-être bien... Je sens que je vais abuser de ta gentillesse Malika mais..."

"Non, non, pas du tout. Dis moi seulement et tu auras."

"Barak Allah oufiki... Je ne saurais te remercier si tu me trouvais quelqu'un pour me faire la lecture. Et qui saurait lire arabe, pour que je puisse entendre mon coran."

Je lance un regard de détresse à ma mère.

Non mais et puis quoi encore. On ne va pas payer quelqu'un pour lire. Il peut très bien le faire tout seul ! Malgre tout les signaux d'alerte qu'on peut faire avec les yeux que lui ai lancé ma mère a fini par accepter. C'est comme si elle n'avait pas vu que j'étais présent et que mes yeux la suppliaient de ne pas lui promettre de telles bêtises.

Au final nous nous levons et quittons la salle. Une fois en dehors, je ne peux plus contenir ma frustration.

« J'en peux plus de sa tête à lui ! Ingrat va ! »

« Ayoub ! » Me réprimande-t-elle.

Elle me prend par l'oreille et me tire jusqu'aux ascenseurs.