Ayoub

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"Monsieur Yousfi, sachant que notre école à toujours réfuté la violence nous ne pouvons pas continuer à accepter votre fils dans notre établissement."

Je relève le visage vers mon père lorsque la directrice lui dis ça. Mon coeur battait à cent à l'heure. Je fixais mon père pour voir sa réaction mais il restait neutre. C'est l'expression qu'il arboré devant les autres car il ne peut pas les frapper ou les enfermer dans le placard maudit.
Alors devant son expression la directrice continue:

"Il va falloir que Riyad mérite amplement sa place dans notre école. Mais je pense tout de même qu'il serait mieux de le retire de notre instituti..."

"NON !"

Mon père et la directrice se tournent tout les deux vers moi les yeux grands écarquillés. Je change c'est vrai. Mais j'ai besoin de ce changement pour protéger mon frère et ma mère. Et puis ce n'est qu'un reflexe qui m'a fait intervenir. Parce que j'ai l'air de mieux comprendre qu'eux que Riyad n'a pas à payer pour pour mes bêtises.

"Je vous promet que Riyad fera pas de bêtises ! Laisser le dans cette école."
"Excuse moi mon enfant mais c'est une discussion d'adulte."
"Ayoub va attendre dehors." me dit mon père.

Son regard me prédit que je serai foutu une fois à la maison. Il me frappe comme si j'étais son égal maintenant, il y met toute sa force. Encore si je faisais des bêtises je veux bien mais est-ce-que je fais des bêtises moi ? Est-ce-que je fais honte à l'école. Jusque aujourd'hui je m'étais jamais fais remarqué, alors elle est où la bêtise là ! Je m'en prend plein la gueule en ce moment. Ils pensent que je change parce que je joue trop avec Mehdi et que je vais trop à la cité. Mon père a même caché tout les ballons de foot pour plus que j'aille jouer avec eux.

"Ils ne jouent avec toi que parce que c'est toi qui a le ballon ! Ils ne font que profiter !"M'a dit mon père.

J'y ai cru. Mais je me suis senti tellement bien le jour où c'est Ibrahim qui a ramené le ballon en disant :
"Bah mehlich je vais chercher chez moi !"

Ils ne savaient pas que mon père ne les aimaient pas. Et encore moins ce qu'il me faisait à la maison à cause d'eux. Ils ne disent rien quand j'emmène Riyad avec moi. Leurs soeurs et leur frère jouent aussi au parc à côtés du champs. Quand je suis avec eux j'oublie. J'oublie à quel point je ne suis qu'un gros nul aux yeux de mon père. À quel point il me hait. Avant je pensais qu'il m'aimait mais aujourd'hui j'en suis sûre. Non !
Mehdi, Ibrahim et Mohamed vivent dans une cité. Leurs baskets sont troués. Leurs ballons sont dégonflés. Leur école est dans une ZEP. Mais je les envie plus qu'il ne le pense. Lorsque leur père, en rentrant du travail les croise ils courent dans leur bras. Une fois Mohamed a même tchequé son père ! Des fois ils restent un moment pour parler un peu avec eux. Et là je pense à mon père qui me donne l'impression d'être un monstre...

Puis il y a toujours ce fameux moment où leur mère ouvre la fenêtre pour les appeler. Elles crient super fort ! Mdrrr ! Elles ont leur foulard sur la tête et leur disent de monter chez eux. C'est toujours à ce moment que Riyad cours me rejoindre et me donne la main. Il dit au revoir à ses autres copains et nous partons vers les grandes maisons. Plus on avance plus les maisons sont imposantes, plus jardins sont grands et bien arrosé. On regarde toujours ces maisons jusqu'à ce que l'on arrive à la notre. La plus grande...
Je déteste tellement cette endroit. Je veux tellement le fuire... J'ai rien demandé.

Allah ne m'entend même pas. Il ne veut pas m'aider. À croire que lui aussi me déteste. Papa a du lui parler de moi dans ses prières et demander à ce que je sois malheureux j'en suis sûr.
Riyad n'a pas encore 7 ans mais je redoute incroyablement ce jour. Ce petit n'a rien demandé non plus. Il voit ce que Papa me fais mais il ne sait pas qu'un jour son tour viendra. Il est trop jeune pour comprendre. Trop innocent. Il doit penser que je fais beaucoup de bêtises ou que je suis trop méchant. Que c'est pour ça que j'en prend autant des coups... Riyad ne doit pas vivre ce que je vis.

Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant