"Je suis perdu... Je... Je sais pas... Où je suis..." Sanglotais-je.
Titubant dans la rue tout en chialant, j'ai l'impression que je vais tomber à tout moment. M'évanouir. Voir même mourir. Sur un trottoir en pleine nuit... Quoi de plus glauque ?
Pas un chat à l'horizon non plus, mis à part une lointaine sirène d'ambulance qui résonne encore au loin...
J'ai l'impression que j'ai jamais été aussi triste qu'à cet instant. Que mon coeur se plaint et me supplie d'arrêter d'avoir mal... Me supplie d'arrêter d'aimer. Me supplie d'arrêter ce massacre... Je me prend les pieds sur le chemin sans savoir vers où je vais. Ou même savoir où je met les pieds... Je trébuche inévitablement. Mon corps est engourdi et j'ai mal à l'âme... Je respire difficilement et tente de m'appuyer sur mes bras pour me redresser.
Je colle mon dos contre un muret et respire. Je respire. Difficilement, mais toujours. Ça fais un bien fou de se prendre l'air frais du soir dans le visage. Mais j'ai l'impression d'être dans un pays étranger. D'avoir voyagé plusieurs jours et d'être sale à cause du voyage.
Des films se font dans ma tête. J'imagine pouvoir prendre n'importe quel chemin au hasard. Fuir mon père. Ma mère. Prendre mon frère. Tout recommencer. Lui montrer un monde qu'il ne connaît pas. Qu'il aimera. Que j'aimerais.
Dans ma tête, une partie de moi espère vivre loin ! Très loin ! Là où plus personne ne me fera mal ! Là où les hommes et les femmes s'aiment. Sans pleures. Sans cris. Sans que les enfants aient à supporter le monde des adultes. Je rêve d'un endroit où mon père me prenait encore dans ses bras et où je jouais avec lui. Je rêve d'un endroit où le seul alcool qui existe soit l'amour ! Que l'amour soit maître. Parce que je les aime... Maman, Riyad... Et papa ! J'aime ce monstre ! J'aime cet homme qui m'a frappé jusqu'au sang ! Mais mon Dieu pourquoi je l'aime ?!
Je redouble de pleure en ne trouvant aucune réponse à cette question ! Pourquoi ?! Il a été gentil avec moi ? Il m'a offert des cadeaux ? On riait bien ensemble ? Ou tout simplement parce que je lui ressemble ?
Lui ressembler... Moi qui aurait tellement aimé ressembler à maman... C'est un fardeau de ressembler à cet homme ! De devoir porter le même visage que lui en permanence... Partout où j'irais, j'aurais son visage... Maman ne doit pas beaucoup m'aimer à cause de ça. Elle préfère Riyad...
Mais je lui en veux pas... Je suis pas un bon garçon comme lui. J'ai même pas les yeux verts pour vous dire ! Vous savez pas à quel point j'ai le seum pour ça ! Moi aussi je veux les yeux verts ! Mais non... Moi j'ai les yeux de mon père. Tout simplement marron. Tout simplement moche. Lui il a le teint matte. Moi je suis très bronzé. Au bled on m'appelle le noir. Parce que lorsque je bronze je peux rivaliser avec mon pote Ibrahim qui lui même est très noir.
Au bled les gens aiment bien le teint blanc. Mon père m'avait expliqué qu'à l'ancienne c'était un signe de pureté... Mais moi je suis comme lui. Rien n'est pur en moi...
Ça me donne envie de mourir ! J'en pleure de plus bel ! Moi aussi je veux être comme Riyad ! C'est pas juste que se soit moi qui ressemble au daron ! C'est pas juste que se sois moi qui sois mauvais ! C'est tellement injuste ! Pourquoi mon Dieu ? Pourquoi Tu me détestes ?! Tout ce que je voulais c'était ressembler à ma mère... Tout ce que je voulais c'était savoir qui Tu étais... Mais au final je sais même pas T'es qui Wesh ! Mais T'es Qui ?! Il est là à nous voir tandis que nous on sait même pas à quoi Il ressemble !
Mon père Le connaissait tellement qu'il savait qu'Il me réservait l'enfer. Alors pourquoi m'acharnait ?
"Qu'est ce que T'attends pour m'y envoyer ? Hein ?! T'attends quoi ?!" Ai je hurlé en fixant la lune. Je fixais le ciel et je lui ai même montré mon poing ! "Abrége ma vie... Elle est complètement pourri de toute façon..."
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Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passé
Espiritual"C'était quoi ta force ? Qu'Est-ce-qui t'as guidé vers Allah ? Qui a fait que tu voulais revenir vers lui ? Lui dire pardon ? Lui dire Merci ? C'était quoi ? " "La solitude..." "C'était de la faiblesse alors !" "Non !" S'exclama-t-elle. Le visage tr...