Homayra

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"Son père s'est remarié... Et il a tous les arguments pour pouvoir me prendre la garde de Marwanne... Je peux pas le laisser me le reprendre, je peux pas laisser mon fils dans les bras de ce monstre... Pas encore une fois Homayra. Nous partons demain matin..."

Je garde les yeux au sol pour ne pas montrer un visage détruit à ma tante et à Marwanne... Des larmes restent immobiles dans mes yeux car il est hors de question de leur montrer que j'en suis triste. Il est hors de question que je leur dise de rester alors qu'il en va de leurs vies. Il est hors de question que je devienne leur fardeau...

Mon ami me fixe intensément sans pour autant dire quoique se soit. Je sens son regard insistant. Il veux avoir confirmation que je pleure. Il sait que je pleure, il n'a pas besoin de voir mon visage parce qu'il me connaît beaucoup trop pour ça. Mais il veux juste une confirmation ce crétin ! Mais qu'il arrête ! J'en ai marre ! Ça ne lui a pas suffit de me retrouver à moitié morte dans une cave ? Ça ne lui a pas suffit d'apprendre des autres que j'avais menti sur l'affaire de la voiture ? Ça ne lui suffit pas de me voir dans un hôpital psychiatrique ? Je leur pourrie la vie mais eux ne cessent de me chercher, mais j'en ai marre de semer des catastrophes depuis que je suis gamine ! Je me sens coupable de chaque drames comme si je les avais prémédité ! Je me sens menteuse même quand je dis la vérité mais eux ils m'aiment... Mon Dieu... Dire que des gens plus honnêtes que moi sont encore plus seuls que moi... Je me sens seule... Même entouré je me sens terriblement seule... 

 "On est venu voir ton état... Ma fille... J'ai peur de partir en te laissant ici... Ton frère est tellement malheureux sans toi. Oh ma fille, regarde moi, parle moi !" Me supplia Tata Myriam en frôlant mes mains posées sur la table que je retire rapidement. 

J'ai levé les yeux.

Et je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas crié. Je n'ai pas refait de malaise. J'ai simplement fais face à cette belle femme et j'ai compris.

"Partez..." Ai je voulu lui dire. Mais ma gorge était très sèche. Seulement un son cassé à dépasser mes lèvres. J'ai toussé à plusieurs reprises puis une infirmière et ma tante ont accouru vers moi en voyant que j'allais enfin parler. Marwanne avait les yeux qui brillaient d'émotions, il était limite tétanisé sur sa chaise mais ses yeux ne mentaient pas.

Le temps que la dame qui travaillait ici aille me cherche un verre d'eau, j'ai retenté d'articuler ce simple mot en regardant Marwanne droit dans les yeux:

"Partez..."

Myriam se redresse légèrement en m'entendant enfin et se penche à nouveau vers moi pour être sûre de ce que je viens de leur dire. Ma voix était faible, mais je ne sais pas pourquoi et comment j'ai encore réussi à lui dire:

"Fuyez..."

Un sanglot s'échappa du fond de sa gorge. Marwanne ferma les yeux pour encaisser mes mots. Une larme douloureuse glissa sur sa joue et il expira longuement et difficilement... 

"Homayra..." Avait-il l'air de s'excuser en pleurant librement cette fois. 

Myriam me prit subitement dans ses bras et me serra fort contre elle. Passant sa main dans mes cheveux je savourais son étreinte au maximum, respirais son odeur comme un camé sniffe sa drogue. Profiter de sa présence, dans sa douceur sur moi, de son touché apaisant. Profiter de l'infini beauté de cette femme. Profiter une dernière fois du visage espiègle de Marwanne... 

Un verre d'eau se posa sur la table et me réveilla brusquement de ma rêverie. Je pose mes yeux sur l'infirmière qui affichait un sourire doux et qui m'invitait à me désaltérer avec des yeux empathique. 

"Je suis désolée mais c'est bientôt l'heure de ton rendez vous chez la psychologue Homayra. Il est temps de leur dire au revoir." Susurra-t-elle et gâchant mes adieux que j'aurais aimé plus long. Je me résigne encore une fois en fermant les yeux. Qu'on me prenne tous. Que tout le monde parte. Que je sois à nouveau seule dans une infinie de pensée toute plus morbide les unes que les autres. Qu'on me prenne moi aussi... 

Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant