Homayra

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Un brouha s'élève dans le tribunal et mes yeux s'embuent de larmes lorsque le jugement est prononcé. Il est arrivé l'inévitable et je pleure parce que je ne pouvais rien faire pour contrer ce qui arrive.. Tandis que ma gorge se serre, mes mains deviennent moites et agrippent ardemment ma chaise... C'est tellement horrible... C'est vraiment un cauchemar. Cette vie est un rêve où j'enchaîne les conneries les unes après les autres mais où je n'arrive pas à remonter la pente. A être quelqu'un de bien... Et je trouve ça tellement injuste ! Je veux changer du plus profond de mon coeur moi aussi ! Moi aussi je veux être gentille, avoir des bonnes notes en cours, avec des copines et faire de l'athlétisme  ! Moi aussi je veux être comme les autres ! Mener une vie tranquille avec des gens que j'aime ! Je veux que Ali soit un grand frère heureux et que Samir vive en paix avec sa famille ! Mais je ne suis que moi... Moi je n'ai rien de tout ça. Ali est déçu. Samir coûle dans une mer de problèmes. Ma seule amie va aller en maison de redressement par ma faute car je l'ai trahie, Marwanne ne m'adressera plus jamais la parole quand il saura ce que j'ai fais et moi je vais encore me retrouver toute seule. Ce n'est que moi. Et c'est ma faute. 

"Vous aurez 1 semaine chacune avant d'être emmener dans vos établissement respective." Termine la juge avant d'abattre le marteau sur son bureau, j'ai un long et désagréable frisson qui me parcourt l'échine lorsqu'il frappe le bois du mobilier et j'ai vraiment envie de vomir tellement ça me dégoûte. J'ai raté ce que je pensais faire de bon: c'est à dire sauver ma peau. J'ai vraiment cru que je pourrais ne pas retourner là bas. Rien que cette idée me refile encore des nausées et je vais rendre mon petit déj' si ça continue; je stresse, j'ai peur, ma respiration se saccade lorsque j'y pense encore. Mon cœur bat la chamade et mes pensées se bousculent en même temps que les personnes qui tentent de sortir de la salle du tribunal. Un soupçon de haine et de colère envahissent mon cœur et je me lève rapidement et fuit le regard de mes frères qui agrippent mes épaules et qui me poussent vers la sortie. J'avais pas envie de partir de chez moi ! J'avais pas envie de m'en aller et de laisser Ali ici encore une fois ! Je voulais pas que ça se finisse comme ça ! L'histoire est finie et j'ai perdue car comme d'habitude c'est les gentils qui gagnent à la fin. Un cœur noir... A 6 ans à peine j'ai pensé ça de moi et je trouve que j'étais déjà rempli de bon sens. 

Les regards sont braqués sur moi, les gens murmurent sur mon passage et je crois même entendre que je suis folle et bizarre. Des critiques atteignent mes oreilles et je ne peux que serrer le poing de frustration pour ne pas exploser et aller me défendre devant ces inconnus qui se permettent de penser que je suis bizarre. Je me suis fais jugé une fois et cette fois ci m'a coûté m'a liberté, qu'est ce que je vais perdre à mon deuxième tribunal face aux gens et à leur haine ? 

Je soupire longuement et continue de me laisser traîner vers la sortie lorsque je me sens projeter au sol d'une manière incroyable ! Je me sens voler dans le ciel avant de tomber de tout mon long sur le parquet de la maison de justice. Bouche bée, je fixe mes mains sans comprendre comment j'en suis arrivée là. Ali me relève violemment d'un coup sec, son regard trahit de l'inquiétude mais je n'y prête pas plus d'attention lorsque je vois que  Samir attrape Haïthem, le grand frère de Samira. 

"Non mais ça va pas !" S'emballe mon frère. "Si t'as un problème contre une gamine retourne voir madame la juge et dégage ! Occupe toi de ta petite se sera déjà assez !"

"La ferme !" Hurle Haïthem en poussant Samir de toute ses forces. Ses veines frappent contre son front et je sens la panique prendre possession de mon corps lorsqu'il rive ses yeux dans les miens et qu'ils ont l'air de me lancer des éclairs de haine. Si il avait pu me tuer juste ainsi il l'aurait fait sans aucune scrupule. J'avale difficilement ma salive et tremble de tous mes membres... Je suis cuite. J'arrive pas à ne pas le fixer lui et ses poings serrés, aux jointures blanchies par la force qu'il y met... 

Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant