Chapitre 35

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Je sens une main passer dans mes cheveux lentement. C'est agréable, ça fais un bien fou. Et puis surtout ça change de d'habitude !

J'espère juste que c'est pas encore un rêve. Avoir quelqu'un qui se montre bien comme ça avec toi c'est juste... Wouah quoi ! J'ai juste envie de serrer cette personne dans mes bras pour plus jamais m'en aller. Juste de la douceur purée... Juste ça. Rien de plus.
J'ouvre les yeux et puis tout d'un coup tout me paraît irréel. Je lève ma main en l'air pour voir si ce n'est qu'une impression mais non. C'est une main d'enfant que je vois. J'ai une main d'enfant.
Je suis allongé sur l'herbe dans le corps du petit enfant que j'étais auparavant avec toujours cette main qui me touche délicatement les cheveux.
C'était bel et bien un rêve... En même temps c'était trop beau pour être vrai.

Qui pourrait avoir ce geste là envers moi ? Franchement ? La dernière fois que ma mère a fait preuve de délicatesse avec moi je devais encore être un gamin. Dans le temps où, où qu'elle soit, il y avait une grosse bouteille de verre verte à côtés d'elle. Quand j'étais petit je me posais pas mille questions sur ça non plus. Je comprenais parfaitement que ma mère puisse avoir soif ou heja comme ça. C'était normal de boire pour moi. Je savais juste que moi je pouvais pas boire ce qu'elle buvait. Mais jamais j'aurais cru que c'était puissant au point que ma mère me touche tendrement. Parce que une fois son penchant pour la boisson passé, elle n'a su faire preuve de tendresse qu'avec Riyad. Mais c'était normal on va dire. J'avais 15 ans et Riyad en avait seulement 10. J'avais eu le temps de m'en remettre.
Le temps de me construire une barrière infranchissable. Personne pouvait avoir mon amour ou ma confiance. Plus personne n'a pu jouer avec moi. J'étais devenu un dur. J'étais toujours coller avec mes potes, et t'avais l'impression que je faisais partie du décor dans leur vieille cité. Le pire c'est qu'il se sentait trop chaud chez eux. Les flics tournaient régulièrement et ça les faisaient se sentir grand. Mais c'est pas parce que un flic passe 5 minutes que t'habites dans le Bronx Khey. Faut se réveiller hein... Mais va leur expliquer ça franchement. Je préfère encore parler à un arbre ou à un mur. Combien qu'ils peuvent plus m'écouter que cette bande de shlag !

C'est alors qu'au beau milieu de mon rêve, je me suis mis à parler.

"Je déteste vraiment parler avec les gens."

La personne me répondit alors tout en continuant ses mouvements réguliers dans mes cheveux: " Les gens sont méchants avec toi ?"

Je ferme les yeux et inspire fortement avant de dire: "Oui." Tout simplement.

__: "Ils ne t'aiment pas ?"

"Je sais pas..." Ai je répondu avec une voix inquiéte.

Franchement c'est une bonne question parce qu'en fait, ça me fais mal de penser qu'on peut ne pas m'aimer. Qui ne m'aime pas ? Je traîne pas avec beaucoup, beaucoup de gens. J'ai plus de famille et plus d'amis. A part un fournisseur, des clients et une "fiancée"... Ça fais pas beaucoup de gens ça. Alors si ils m'aiment pas...

__: "Tu as demandé à Allah pourtant."

Je fronce légèrement les sourcils et commence à réfléchir. Ça fais longtemps que j'ai rien demandé à Allah. Je sais même pas si Allah se souvient de ce que je lui demandais dans le passé. Et je lui ai demandé tellement de choses...

"J'ai demandé plein de trucs, mais je sais pas de quoi tu parles là tout de suite."

__:" Tu voulais quelqu'un non ?"

Je reste muet en attendant des détails, curieux de savoir ce qu'elle allait me rappeler.

__: "Quelqu'un qui comprend ? Quelqu'un qui t'aime ?"

Je ferme les yeux un instant en me rappelant. Comment je peux oublier ça ? C'est juste impossible à oublier... C'était plus des supplications que des demandes. Plus des pleures que des mots. C'était douloureux en fait de voir que le monde tournait très bien même si j'y souffrais et que sur 7 milliard d'individus sur cette planète, personne ne comprenait que ce qui m'arrivait été injuste.
J'étais malheureux et tous le monde pensait simplement que si je me prenais des raclées, c'est que je faisais des conneries.

Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant