Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passé

Homayra

"Homayra ? Homayra !"

Je sursaute et me réveille de mon sommeil au beau milieu du cours d'histoire géo. C'est pas sérieux...

"Va voir l'infirmière, tout de suite. C'est vraiment pas possible de dormir avec un tel boucan, c'est inquiétant même. Samira, tu l'accompagnes s'il te plaît."

Mon coeur rate un battement lorsque la prof désigne Samira pour m'accompagner. Non... Non, j'en peux plus, je fais mon possible pour l'éviter mais tout le monde me jette vers elle. J'arrive pas à la regarder dans les yeux. Le comble c'est qu'elle veut me parler depuis longtemps. Elle a déjà du recevoir une lettre du commissariat...

Je me redresse en même temps qu'elle et elle m'attrape le bras pour m'aider à marcher jusqu'au rez de chaussée. Même son contact est douloureux maintenant... Je me referme sur moi même et évite de rencontrer ses yeux. C'est trop dangereux pour moi et pour mon coeur. Mais en voulant éviter son regard je fais face à une porte vitrée dans le couloir et il me renvoie mon image. Comment je peux autant détester ce que me renvoie mon reflet ? Je pose mes yeux au sol et fais la sourde oreille aux mots de Samira. Elle me demande si je vais bien. Pourquoi je ne lui répond pas. Qu'est ce qu'elle a fait pour que je m'éloigne d'elle. Pourquoi je ne lui parle plus.

"Mais enfin Mayra, répond moi !" Fait elle semblant de s'énerver avec la voix tremblante.

"Mais tais-toi !" L'ai je remballé en la repoussant le plus fort et le plus loin possible de moi.

J'ai envie de la gifler...
J'ai envie de lui en faire voir de toutes les couleurs ! De lui briser le coeur autant de fois que c'est possible ! Je veux plus jamais la voir ! Je veux plus jamais poser les yeux sur elle ! Je pleure... Je chiale fort avec mes yeux voulant se fermer et mon corps faible. Je la pointe du doigt et je m'apprête à être méchante et odieuse ! Je m'apprête à lui faire du mal et tout mon corps et toutes mes pensées me supplient de me taire. De ne pas aggraver mon cas et de rester un minimum humaine ! De garder cette parcelle d'humanité qui m'échappe à chaque crimes que je commet... Je sens pourtant le regard pesant de Dieu sur mes épaules... J'ai toujours peur... La nuit la crainte s'amplifient et le sommeil devient alors un trésor inaccessible pour moi... Pourtant avec mon doigt tendu vers elle et la peur au ventre, c'est comme si je n'étais plus maître de moi même... Les psychologues que j'ai vu récemment m'ont dit d'évacuer. De ne plus contenir ma détresse et de cesser de transformer mon désarroi en violence... Alors expliquez leur que la violence c'est ma deuxième nature.

"Mais pour qui tu te prends ?! Tu crois que j'ai envie de rester avec un boulet comme toi ?! Que parce que mademoiselle est jolie j'ai pas le droit de la lâcher ?! Réveille toi le bébé ! Si tous le monde te lâche c'est que tu vaux pas la peine de perdre du temps !"

Je m'arrête en sentant son coeur se briser... En fait en l'entendant se fissurer plus précisément...

"Mais..." renifle-t-elle en tentant de ne pas pleurer. "Mais qu'est ce que j'ai fais ? Pour... Pourquoi tu veux plus être ma meilleure amie ?" Finit elle par pleurer à chaude larme...

Je... Je sais plus quoi faire... J'ai tellement mal. Je ne veux tellement pas être comme ça avec elle... Je me comprend pas alors qu'il y a une seconde je voulais justement qu'elle souffre... Alors pourquoi la voir ainsi me dégoûte 1 milliard de fois plus de moi même...

J'aimerais tellement remonter le temps... ou alors juste faire en sorte que plus aucune horreur ne me dépasse. Que tous ce que j'ai fais de mal s'efface... S'il vous plaît, dites moi que c'est un rêve, j'ai tellement envie de m'en réveiller !

J'ignore Samira au final... Je fais comme si elle n'existait plus. Cette fille qui est victime de ma mauvaise âme. Quand... Quand j'étais triste avant, il m'arrivait de me frapper moi même et de me maudire... Je pensais avoir "un coeur noir". C'est quoi un coeur noir ? Je sais pas. Je sais plus... J'ai plus envie de réfléchir. J'ai plus envie de rien faire... Ça me fatigue. Ça me use. Alors j'ai envie de rester usée, jusqu'à ce que je pète officiellement les plombs...