Le flic: "Tu présentes tes excuses à la juge et on te laisse partir." Me pose le policier comme ultimatum pour me faire sortir du commissariat.
Je sers mon poing de frustration. Des tas de phrases pour répondre tournent dans ma tête. J'ai l'impression que je vais exploser. Je boue, je suis en l'ébullition totale et y a rien pour me défouler. J'ai pas envie de pleurer ! Encore moins devant ce type ! Bah oui, parce qu'ils ont demandé à ce que se soit ce flic qui nous parle ! Lequel ? Celui qui nous a vu alors qu'on était que des gamins. Le même qui m'a assuré que tout irait bien après l'assassinat de ma mère. Il était plus intelligent que les autres. C'était lui ce fameux type plus intelligent que les autres. C'était lui qui avait fais rouvrir l'enquête. C'est grâce à lui que le réel coupable pourri en prison aujourd'hui. C'est grâce à lui que mon père a frôlé l'acquittement. Je peux vous assurer que ce type était loin d'être débile. J'avais 6 ans la première fois que je l'ai vu et que je lui affirmais que mon père était innocent. Qu'il n'avait rien fais. Et ce jour là il s'est mis à mon niveau. La petite fille que j'étais été perdu. Je ne comprenais plus ce qui se passais et j'avais peur de ce qui aller arriver. Et lui m'a pris par les épaules, m'a regardé droit dans les yeux et m'a dit:
"Je sais."
Il y croyait. C'était ça la différence entre ce flic là et les autres. Lui m'avait cru. Lui, avait l'air de comprendre rien qu'en lisant dans mes yeux. J'ai enchainé des tas et des tas de psychologues. Toutes plus folles les unes que les autres ! Pour la simple et bonne raison qu'elle ne voyait en moi qu'une délinquante. Elle ne voyait qu'une enfant issu de l'immigration qui faisait ce qu'une pauvre fille issu de l'immigration devait faire. C'est à dire répondre aux profs, avoir de mauvaises notes et me battre avec le premier qui me prenait la tête. Elles ont dit que j'étais une enfant à problème. Que je ferais sans doute plus de vandalisme plus tard. Que ce n'était qu'une question de temps. Que j'allais finir entre des barreaux moi aussi. Que j'allais goûter à l'uniforme de prisonniers. C'était trop bête. Ces femmes étaient justes racistes. Juste aveuglés par mes cheveux et mes yeux noirs. J'avais beau être blanche et parler français ce n'était pas assez. Imaginez une minute que j'ai été noire ! Ça aurait été pire ! Mais non ce n'est pas ça le pire ! Le pire c'est de les avoir cru ! D'être rentrer dans leur jeu. D'avoir accepter tout ce qu'elle disait et faire mes âneries en me disant: "de toute façon c'était prévisible. Et je vois pas en quoi ces nanas ne seraient pas contentes ! Moi je kifferais pouvoir prédire l'avenir comme la météo ! "
Mais où étaient mes frères pour me dire que même la météo se trompait ? Où étais Marwane pour me dire que les voyantes n'existent pas ?!
Maintenant ils sont là. Et je ne comprend toujours pas pourquoi je suis fatigué tout en pensant ceci. Tout en me disant que le réel problème n'est pas moi. Que je n'ai rien à me reprocher. Que jamais je n'aurais pu sauver ma mère pour la simple et bonne raison qu'à 6 ans on ne peut pas être une super héroïne ! Qu'on ne peut pas appeler les flics et prendre un bâton pour assomer le type ! Pourquoi ?!
Ce matin là, avant notre séjour au commissariat, Ali et moi déjeunions dans la salle salle à manger à même le sol.
Ali: "Mange Homayra." Me somma mon frère alors que j'étais obnubilé par la télé.
"Je mange si tu manges Ali..."
Il m'a regardé en haussant légèrement les sourcils et commença à se faire une tartine. Ali n'est pas drôle. En fait il ne rit jamais. Il ne fait pas de blagues. Il prend tout au premier degré et il ne sait pas draguer les filles... Ibtissem, la soeur de Samira, peut toujours attendre le jour du jugement pour que Ali aille la draguer. Il ne sait pas faire ça. Peut être qu'il n'a tout simplement pas confiance en lui ou alors qu'il n'a pas le moral pour courir après les filles.
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Homayra et Ayoub: Chaque pêcheur a un avenir et chaque pieux a un passé
Espiritual"C'était quoi ta force ? Qu'Est-ce-qui t'as guidé vers Allah ? Qui a fait que tu voulais revenir vers lui ? Lui dire pardon ? Lui dire Merci ? C'était quoi ? " "La solitude..." "C'était de la faiblesse alors !" "Non !" S'exclama-t-elle. Le visage tr...