Tina
Je retrouve Kim après le départ des mecs pour une énième réunion. Je me demande bien ce qu’ils ont pu apprendre. Il y a du nouveau, c’est sûr. Cette dernière tire toujours sa tronche habituelle des derniers jours.
Je me laisse tomber sur la chaise à ses côtés tandis qu’elle mâchouille une frite après l’avoir trempé dans un bon paquet de mayo. Brawler, mon prospect favori, m’adresse un clin d’œil en s’éloignant de nous sans que je le lui fasse comprendre.
— Va bien falloir que tu me causes un peu, tu ne crois pas, lancé-je en lui piquant une frite avant de décider d’en commander une barquette.
Je fais appel au jeune qui prend commande auprès de la clientèle qui vient s’asseoir ici. Lorsque celui-ci se dirige vers le stand qui les prépare, je repose mon regard sur ma meilleure amie qui m’observe de sous ses longs cils avec un air futé, ce qui change.
— Tu penses y couper, me sert-elle uniquement.
— De quoi tu parles ? l’interrogé-je, confuse.
— Je veux tous les détails, sale garce qui baise comme une chienne en chaleur ! s’écrie-t-elle en faisant tourner bon nombre de têtes vers nous.
— Pétasse ! grogné-je entre mes dents serrées. T’as zappé à quel moment l’instant où je t’ai dit de rester discrète sur ma situation.
Elle lève les yeux au ciel pour seule réponse.
— Accouche, ma poule ! insiste-t-elle en ne perdant pas le fil.
Je soupire et m’avoue vaincue.
— Il assure, Kim, dis-je agacée.
— Humf.
Elle pioche une autre frite qu’elle engloutit en silence.
— Quoi « humf » ?
— Tu restes évasive, dit-elle.
— Et alors ?
— Et alors, c’est que t’es AMOUREUSE, ma salope ! s’esclaffe-t-elle loin d’être discrète encore.
Je laisse tomber mon front contre la table avec l’envie de la trucider.
— T’es vraiment qu’une emmerdeuse, râlé-je, excédée, contre le bois à l’odeur de bière.
Je décolle ma tête de la surface poisseuse en me passant une main dans les cheveux. Loner les adore lâchés, alors j’évite la plupart des fois de les tresser dans une queue haute.
— Je me tape les ronflements sans fin de notre mécano uniquement pour vous laisser baiser, chérie. Je mérite des détails. Croustillants, au cas où tu ne l’aurais pas capté. Tu t’es toujours montrée pointilleuse dans les détails, notamment dans les explications des coups de hanches de Roberto.
— Eduardo.
— On s’en fout ! Accouche ! Alors comment est calibré notre sublime taiseux ? C’est vrai, il fait partie des rares auxquels je n’ai pas vu l’ombre de leur queue lors de soirées super chaudes au club.
— Tout d’abord, laisse-moi te dire que tu es une hystérique de la bite, Kim.
— Dit celle capable de me décrire la bite de chaque membre de son chapitre, réplique-t-elle dans une moue satisfaite pour m’avoir cloué le bec. Et puis, c’est bon pour la santé ce genre d’hystérie.
Tandis que je m’apprête à répliquer, elle me devance.
— Oui, je sais : je suis une salope !
Je referme la bouche, puis prend une profonde inspiration avant de lui donner ce qu’elle veut. TOUT ce qu’elle veut. Cette fille finira par avoir ma peau.
Après une longue discussion à cœur ouvert où Kim me fait part de son avis quand je lui expose quelques petits doutes, je dévie la conversation vers elle.
— Et toi ?
— Quoi moi ? feint-elle.
— Kim, lancé-je dans un avertissement.
— Je ne sais pas, dit-elle finalement en secouant la tête. J’imagine que je me sens seulement comme une merde.
Je plante un regard surpris sur elle.
— Quoi ? C’est vrai, je me suis faite rétamée en beauté aux yeux de tous. Je t’assure qu’il n’y a rien de plus abaissant.
— N’importe quoi, soupiré-je. Personne ne te juge, tu sais. Tu crois que tu vas l’être parce que tu as perdu ? C’est vraiment des conneries.
— Dit celle qui remporte tout ce à quoi elle participe, me renvoie-t-elle rudement en me cillant.
— Tu déconnes ! l’accusé-je.
Elle ne répond pas et va même jusqu’à détourner le regard sous l’insistance du mien.
— Kim… soufflé-je.
— Je te jalouse, parfois, me livre-t-elle en me stupéfiant davantage.
Alors là, je suis littéralement sur le cul.
— Ne dis pas ça, tu ne peux pas. Pas entre nous…
— T’es parfaite en tous points ! Tu fais la fierté de ton père…
— Stop ! m’écrié-je.
Je ne peux pas en entendre plus. Elle le sait. Elle laisse planter son regard dans le mien un certain temps avant de comprendre qu’elle part trop loin et doit se reprendre d’urgence parce que je ne la laisserai jamais dériver dans ce sens-là.
Dans un soupir où ses épaules s’abaissent, elle déclare finalement :
— Merde, t’as raison, je déraille totalement là.
— Je suis heureuse que tu le reconnaisses.
Elle secoue la tête, légèrement gênée, et je décide de lui venir en aide pour fermer définitivement cette parenthèse.
— Et Speedy ?
Elle reporte son attention sur moi en écarquillant les yeux d’incompréhension.
— Quoi Speedy ? me retourne-t-elle.
— Ne me dis pas qu’il n’y a pas eu d’attouchements ou plus dans sa tente depuis toutes ces nuits passées ensemble, émets-je d’un air mutin en jouant des sourcils.
Elle penche la tête en arrière avant d’exploser de rire.
— Pff, n’importe quoi, Tina ! Vraiment, dit-elle en secouant la tête les yeux larmoyants d’avoir trop ri.
— Bah alors, c’est que t’as vraiment pas les yeux en face des trous, fais-je en retournant à ma barquette de frites.
Je sens son regard peser sur moi quelques minutes avant qu’elle me lance :
— Parce que t’es sérieuse ?
J’hausse les épaules et lui déclare :
— Évidemment que je le suis. Il est sexy à souhait. Oui j’aime les bruns, mais je sais reconnaître un beau gosse même quand il est blond. Et bordel, Dieu sait qu’il est un joli démon dans cette catégorie.
— Oui, c’est vrai, acquiesce-t-elle avant d’énumérer ce qu’il lui déplaît. Mais c’est surtout le plus gros baiseur du club, le plus inconscient, le plus joueur et c’est peut-être ça qui est le plus préoccupant, me dit-elle.
— Eh bien, lâché-je, c’est clair que tu n’as pas réfléchi du tout au mécano number one des runs.
Elle me pointe d’une frite prête à me servir un avertissement.
— Je m’embarquerai pas dans ce jeu-là avec toi, me prévient-elle.
— Pas de soucis, fais-je dans un autre haussement d’épaules. Toutefois, je me demande bien où est passée ma meilleure pote chaude de la bite et qui en a rien à foutre du regard d’autrui. Non parce que là, t’agis juste en coincée du uc’, chérie.
— Ah ouais ? Moi en coincée du cul ? relève-t-elle en regardant soudainement au-dessus de ma tête. Tu vas voir si je suis coincée. Suis-moi, bordel !
Et voilà comment je me retrouve une fois de plus à participer à une connerie dans laquelle elle m’a inscrite sans mon consentement.
Quand je me retourne vers elle pour l’assassiner de mon regard le plus froid, cette dernière me sourit tel un ange en retour l’air très contente d’elle.
— Loner ne va pas apprécier, lui confié-je.
— Eh bien, il pourra toujours te punir cette nuit, me retourne-t-elle dans un autre large sourire. T’aime ça, être punie, hein ma cochonne !
Je me retrouve donc parmi un tas d’autres filles, des brebis pour la plupart, mais fort heureusement d’autres régulières participent ainsi que ma meilleure pote qui veut me faire trucider, sur la scène centrale des festivités où les gars viennent de participer à la version masculine en affichant de jolies pièces de tatouages.
— Je vais te tuer, lancé-je à Kim quand nous nous retrouvons à nous dénuder pour exposer nos tatoos sous les sifflements d’une meute de loups affamée prenant toute la place devant la scène.
Brawler, au bas de l’estrade, secoue la tête négativement, tandis que Speedy apparaît en laissant ses yeux rivés sur ma pote. C’est à ce moment que j’aperçois un grand brun fendre méchamment la foule. Loner.
Il dégage à grands coups d’épaules les mecs sur son passage au risque de faire naître une rixe afin de rejoindre la scène qu’il escalade aisément sous mon regard stupéfait.
— Eh bien, vous n’allez pas garder votre début de relation secrète plus longtemps, dirait-on, me souffle Kim l’air ravi.
Elle a raison. Loner se redresse sur la scène et marche droit jusqu’à moi avec l’air plus ténébreux que jamais avant de s’abaisser pour me hisser sur son épaule et de m’éloigner de là sans que je puisse réagir sous l’étonnement qui me saisit et le sifflement des gars.
Au bas des marches, il lance brutalement à Brawler :
— Monte et vas récupérer ses putains de fringues !
— Loner, tenté-je.
— Pas maintenant, assène-t-il d’un ton bas et dangereux.
Je pince la bouche en restant perchée sur son épaule jusqu’à ce que Brawler ramène mon débardeur suivi de mon cuir qu’il interprète comme « des putains de fringues ». Seigneur, on n’a vu que mon soutif !
— Tu vas sérieusement me faire une scène parce qu’on m’a vue en soutien-gorge et jean là-haut ?!
Il me fait redescendre rapidement de mon perchoir en prenant soin de me garder plaquée contre lui.
Il penche la tête vers moi en gardant cet air colérique le rendant infiniment sexy et me souffle :
— Parce que tu souhaites que je grimpe là-bas me dénuder à la vue d’un groupe de femmes en chaleur ?
— Putain non ! explosé-je.
— Voilà, tu l’as ta réponse.
Il se mord les lèvres en se retenant clairement de ne pas me faire une scène et je me demande bien pourquoi, car dans son cas, je serai très certainement en train de m’égosiller sur place en me foutant de qui entende ou non.
— Crois-moi, je me contiens uniquement parce que Brawler m’a indiqué qu’il s’agissait de l’idée de Kim à t’avoir traînée jusqu’ici malgré toi.
— J’aurais très bien pu refuser, tu sais. Ne blâmons pas Kim à tout bout de champ.
— Nous savons tous les deux qu’il t’est impossible de fausser compagnie à ta meilleure pote. Surtout quand tu passes chaque jour à t’en faire pour elle parce qu’elle n’arrive juste pas à admettre qu’il peut lui arriver de perdre dans la vie et non de gagner tout ce qu’elle veut !
— Je reconnais que c’est vrai, mais ne pousse pas le bouchon. Crois-moi, elle sait parfaitement ce qu’est que perdre, prends-je automatiquement la défense de ma pote.
Il soupire, l’air embêté, et porte ses mains sur mon visage qu’il encadre avec tendresse.
— Oui, elle a malheureusement perdu sa mère, mais ce n’est pas une excuse dont elle doit se servir depuis cette perte pour croire avoir le droit de tout remporter quand bon lui semble.
Alors que je m’apprête à répliquer, il ajoute :
— Ne crois surtout pas que je souhaite m’immiscer entre ta meilleure pote et toi. Le peu que tu connaisses de moi t’assure que je ne ferai jamais une chose pareille. Mais réfléchis un peu à ce que je dis et ose essayer de me faire croire au contraire.
Je reste silencieuse le temps d’admettre qu’il dit vrai. Kim est capricieuse à souhait, ce n’est un secret pour personne. Et oui, je la laisse toujours faire, même quand elle nous entraîne dans de jolis coups fourrés, surtout lorsque je la sens perturbée. Ça a toujours été le cas. Mais n’est-ce pas ce que sont censées faire les meilleures amies dans ces cas-là ? Soutenir coûte que coûte ?
Peut-être pas quand on ne se trouve plus plongé dans l’adolescence, période critique de l’inconscience, tandis que notre situation change en devenant tangible et non une simple éventualité.
Dans un petit hochement de tête, je confirme ses dires.
— T’as raison, soufflé-je. Nous avons pu reparler enfin comme avant et c’était super, mais aujourd’hui tu fais partie de l’équation et je me dois de ne pas négliger quelque chose d’aussi important.
Il opine du chef, un léger sourire en coin, content que je n’entre pas en conflit avec lui en reconnaissant qu’il n’a aucunement tort.
— Mon but n’est pas de tenter de te brider, Tina. Ne crois surtout pas ça. Je suis heureux de te voir faire la folle en t’amusant, mais juste : ce n’est pas l’endroit idéal pour ça ici. Avec tous ces clubs, les rivaux…
— M’en dis pas plus, Loner, je sais tout ça. J’aurais dû freiner Kim.
— Ne vous exposez pas de la sorte alors que ça grouille de 3K et autres clubs leur étant loyaux dans le coin.
— Je sais, assentis-je.
Son air se fait canaille quand il ajoute :
— Par contre, si l’envie te dit de recommencer lors de soirées au club ou seulement pour moi, je suis ouvert à tout, ma belle.
Il mordille mon lobe d’oreille avant de descendre le long de ma mâchoire tandis que je laisse ma tête retomber en arrière en m’agrippant fermement à son cuir, quand un raclement de gorge nous interrompt.
En nous retournant, nous tombons sur l’ensemble de plusieurs frères. Certains hochent la tête quand d’autres sourient comme des crétins.
— Alors, c’est officiel tous les deux, lance Scar.
— Ouais, répond seulement Loner, tandis qu’il leur tourne le dos et me tire dans son sillage en nous éloignant de tous.
— Quel bourrin ! s’esclaffe Warrior derrière-nous.
Mon père et Ranger avait l’air de savoir vu qu’ils n’ont rien dit en se contentant de commander un prospect de leur livrer de quoi becqueter.
Plus tard, alors que Loner m’a démontré combien il peut être possessif de mon être et également excité d’avoir vu mon haut du corps exposé sur cette scène, nous nous rendons assister à un énième run auquel participe Speedy.
D’ailleurs, ce dernier fanfaronne déjà comme un coq de basse-cour devant la populace. Quel clown ! Il en fait baver plus d’une avec son sourire de tombeur ultra white, ses jolis yeux bleu pétillants et une bouche à se damner. Si l’on devait le comparer à une star, il est ce qu’il se rapproche le plus du chanteur danois Christopher Lund Nissen lorsqu’il porte une barbe d’un bon mois. Ce qui donne un biker plutôt craquant qui gagne n’importe laquelle minette avec sa belle gueule.
Loner et moi trouvons une place où assister à la course quand il doit m’abandonner un court instant pour aider Warrior dans la prise de paris vu l’émeute que le run suscite. Quelle ambiance ! Bon sang, le public est particulièrement survolté ce soir. Sûrement parce qu’il s’agit du dernier, car le rassemblement touche à sa fin.
J’attends qu’un prospect vienne jusqu’à moi, vu que Loner a chargé l’un d’eux de cette tâche par téléphone pendant qu’il partait déjà prêter main forte, quand mon regard est attiré par une autre tête brune mêlée dans la foule.
Mon souffle se coupe.
Loner m’a fermement indiquée de ne pas bouger, mais au diable le prospect qui doit venir se charger de moi. Il pourra bien patienter un peu ou courir. Évidemment, il va flipper un max’ de ne pas me trouver sur place. Soit !
Je perds pas une plombe à réfléchir, je foule déjà le bitume avec précipitation en me lançant à la poursuite du grand brun semblant s’éloigner de l’effervescence précipitamment tel un spectre.
Paniquée de le perdre de vue, j’accélère le rythme en poussant même quelques personnes sur mon chemin qui râlent après moi de ma conduite peu courtoise. Je contourne les dernières voitures garées sur le côté en ignorant quelques grossièretés pour mon impolitesse, quand un immense rocher où un mince sentier s’enfonce dans la noirceur des fourrés me fait face.
Je pile sur place en examinant les lieux vide de toute présence quand un craquement derrière-moi me fait sursauter.
Je pivote illico, alors que mon cœur élancé au pas de course rate un battement quand je tombe sur Ghost.
— Merde, je savais bien que c’était toi, soufflé-je de soulagement avant d’abattre mes mains sur sa poitrine dans un coup sec.
Une fois l’inquiétude tarie, je passe en mode furie alors qu’il ne bronche pas.
— Ça fait des jours que t’es parti comme un sacré con en me collant la peur du siècle, le fantôme ! le sermonné-je en même temps que je suis rassurée de le savoir sain et sauf au vu de sa conduite enragée quand il avait quitté le camping.
Il ne me répond pas, portant seulement un regard courroucé sur ma personne.
— T’étais passé où ? l’interrogé-je en fronçant les sourcils.
Aucune réaction. Ne s’est-il pas calmé depuis le temps ?
— Hey, fais-je doucement en m’approchant de lui.
Je me suis attendue à beaucoup de choses dans ma vie. Beaucoup. Mais sûrement pas à voir mon pote se transformer en monstre en me cognant dessus. À cela, je ne m’y attendais pas.
Résultat : zéro défense et le trou noir. Il m’a mis K.O. sans me laisser la moindre chance.
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Shadow Riders #Bewitching biker's girl & #In Turmoil
RomanceTina, fille du président national des Shadow riders aux U.S.A, fonce jusqu'au chapitre du Montana avertir le père de sa meilleure amie qu'un danger rode concernant le MC qu'il préside. Sur place, elle va finalement opter pour passer sa coutumière pa...