Tina
— Kim ?! KIIIIIIIIIM ! hurlé-je en sortant du clubhouse après avoir fouillé chaque pièce qu’il contient sans résultat.
Sniker, le full patch qui s’est chargé d’escorter ma meilleure copine, m’a juré être revenu avec elle. Pourtant, je ne la trouve nulle part.
— Je suis là ma pétasse, déclare-t-elle enfin.
Dans un hoquet de surprise, je tourne sur moi-même au milieu du parking en ne parvenant toujours pas à la déceler.
— En haut, patate, dit-elle d’un ton excédé.
Je jette un œil au toit et la vois enfin en train de recracher un nuage de fumée. Je soupire profondément en portant les mains à mes hanches.
— Tu viens de me faire vivre un enfer, salle gosse !
Elle rit jaune en levant les yeux au ciel.
Je pointe un doigt dans sa direction et lui lance dans un avertissement :
— J’arrive. T’as pas intérêt à bouger ton cul de là !
Elle roule à nouveau les yeux pour seule réponse avant de retomber à la renverse en position allongée.
Je retourne à l’intérieur.
— C’est bon, cette garce est sur le toit. Je la rejoins, déclaré-je à l’attention de Sniker qui commençait à se faire un sang d’encre.
Le vieux ricane de son fauteuil en zappant les chaînes à la télévision. Mary, la fille qui se charge de servir et nettoyer, lui dépose une bière. Cette nana est une perle. Scar a un sérieux penchant pour elle, je le sais. Les yeux ne mentent pas. Il devrait se magner le cul et en faire son officielle. À force d’attendre des plombes, il va finir par se la faire piquer.
— Alors, pas si joyeux que ça de se retrouver de notre côté de la barrière en nourrissant une peur bleue pour les êtres auxquels on tient, me lance Keith.
— Pas exaltant du tout, avoué-je en fonçant dans le couloir.
Je monte les escaliers à vive allure et pénètre dans l’antre de Ranger avant de foncer jusqu’aux toilettes. Seule partie qui offre un accès au toit si on n’a pas la clé des barreaux de la porte-fenêtre dans l’aile où se trouvent les chambres.
Je me faufile à travers la petite fenêtre et apparais sur le toit terrasse.
Kim est, comme je l’imaginais, allongée sur la surface bétonnée. Elle semble avoir pleuré au vue de ses yeux bouffis. Je pince la bouche en venant m’installer à ses côtés. Dans un silence, elle me tend le joint qu’elle est en train de se griller.
Je le récupère en tirant seulement une taffe. Pas envie d’être défoncée. Et elle a besoin de moi. Je veux être là pour elle et pouvoir m’en charger correctement si elle décide de passer ensuite à l’alcool.
Je lui rends le cône après avoir recraché la fumée, puis prends une inspiration avant de me lancer.
— Je suis désolée.
Elle hausse les épaules sans rien dire.
— Comment tu te sens ? Enfin, je sais que c’est un méga coup dur, mais parle-moi.
Elle secoue la tête l’air désemparé, puis ouvre la bouche et semble chercher ses mots.
— Honnêtement, je savais que ça allait arriver, dit-elle enfin. Il m’a d’abord parlé de cette femme et je me suis aussitôt dit que s’il envisageait de m’en toucher un mot, de me mettre au courant, c’est qu’il avait déjà choisi que leur truc devienne du sérieux… Mais, voilà, je ne peux pas m’empêcher de lui reprocher qu’il a oublié maman. Qu’il est en train de l’effacer définitivement. Et par une danseuse exotique !
— Franchement Kim, son métier a tellement d’importance pour toi ?
— Ne crois pas que je sois super conne au point de dénigrer une fille via ce qu’elle exerce. Mais je ne peux pas penser à autre chose qu’il est sûrement aveuglé par les choses qu’ils fabriquent ensemble. Sexuellement parlant.
— Tu crois qu’elle le mène par le bout de la queue ? Sérieux ?!
— J’aime autant penser cela, appuie-t-elle en posant son avant-bras sur ses yeux afin de me les dissimuler.
— C’est tordu, Kim. Je suis certaine que tu dois t’en rendre compte.
Elle soupire, puis passe en position assise en s’énervant.
— Après ton retour, je me suis longuement remise en question grâce à ce que tu m’as dit. Les heures défilaient et j’ai trouvé enfin le courage d’aller la voir pour la rencontrer et faire sa connaissance. Officiellement.
Elle lève les yeux au ciel et poursuit.
— OK, j’étais pas folle de joie. Mais je l’ai fait ce satané pas. J’ai fourni l’effort d’agir comme il faut. Pour mon père. Mais quand elle m’a appris qu’il lui avait demandé de devenir sa régulière et qu’elle m’a avoué avoir répondu « oui » en étant particulièrement fière de bientôt recevoir son cuir qui est en cours de livraison, soit dit en passant… Bon sang, Tina… Je… J’ai vu rouge ! explose-t-elle. Mon sang n’a fait qu’un tour. Je pensais que ce n’était pas sérieux, que c’était du délire ce qu’il m’avait dit.
Elle tourne son visage vers moi et plante ses yeux affolés dans les miens tandis que nous entendons des moteurs de motos se rapprocher jusqu’à se garer en dessous de nous dans le parking.
— C’est comme s’il fallait à tout prix que je défende ma mère. Sa place, continue-t-elle. Celle qu’elle est déjà sur le point de se faire enlever à jamais. Je me suis dit que ce n’était pas possible, que cela ne m’arrivait pas à moi. Je veux dire je suis bien avec mon père. J’avais l’impression que nous deux, ça allait. Et j’ai dû encaisser que je ne lui étais pas suffisante. Que ça n’a jamais été le cas.
Je hoche la tête pendant qu’elle parle, l’encourageant à se livrer, l’écoutant attentivement.
Elle agite sa tête en déclarant :
— Je n’arrive pas à croire que mon père ait agi de façon indifférente. Que suis-je pour lui ? C’est vrai, s’il n’est pas capable d’avoir le besoin de me confier ce qui lui arrive d’essentiel, qu’est-ce cela fait de moi ?
Je coince une de ses mèches de cheveux derrière son oreille, puis saisis ses mains entre les miennes.
— Il t’aime Kim. N’en doute jamais. Il a seulement paniqué, je pense. Il ne savait pas comment s’y prendre pour t’en parler. Parfois, il se peut que nous nous sentions dépassés. Totalement.
Je lève une main en l’air quand je m’aperçois qu’elle tente de répliquer.
— Je sais, je sais. Sa méthode laisse à désirer. Il a agi comme un goujat et je me suis permise de le lui dire.
Ses yeux malheureux s’arrondissent.
— Tu lui as vraiment dit ça ?! s’étonne-t-elle.
— J’allais me gêner ! m’exclamé-je. Il a blessé la sœur de mon cœur, encore heureux que je lui ai passé un savon.
— J’aurais aimé voir ça, chuchote-t-elle sidérée.
— Tu devrais mieux me connaître, dis-je amusée.
— Ça te ressemble beaucoup, oui, mais je ne sais pas… Ces derniers temps, c’est un peu comme si nous n’étions plus sur la même longueur d’onde toutes les deux.
Je souris légèrement, parce qu’elle n’a pas tort d’un côté.
— Je pense que nous évoluons. Différemment, c’est vrai, mais cela ne nous empêche pas de continuer à nous adorer comme des folles. Tout comme nous soutenir l’une l’autre bien que nos chemins divergent. Si tu regardes bien nous avons toujours été différentes en nous complétant parfaitement.
— Pas faux, reconnaît-elle. Mais il me semblait que tu t’éloignais.
— Non, Kim. Impossible de laisser ma best bitch forever derrière moi.
Elle rit en intégrant bien mes paroles.
— Bon, j’ai dit ce que je pensais à ton père, à cette Bonnie…
— Tu lui as parlé ! s’exclame-t-elle stupéfaite.
— Ne m’en veux pas, mais oui. Il le fallait bien. Même si ce n’était pas ma priorité sur le moment et qu’elle m’a interpellée pour venir discuter avec moi.
Elle dégage ses mains des miennes en retrouvant sa position initiale, allongée.
— Je sais que cela ne te plaît pas.
Elle hausse une épaule et déclare :
— Tu sais bien que je suis jalouse d’un rien concernant ma meilleure pote. Regarde un peu ma relation avec ta cousine Sandy. En vrai, nous sommes semblables elle et moi, cela explique pourquoi nous ne parvenons pas à nous blairer vu que nous sommes toujours en train de te disputer pour t’avoir que pour l’une ou pour l’autre. C’est ridicule, mais c’est comme ça. Agir autrement ne serait pas moi.
— Au moins, tu le reconnais, ris-je.
Elle joue des sourcils en m’offrant une moue adorable.
— Je te jure que vous êtes tarées Sandy et toi, lancé-je dans un soupir. Mais qu’est-ce que je ferai sans vous, bon sang !
— Oh, tu serais littéralement perdue, marmonne-t-elle en hochant la tête d’un air entendu.
Je me marre en lui administrant une tape amicale dans le bras.
Elle reprend son sérieux et me relance à propos de Bonnie.
— Donc tu as fait la connaissance de ma future belle-mère la pouf.
Mon rire décuple.
— Kim, la sermonné-je en me bidonnant en même temps.
— J’te préviens, c’est son surnom officiel.
Je lâche un énième soupir.
— D’accord, accepté-je.
Puis, je secoue la tête en ricanant, encore hallucinée par mon amie.
— Franchement, il n’y a que toi pour tenter de fracasser le crâne de sa future belle-mère au moment de faire sa connaissance. Complètement barrée !
Elle grogne en croisant les bras sur la poitrine, l’air d’avoir encore envie d’en découdre.
J’ajoute dans un conseil :
— Mais tu vas faire l’effort de prendre sur toi et de consentir à cette nouvelle situation de ton père avec cette femme. Jouer à la conne avec elle n’est pas une bonne idée. Fais-en plutôt une relation forte, de confiance.
— Tu veux que je fasse copine-copine avec elle ?
— Sérieusement, Kim, nous avons passé l’âge, tu ne crois pas ?
— J’arrive pas à y croire… se lamente-t-elle en portant ses mains au front et se massant les tempes.
— Tu sais comment sont nos pères. Ils sont maladroits à l’extrême avec nous, mais cela n’empêche pas qu’ils nous aiment plus que tout.
— Il ne m’a pas défendue, appuie-t-elle.
— Tu ne lui as pas laissé le choix, la contré-je.
— Pff, j’aurais aimé t’y voir…
Je lui lance un regard équivoque.
— OK, tu es la plus réfléchie de nous deux, mais cela n’empêche pas que c’est un coup dur.
— Pas si tu te contentes de n’en voir que du négatif. Encore moins que ton père a oublié ta mère.
Elle grogne avant de souffler de mécontentement et de capituler.
— D’accord, je vais y mettre du mien, mais mon père a plutôt intérêt de ne plus jamais, et je répète : PLUS JAMAIS, me faire un coup pareil.
— Rappelle-toi que nous avons tous droit à l’erreur ou à la maladresse. Du moment que nous éprouvons un profond remords c’est que le cœur y est toujours.
— Exactement, intervient une voix dans notre dos.
Nous nous retournons pour découvrir Ranger.
Je refais face à Kim.
— Parler et non gueuler, lui articulé-je subtilement en récupérant le mégot du joint discrètement.
Quand je me relève et me tourne vers Ranger, le rictus de ce dernier me prouve qu’il n’est pas dupe. Ça empeste la marijuana à la ronde. Bah au moins, la voilà calme.
La Sainte Vierge existe réellement alors ?!
Je déconne !
Mais faire face à une Kim se contenant enfin, relève de l’exploit. Ou alors c’est qu’elle a plus mûri que ce qu’elle pense et je penche plutôt sur ça.
J’ai chaud. Beaucoup trop chaud.
Pourquoi ces reflets de flammes ? Et cette grange ? L’atmosphère est électrique sans que j’en saisisse réellement la raison. Tout à coup, des mains se posent sur mes flancs. Alors que je tente de virevolter, elles m’en empêchent dans une poigne ferme. Les mains sont grandes et fortes. Je sens leur puissance dans tout mon corps. C’est impactant.
Soudain, je suis capable de sentir cette odeur particulière de musc et boisée. Elle est sauvage. Comme son propriétaire. J’écarquille les yeux en comprenant qu’il s’agit de Loner. Qu’est-ce qu’il fout là, d’ailleurs ? Et moi ? Je ne sais même pas où nous sommes. Cela ressemble à sa propriété, mais je n’en ai pas vu l’intérieur. Curieux. Toutefois, l’atmosphère est la même ; il fait nuit à l’extérieur et un feu nous illumine de ses ondulations flamboyantes et hypnotiques.
De la paille en quantité recouvre le sol et Loner me retourne en me coupant le souffle dès que mes yeux se posent sur lui. Abasourdie de me retrouver dans le creux de ses bras et de faire face à l’expression charnelle dont est paré son visage, son regard fiévreux et rempli de promesses, je le laisse me coucher sur le foin.
Il prend les commandes tandis que je suis incapable de bouger. Pourtant, je ne demande que ça : le toucher. Je veux palper le matos, moi ! C’est quoi ce bordel ? Pourquoi mes bras et tout mon corps refusent de me répondre. J’ai l’impression affreuse d’être paralysée. Cependant, je suis livrée à de bons soins si j’en crois les mains rugueuses de cet homme, beau comme pas permis, en train de remonter jusqu’à ma poitrine en une lente caresse qui me fait frissonner.
Il défait le nœud de ma chemise entre mes seins.
Quoi ?!
Je ne porte jamais de chemise, moi ! Et encore moins nouée sur le devant de la poitrine…
Pourtant, je ne délire pas. Il est en train de le défaire donc c’est que j’ai dû en vêtir une à un moment donné. J’oublie illico presto ce souci vestimentaire quand je vois sa tête brune s’abaisser sur mes seins nus.
OMG !
Mes yeux roulent littéralement dans leur orbite. Putain, ce que ce mec est doué avec sa bouche et cette langue qui me fait voir des étoiles. Son baiser était déjà une tuerie, capable de me faire flotter tant il sait si prendre à la perfection ce con, mais là, il possède un talent inouï dans sa façon de sucer les seins. Jamais senti ça !
C’est hallucinant !
J’ai la sensation de sentir mes tétons durcis frétiller.
Incroyable !
Alors que je gémis sans pouvoir m’en empêcher, il relève un regard affamé et satisfait sur mon visage. La couleur orage de ses yeux est devenue un argent liquide dans lequel il est aisé de se laisser choir pour s’y noyer avec félicité.
Un sourire en coin, il rampe de façon féline, totalement prédatrice, sur mon corps en agrippant cette fois ma jupe en jean. Je suis en jupe ?! Mais c’est vraiment n’importe quoi ! Évidemment, je porte des robes sexy quand je sors, mais je ne viens pas d’une soirée là. Si ?
Je perds le fil quand le bouton saute vite suivi de la fermeture qui descend un peu avant que la jupe suive le mouvement. Et j’ai pas de sous-vêtements. Bien sûr ! Là, c’est le pompon. Mais je ne m’offusque de plus rien à ce stade. Ce qui compte, c’est le regard avide, ô combien intense, que me lance Loner à travers sa rangée de cils noirs.
Je fixe le bout aguicheur de sa langue passer sur ses lèvres en les humidifiant avant qu’il ne plonge sur mon mont de vénus.
— Oh mon DIEUUUUU ! m’écrié-je sans retenue.
Toujours inapte à faire le moindre mouvement, je suis dans l’incapacité de m’agripper à quoi que ce soit susceptible de m’aider à supporter cette torture exquise. Je ne peux pas endiguer les vagues qui s’abattent sur moi. Impuissante, je ne suis capable que de cris. Et bon sang, ce qu’il peut m’en soutirer !
— Puuutaiiiiiiiiiiiin, gémis-je bruyamment, mais je m’en carre le fion.
D’ailleurs, va-t-il s’en occuper aussi ?
— Tina ?
— Chut, fais-je à cette voix féminine s’interposant dans cette délicieuse étreinte.
— Tina !
— Kim ? m’étonné-je. Mais qu’est-ce que tu fous là ? Casse-toi, bordel !
— TINA ! m’hurle-t-elle tandis que l’on me secoue.
J’ouvre les yeux en me découvrant les poings fermement agrippés au drap housse de chaque côté de mon corps en sueur du lit de Kim et sûrement pas chez Loner.
— Bah putain, ma pétasse, ça avait l’air d’être quelque chose, me dit-elle tandis que j’avise ses yeux totalement hallucinés grâce à la lampe de chevet qu’elle a allumée au préalable.
En réalisant que j’étais plongée en plein rêve érotique, je referme les yeux en déglutissant bruyamment tandis que je lâche les draps d’un geste vif en portant une main à mon front. Trempe.
— Merde, lâche-moi le nom du gars capable de te foutre dans cet état d’extase que j’y fonce dès que le jour se lève, me lance-t-elle en se marrant.
Transie de honte, je me concentre à récupérer une respiration stable.
— Aucune idée, putain, lâché-je en secouant la tête.
Je n’ai pas envie de lui avouer ce qu’il s’est passé entre Loner et moi en fin d’après-midi, parce qu’elle m’en ferait tout un plat en ne faisant que me bassiner avec ça. Hors de question de l’avoir constamment sur le dos à me rabâcher de devoir me le faire et la voir passer en mode fouineuse à l’observer à tout bout de champ dans le but d’interpréter tous ses faits et gestes. Je l’aime, c’est ma meilleure amie, mais ce qu’elle peut être fatigante quand elle s’en donne à cœur joie.
— Dommage, râle-t-elle déçue.
— Désolée, va falloir changer les draps. Ils sont trempes, me navré-je encore sur le cul de ce songe.
— Je m’en charge. Fonce prendre une douche plutôt.
— Ouais, cela s’impose, approuvé-je en me levant et me dirigeant dans la salle de bains.
Sous l’eau, je fixe le mur carrelé en face de moi en étant toujours aussi stupéfaite d’avoir rêvé de lui. De lui et moi comme ça. Mais surtout de lui avec ce regard. Il était tellement intense. Brûlant. D’ailleurs, je suis encore capable de sentir la chaleur avec laquelle il me couvait et celle qu’il a su diffuser sur et dans mon corps en un feu intarissable avec une faculté surprenante. C’était jouissif.
Je n’arrive pas à croire non plus combien son odeur m’est devenue familière et entêtante au point que je suis incapable de m’en défaire. La preuve, elle se rappelle à moi jusque dans mes songes.
N’ayant pas vu l’intérieur de chez lui, mon esprit s’est créé tout un décor en adéquation avec l’extérieur champêtre de sa propriété. C’est fou !
Je me reprends un minimum, difficile, mais pas impossible. Une idée fuse dans mon esprit encore envoûté. Vu que monsieur a décidé de foutre le camp et que je dois impérativement me libérer de toute cette nouvelle tension accumulée, je décide de me rendre sur sa propriété dès que le jour sera levé et après avoir pris un petit-déjeuner.
Bien que l’autre, le latino, se soit chargé de moi à l’université, un simple rêve m’a plongée dans tous mes états et il me faut à tout prix évacuer l’énergie de ce nouvel élan fougueux apparu au moment le plus inattendu.
À mon réveil, j’avale du jus d’orange, du fromage blanc mélangé à du miel, du muesli et des fruits frais avant de finir par une petite omelette. Dieu bénisse Mary pour s’être chargée des courses. J’adore cette fille. J’attrape une barre protéinée et une bouteille de Gatorade bleue, puis me tire alors qu’il est encore tôt.
Le seul prospect qui reste encore au clubhouse est Brawler. J’ai appris son nom la veille par Sniker quand je le lui ai demandé lorsque je suis revenue du club à nichons après m’être garée sur le parking du MC. Le bleu, m’ayant suivie depuis que Loner semble le lui avoir ordonné, était en train de se garer non loin de moi. Ice avait disparu dans un box privé et je n’avais pas eu cœur à le faire chier, vu mon inquiétude pour Kim.
Actuellement, Brawler se tient sur le palier de la large porte d’entrée du chapitre. Bien qu’il ait les traits fatigués, son regard est vif. Alerte. Même de bon matin, après avoir passé une courte nuit.
Je ne prends pas la grippe. Je suis habituée à cette façon de faire. Cela me fout un peu en rogne qu’il s’agisse là d’un ordre venant de l’intrus s’étant frayé un chemin droit dans mes songes sans que je puisse y faire quoi que ce soit pour le contrer.
Bien sûr, Loner me plaît. Il est incroyablement beau. Bien foutu et tout et tout. Il a la panoplie complète du mec ultra séduisant. Il m’a plu à la seconde où je l’ai vu. Depuis, il n’a eu de cesse de m’intriguer. Mais il s’est conduit comme le roi des cons à plusieurs reprises. Agir avec moi comme si je n’étais qu’une merdeuse dont il n’en a que faire en se hâtant de s’en débarrasser, devenir un queutard dans les minutes suivantes avec une fille traînant dans les soirées bikers, pour finalement agir en véritable homme de Cro-Magnon le lendemain… Non, merci ! On repassera !
— Je me rends chez Loner effectuer ma séance de sport. Donc si tu souhaites en faire avec moi, fonce prendre une paire de baskets et un survêtement, dis-je à l’attention du prospect.
— C’est ta façon de te débarrasser de moi ? me lance-t-il avec suspicion.
Je soupire et lui tends la clé de ma bécane.
— Prends-la le temps que tu te changes si ça peut te rassurer.
Il ricane en croisant les bras sur son torse.
— Comme si tu ne savais pas la démarrer sans, me lance-t-il.
Je grogne, excédée, en levant les yeux au ciel.
— Comme tu voudras ! m’exclamé-je en passant la porte avant de lui refaire face. Pour ta gouverne : je ne suis pas stupide. Les coups tordus aux prospects, je les faisais durant mon adolescence.
Il hausse un sourcil et me suit jusqu’à nos bécanes.
— Ice et Maverick ne viennent pas ? me demande-t-il.
— Ils sont K.O. Je les laisse un peu en paix.
— Donc tu allais partir seule ?
— Tu me suis comme un bon toutou depuis que Loner te l’a ordonné à un moment où je brillais par mon absence, je savais formellement que tu serais debout aux aurores pour ne pas louper ma sortie. Je suis sûre qu’il t’a prévenu que j’étais du genre sportive et matinale.
— Bien vu, réplique-t-il en démarrant sa bécane sans prendre la mouche quant à mon allusion au petit chien gentillet qui fait tout ce qu’on lui dit.
C’est ce qu’on attend des prospects. J’attarde mon regard sur sa moto. Tout comme Loner et moi, c’est une Indian.
— Jolie, déclaré-je.
— C’est Loner qui me l’a donnée. Je n’en avais pas. Tout comme les moyens de m’en payer une. Depuis, il m’aide à la customiser quand il a un peu de temps.
Je hoche la tête en refusant de me laisser attendrir par Loner et sa sollicitude. Je dois une sacrée frustration à ce con. Le pire, c’est que je suis consciente que personne à part lui ne sera en mesure de la faire disparaître. Je le déteste putain !
Je donne un coup d’accélérateur et quitte le parking des Shadow Riders sous escorte en direction de chez le taiseux de service qui a pété une durite la veille en m’ayant sauté dessus dans une ruelle du centre-ville avant de prendre la tangente.
Au moins, il m’a donné le feu vert pour venir m’exercer sur son parcours. Je ne m’y serais pas rendu s’il avait été présent, mais vous connaissez l’expression : les souris dansent quand le chat n’est pas là. Et c’est exactement ce que je vais faire ; profiter de son absence pour me lâcher et tout donner pour tenter de me sortir de la tête son odeur enivrante qui me suit partout.
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Shadow Riders #Bewitching biker's girl & #In Turmoil
RomanceTina, fille du président national des Shadow riders aux U.S.A, fonce jusqu'au chapitre du Montana avertir le père de sa meilleure amie qu'un danger rode concernant le MC qu'il préside. Sur place, elle va finalement opter pour passer sa coutumière pa...